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Mota 2023 à Paris : interview de M. Ismaël Diakité,Président de la Chambre des Mines de Guinée

Pourriez – vous nous donner un aperçu  de votre expertise et de votre expérience dans l’industrie minière en Afrique ?

Je suis Ismaël Diakité. Je suis Ingénieur des Mines à la base, actuellement Haut Représentant du Consortium SMD – Winning en  Guinée et je suis en même temps le Président de la Chambre des Mines de Guinée. Je travaille pour SMB – Winning qui est un consortium singapourien -chinois qui travaille dans le domaine de l’exploitation et de l’exportation de la bauxite depuis 2014. Nous œuvrons à exploiter de façon rationnelle et optimale les ressources minières de bauxite de la partie nord-ouest de la Guinée. Actuellement, nous sommes en plein régime de croisière et nous évoluons vers une extension qui va nous permettre d’aller au-delà  de 35 voire 45 millions de tonnes par an. En même temps, nous essayons de répondre à notre obligation sociétale en Guinée et aux obligations de conformité légale en termes d’emploi, de sous-traitance locale, de HSE, de respect des normes et standards en matière environnementale et sociale. Nous sommes une organisation qui se développe au fur et à mesure de l’évolution du marché, des opportunités d’affaires qui s’offrent à nous, au niveau fluvial et maritime ainsi qu’au développement des corridors agricoles afin de créer plus de croissance dans l’économie guinéenne.

En somme, mon expertise touche tout ce qui relève du développement des grands projets miniers et d’infrastructures associées, de la conformité et du développement durable. Ceci a été et est le produit de plus de vingt ans de carrière m’ayant amené à visiter et séjourner en Afrique du sud, au Sénégal, en Mauritanie, en Zambie et au-delà en Australie, aux USA, au Canada, en Chine et en Mongolie.

En tant qu’orateur au MOTA 2023, quels sont les principaux enseignements que vous espérez que les participants retiennent de votre session sur l’avenir de l’exploitation minière en Afrique ?

D’abord,  je constate avec beaucoup de bonheur que le MOTA se développe au fur et à mesure des évènements. Nous sommes au sixième et il faut reconnaitre que le MOTA devient un cadre de réseautage idéal en Europe, en même temps un cadre de réflexion collectif des acteurs du secteur minier, de toutes les parties prenantes afin de trouver toutes les voies nécessaires pour une exploitation durable des ressources minières en Afrique et de ce fait, cette sixième rencontre à Paris a été une très bonne occasion de mettre à jour certaines informations relatives aux exigences en matière de changement climatique, notamment la décarbonisation, avec des objectifs de carbone neutralité pour 2050. C’était également une occasion de faire l’état des lieux en matière d’application des principes et standards liés au social, à l’environnement et à la gouvernance. Donc, en terme court, les débats ont été initiés depuis hier sur les questions de financement vert. Aujourd’hui, on  a continué sur les nouvelles opportunités en matière de renforcement des performances  en matière d’ESG et dans ce cadre, nous avons évoqué tout ce qui a trait aux nouvelles technologies de l’information et de la communication applicables au secteur minier afin de contenir , sinon mitiger et éliminer les impacts négatifs liés à l’exploitation minière sur l’environnement, sur le cadre social de vie et sur le contexte des affaires minières en Afrique. Donc, un bon cadre d’échanges, de réseautage, de renforcement de nos propres capacités parce que nous apprenons les uns des autres ; et aussi un cadre d’alignement de nos points de vue sur la décarbonisation, les exigences en matière de réduction des impacts négatifs de l’exploitation minière, de façon à rendre les miniers responsables et redevables de leurs actions sur le terrain et assurer que les exigences en matière de développement durable soient respectées.

Lors du 6ème sommet annuel africain des mines, il a été question d’améliorer la performance ESG (la gestion des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance d’une entreprise). Pourtant il est de notoriété que ces questions sont un vœu pieux pour certaines entreprises.  L a donne peut-elle changer ?

Je considère que tous ceux qui travaillent aujourd’hui dans le secteur minier sont des professionnels. Ils sont tous soucieux de leur image, de leur obligation et surtout de leur capacité à respecter les standards qui prévalent en matière de respect de biodiversité, de gouvernance et de respect des communautés hôtes au sein desquelles nous travaillons. Donc, il faut tout simplement savoir que nous sommes dans un contexte qui est évolutif, qui exige à ce qu’on développe une capacité d’adaptation aux situations. C’est ce qui se passe et toutes les compagnies ont conscience que les ESG sont fondamentales et nécessaires pour une exploitation durable des ressources minières. L’occasion, lors de cette sixième édition, a été bonne dans la mesure où on a eu les points de vue des différents acteurs, comme on dit des parties prenantes, que ce soient les représentants des organismes financiers, ceux du gouvernement, des scientifiques, la société civile et des opérateurs que nous sommes. Ces points de vue se sont croisés, on a appris les uns des autres et on s’est entendu sur le fait que c’est par un effort collectif que l’on parviendra à faire quelque chose. Donc, ensemble pour faire respecter les ESG et ensemble pour que nous soyons tous des miniers responsables !

Quel regard portez-vous sur l’organisation du MOTA 2023 et quelle(s) suggestion(s) pour de futures rencontres ?

je pense que l’une des leçons que j’ai tirées de la présente session, il y a eu des participants de qualité, des thématiques qui sont à l’ordre du jour de tous les grands débats nationaux et internationaux portant sur l’attraction des investisseurs directs étrangers, le changement climatique et sur le rôle des parties prenantes dans la soutenabilité des investissements dans le secteur minier. La leçon principale, c’est d’assurer qu’il y ait plus de participants de haut niveau, qu’il y ait encore plus de temps, pas sur la longueur en terme de jours du MOTA mais sur le temps imparti aux thèmes qui sont  développés pour que ceux qui ont une expertise avérée puissent avoir suffisamment le temps d’expliquer et de répondre aux questions. Mais, ce serait aussi intéressant qu’il y ait des représentants des grands groupes industriels qui viennent participer aux débats à côté des représentants du gouvernement et ceux de la société civile.

Quel rôle les partenariats et les collaborations peuvent-ils jouer pour stimuler la croissance et le développement du secteur minier en Guinée ?

lorsqu’on prend la panoplie de parties prenantes qui interviennent dans la promotion et le développement du secteur minier, les gouvernants ont leur part : ils ont le devoir de faire des reformes nécessaires pour sécuriser l’investissement, accompagner les investisseurs et développer l’attractivité de notre pays parce que le secteur minier étant un secteur  très capitalistique, il est important que nous travaillions tous à ce que les investisseurs directs étrangers viennent et se développent dans notre pays. Donc, du cote du gouvernement, il s’agit de renforcer le cadre règlementaire et promotionnel qui est en place. Du coté des investisseurs, c’est de s’assurer que nous connaissons ces lois, ces institutions qui existent dans les pays d’accueil. Nous les prenons en compte pour être en conformité légale et réglementaire ; et nous allons justement investir dans les secteurs porteurs et des secteurs qui vont dans le sens ou compatibles avec les objectifs de développement  économique et social du pays d’accueil. Ceci est extrêmement important : il ne s’agit pas de venir à la volée pour investir dans n’importe quelle ressource. Il s’agit de viser les priorités du pays et viser également les opportunités qui sont en harmonie avec nos objectifs de croissance et de profits aussi parce que, après tout,  l’argent qui est investi et qui provient des investisseurs directs étrangers est de l’argent qui sert aux actionnaires à développer leurs affaires. Donc, on a un rôle, celui d’assurer que ces capitaux soient en sécurité, investis au bon endroit, contribuent au développement économique et social du pays d’accueil. C’est le seul moyen par lequel nous pouvons passer pour  assurer que nous ayons de l’efficacité économique dans les investissements que nous faisons.

Quels sont les principaux enseignements ou les meilleures pratiques que vous pouvez partager avec le public ?

Tout à l’heure, je mentionnais le fait que, de la phase d’exploration à la phase de développement, nous passons par des études, une mobilisation d’informations et des données de terrain ; nous passons par des analyses qui nous permettent d’apprécier tous les risques dans lesquels nous travaillons. Comme bonne pratique en matière de gestion sociale et environnementale, on peut déjà citer tout ce qui est en relation avec les standards de la SFI, du groupe de la Banque mondiale et tout ce qui est en relation avec les principes de l’Equateur ainsi que les pratiques locales de conservation de la biodiversité., de conservation des zones humides, de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs et également à l’occupation des terres, au système de navigation des populations qui sont basées en général sur des considérations traditionnelles locales. Donc là, chaque entreprise, dans son contexte particulier, a appris des choses qui peuvent être partagées d’un pays à l’autre pour que les erreurs du passé ne se répètent pas et que, de plus en plus en plus, on renforce nos capacités   en matière d’adaptation au contexte socio-culturel dans lequel nous travaillons.

DECRIPTAGE PAR M. KEITA

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