En Guinée forestière, dans la préfecture de Lola, précisément dans la sous-préfecture de N’Zoo, les Monts Nimba regorgent de ressources naturelles. Ils abritent une faune et une flore impressionnantes. Telles que les micropotamogales de Lamotte, les crapauds vivipares d’espèces uniques au monde, les plantes vasculaires, ainsi qu’un herbier de plus de 80 ans qui inspire les chercheurs et les visiteurs. Votre quotidien électronique Guinéenews vient de lancer une série de reportages sur le mystère d’un mont fascinant, mais encore méconnu de nombreux Guinéens. Dans ce reportage, nous parlerons des crapauds vivipares.
La Réserve naturelle intégrale des Monts Nimba renferme une espèce qui a largement contribué à sa réputation : le petit crapaud vivipare Nectophrynoides occidentalis, dont la taille dépasse rarement deux centimètres et demi. Cette espèce étonnante est fortement présente au Nimba. Pour en savoir plus, nous avons interrogé Ouo-Ouo Traoré, secrétaire scientifique de la station scientifique des Monts Nimba.
« En ce qui concerne les crapauds vivipares, il n’y a rien d’extraordinaire à part leur viviparité, un trait habituellement propre aux mammifères. Alors que ce sont des amphibiens. En général, les crapauds se multiplient par des œufs, mais ici, après l’accouplement, la femelle porte les petits pendant 9 mois avant de donner naissance. Bien qu’elle ne les allaite pas. Certains les appellent crapauds géants en raison de leurs supposées propriétés mystiques, mais ils ne sont pas de grande taille. En fait, le crapaud vivipare adulte est plus petit que le pouce humain. Les premiers chercheurs français ont tenté de les élever ailleurs pour multiplier l’espèce, mais sans succès. Les expériences n’ont pas donné de résultats : soit le crapaud mourait, soit il perdait sa viviparité. Les chercheurs, comme Marx Lamotte, ont créé des conditions en Europe pour essayer de les élever, mais cela n’a pas fonctionné. Ces crapauds ne vivent qu’aux Monts Nimba, dans les fissures des roches à une altitude d’environ 1 200 mètres. Pour les voir, il faut grimper en juillet ou août, pendant les grandes pluies. Le reste du temps, ils se réfugient dans les fissures, là où l’humidité est faible. Comme ils n’existent nulle part ailleurs dans le monde, ils suscitent l’intérêt des scientifiques du monde entier. »
Les crapauds vivipares ne se trouvent pas partout dans les Monts Nimba, mais principalement sur le Mont Simpé, où un microclimat spécial leur permet de survivre. Ils ne vivent pas dans les marais, mais dans les prairies d’altitude. Bien protégés, ces crapauds vivent à des altitudes comprises entre 1 200 et 1 600 mètres, cachés dans les rochers.
Selon le Dr Simon-Pierre Lamah, directeur général de la station scientifique des Monts Nimba (SSM), « il n’y a pas de crapauds géants aux monts Nimba. C’est une appellation populaire erronée. Les crapauds vivipares présents sur les monts Nimba sont endémiques. Le mâle mesure environ 18 millimètres et la femelle environ 20 millimètres. Leur particularité réside dans leur viviparité, ce qui les distingue des autres crapauds. »
Quelles sont les menaces pour l’existence ces crapauds ?
« Concernant les menaces pesant sur cette espèce, elles ne sont pas liées à la chasse ou à la consommation, mais plutôt à la dégradation de leur habitat. Il existe également des menaces naturelles, notamment des incendies pendant la saison sèche. D’après certaines données, l’élévation des températures provoque parfois des feux dans la réserve. Un autre danger vient du déplacement des roches : lorsque deux pierres frottent l’une contre l’autre sous une chaleur intense, cela peut engendrer des étincelles et déclencher un feu », conclut-il.