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Mines : les faits marquants de l’année dans le secteur

Si le secteur minier guinéen a focalisé les attentions durant l’année 2022, ce n’est pas seulement à cause de ce que les mines représentent dans l’économie du pays (autour de 15% du PIB). C’est aussi du fait des multiples événements et autres rebondissements, notamment dans les domaines aurifères, bauxitiques et le projet d’exploitation du Simandou.

Parlant du premier, sans oublier les cas déboulements qui endeuillent au quotidien les communautés, il faut commencer par dire que la cohabitation a été encore plus que difficile entre les exploitants artisanaux et les sociétés industrielles.

Le cas le plus illustratif étant encore une fois la zone de Siguiri où les crises ont été récurrentes entre les communautés environnantes et la Société Anglogold Ashanti de Guinée (SAG). Avec des ramifications dans les rangs des employés de ladite société.

Début juillet, dans le sillage de l’une des crises les plus graves, Guineenews avait repris le commissaire central de la police de Siguiri, commissaire Telly Barry qui avait déclaré ceci : « Ils (des manifestants) ont blessé trois de nos agents qui étaient là-bas pour le maintien de l’ordre et brûlé notre véhicule d’intervention ». Ce qui s’est passé pendant qu’une mission composée de responsables des ministères des mines et de la fonction publique séjournait à Siguiri en vue de négocier un accord entre la SAG et les communautés de Kintinian.

Une façon de mettre fin à une crise qui a fortement secoué la SAG dont les activités interrompues le 2 juillet, n’ont repris que 4 jours plus tard grâce à l’implication de l’administration centrale.

Un mois plus tard, rapporte encore le correspondant de Guineenews à Siguiri, d’autres violences ont été enregistrées dans la zone, avec à l’origine, un orpailleur accidentellement tué pendant qu’il fuyait une patrouille menée à Kami, une autre mine exploitée par la SAG. Bilan, en plus de la personne accidentellement tuée, trois autres blessés…

Mais, c’est peu de dire que les tensions entre les grandes entreprises aurifères et les communautés riveraines sont une préoccupation par les autorités. En témoigne les échanges intervenus entre l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée (UNOG) et les autorités du ministère des Mines et de la Géologie, le vendredi 9 septembre 2022.

En effet, si parmi les sujets évoqués selon le service de communication du ministère de tutelle, il y a « la scolarisation des enfants des préfectures aurifères, la commercialisation de l’or », les relations entre les exploitants artisanaux et les industriels occupent une place particulière. En ce sens que pour le ministre, l’association des orpailleurs « doit beaucoup plus s’impliquer de façon proactive et prolifique dans la sensibilisation des populations notamment des zones aurifères. Ce qui pourrait aboutir à une prévention de crise et une résolution durable des conflits ».

 La même source d’ajouter que « le ministre a invité le bureau de l’UNOG à entreprendre dès maintenant des tournées de sensibilisation dans les zones aurifères, avec pour objectif expliquer largement aux communautés la conduite à tenir lorsque des différends sont enregistrés entre elles et les sociétés minières évoluant dans l’exploitation du métal jaune ».

Remous dans les rangs des orpailleurs et l’épineuse question de Kouncitel

Mais les problèmes ne se limitent pas qu’aux relations tendues entre les communautés, les orpailleurs et la SAG. Au sein des orpailleurs mêmes, ce n’est pas l’entente parfaite. Même si l’UNOG ne voudrait pas l’entendre de cette oreille.

En tout cas, à côté de cette structure, l’association des jeunes orpailleurs agréés de Guinée (UNAJOG), se signale. Et le fait de se donner comme objectif, « la défense de l’intérêt général de tous les orpailleurs de Guinée » est évocateur du niveau de confiance entre les opérateurs de la corporation. Sans oublier « le constat fait de la gestion de l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée révèle de sérieux disfonctionnements dans le respect des statuts et règlements intérieurs voire les codes de bonnes conduites qui régissent l’Union Nationale des Orpailleurs de Guinée (UNOG) », selon une déclaration faite récemment par la nouvelle structure.

Ajouter à cela, l’épineuse question de la gestion catastrophique de la mine artisanale, pour ne pas dire sauvage, de Kounsitel découverte en 2021. Une sorte de patate chaude que le régime Condé a refilée sans protocole au pouvoir militaire arrivé suite au coup d’Etat du 5 septembre.

Le constant étant que l’exploitation anarchique continue avec des conséquences dramatiques sur l’environnement naturel et socioculturel. Avec des cas de morts à n’en point finir. Le seul acte fort à l’actif de l’administration des hommes en treillis à ce sujet, étant le limogeage du maire de la commune rurale du même nom, pour « des faits présumés de malversations (…) »

Comble de l’inefficacité, pour ne pas dire l’impuissance, récemment, en conseil des ministres « le chef du Gouvernement a évoqué le sujet de préoccupation relative à la sécurisation de nos sites d’exploitation minière ». Et de revenir sur « les évènements qui se sont produits (…) à Gaoual, ayant causé 4 morts ». Puis, d’ajouter que pour lui, « il est urgent d’agir pour rétablir le calme et la sécurité dans la zone. Il a aussi déploré un problème de santé publique et une urgence environnementale en indiquant la présence de ressortissants étrangers qui rend encore la situation complexe dans les mines artisanales de Kounsitel et ailleurs».

Avant « d’instruire les ministres en charge des Mines, de l’Administration du territoire, de la Sécurité, de la Santé, du Plan, de l’Environnement et des Postes et Télécommunications de se mettre ensemble pour proposer des solutions idoines à la situation sécuritaire qui se pose autour de l’exploitation anarchique des champs d’or de Gaoual».

Preuve que plus d’une année après, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ne fait pas mieux que les dirigeants civils dont il a fait chuter le régime qu’il accuse de tous les péchés d’Israël. En tout cas sur ce registre.

Les secteurs de la bauxite et du fer

A l’image du secteur aurifère, le domaine bauxitique n’a pas été un long fleuve tranquille. Sans oublier le Simandou dont l’exploitation se fait encore attendre. A la différence que de ce côté, même s’il existe des problèmes au sein des entreprises, notamment entre les dirigeants et les délégués syndicaux, les faits les plus marquants sont en rapport direct avec l’administration centrale.

Tout a commencé par la décision du président de la transition qui demande aux investisseurs de passer de l’éternelle exploitation de la matière première à la transformation. C’était à l’occasion d’une rencontre avec des représentants des sociétés en activités en Guinée. Avec un ton impérial, le colonel Doumbouya déclare : « En dépit du boom minier du secteur bauxitique, force est de constater que les revenus escomptés sont en deçà des attentes. Vous et nous ne pouvons plus continuer ce jeu de dupes qui perpétue une grande inégalité dans nos relations. Il faut la corriger et c’est maintenant. Je vous invite à cette démarche qui devient un impératif catégorique et non négociable, et ce, avant la fin du mois de mai 2022 ».

Une sortie qui a eu le mérite de secouer le cocotier des partenaires miniers. Mais pas assez pour que la demande du nouvel homme fort de Conakry se traduise dans les actes. Du moins pour l’instant. Ce qui fait que la nouveauté fondamentale dans le domaine, reste la récente décision prise par Rusal qui exporte désormais la bauxite directement de la Guinée vers la Chine. Mettant ainsi fin à la transformation de ce minerai à la raffinerie de Mykolaïv, du côté de l’Ukraine. Conséquence de la crise russo-ukrainienne.

L’autre dossier qui aura marqué l’année de bout en bout, c’est celui du chemin de fer qui doit relier le gisement de fer de Simandou à la côte atlantique, précisément le projet du port de Yomboyéli. Avec plein de rebondissements dont le plus spectaculaire restera l’arrêt des travaux de Wining Consortium Simandou décidé un dimanche 3 juillet 2022 par le ministre des Mines et de la Géologie.

Une décision qui n’est pas restée sans suite. L’histoire retiendra que c’est consécutivement à cet acte inédit que les autorités ont contraint les partenaires WCS et Rio Tinto Simfer, à la signature d’un accord tripartite pour la création de la Compagnie du transguinéen, société où l’Etat prétend à une participation gratuite à hauteur de 15%. C’était le 27 juillet, selon la direction de la communication et de l’information de la présidence de la République.

Même si sa position sur ce point ne semble être suffisamment comprise par les observateurs du monde des affaires, le gouvernement continue de déclarer que « dans la coentreprise Compagnie du Transguinéen, l’Etat guinéen a une participation gratuite et non diluable au capital du chemin de fer et du port à hauteur de 15%».

Les dernières nouvelles de ce projet ne datent pas de longtemps, à en croire au compte-rendu du Conseil des ministres du jeudi 1er décembre. Dans les divers dudit document, le ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la République a « informé le Conseil du démarrage des sessions d’échange du pacte d’actionnaires de la Compagnie TransGuinéen (CTG) avec le Comité Stratégique de Simandou sous le leadership du Chef de l’Etat et toutes les parties prenantes de ce projet (Winning Consortium Simandou et Rio Tinto SimFer) et avec l’accord de l’Etat guinéen, la présence du GÉANT CHINOIS DE L’ACIER, la société BAOWU autour des tables de négociations pour accélérer le financement de ce projet très stratégique pour notre pays dont le Capex est estimé à environ 15 milliards de dollars américains (soit l’équivalent du PIB de la Guinée)».

Trois semaines plus tard, l’entrée en lice du géant chinois Baowu Steel, a été officiellement annoncée « à travers un accord signé ce 22 décembre, avec les autorités guinéennes », selon la direction de communication et de l’information de la présidence de la République (DCI).

Le même service qui indique que « l’accord-cadre se renforce ainsi avec la participation du géant chinois, acteur de premier plan mondial de la sidérurgie, Baowu Steel, dont l’arrivée autour des tables de négociations a été saluée par Monsieur Djiba Diakité, Président du Comité stratégique du Simandou et toutes les parties prenantes ». Et d’ajouter que « c’est une phase très importante après la création de la co-entreprise, la Compagnie transguinéenne (CTG), qui permettra aux partenaires industriels de lever tous les financements nécessaires au projet».

Un motif d’espoir a priori. Mais pour qui connaît les péripéties par lesquelles on est passé avec les partenaires depuis les années 90, il y a de quoi attendre de voir.

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