Le nouveau chef de file de l’opposition qui ne ratait aucune occasion pour clouer au pilori le pouvoir de Conakry, a mis de l’eau dans son « bissap ». C’est du moins ce que son discours laisse transparaître depuis que le président du parlement a acté sa nomination.
Pour Mamadou Sylla, que ceux qui qualifiaient le pouvoir de Conakry de dictature se détrompent. Car il n’en est rien de tout ça, désormais.
Il a fallu 8 mois pour que le président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, annonce officiellement que Mamadou Sylla, président de l’Union démocratique de Guinée (UDG), est le nouveau chef de file de l’opposition guinéenne. Il a fait cette annonce en marge de la plénière du samedi 19 novembre 2020 : « L’honorable Mamadou Sylla est désormais le chef de file de l’opposition guinéenne. Par conséquent, le bureau de l’Assemblée nationale prendra toutes les dispositions pour qu’il jouisse et se soit soumis aux obligations d’un chef de l’opposition. »
Après cette annonce, Mamadou Sylla s’est dit très satisfait, bien que ce soit tard : « La réaction, c’est satisfaction. Je suis très satisfait, c’est quelque chose qui a été formalisé sinon depuis 8 mois normalement ça devait être fait. Mais il n’est pas tard de le faire. Aujourd’hui c’est la loi qui a été appliquée qui était votée depuis 2014, donc, aujourd’hui voilà, chaque chose en son temps et aujourd’hui c’est chose faite. Je suis très satisfait, ça prouve que le régime là, quand les autres disent que c’est une dictature ou quoi, mais ils ont restitué quelque chose à l’opposition parlementaire. Mais je pense que c’est bon pour le pays et c’est bon même au-delà du pays parce que les gens vont savoir que la démocratie est vraiment en Guinée. Donc, je crois que c’est très important pour le pays.»
Mamadou Sylla, qui succède à Cellou Dalein Diallo, annonce qu’il va bientôt former son cabinet : « Bientôt je vais nommer mon cabinet de chef de file. Donc, je suis en train de travailler sur ça. Et bientôt je vais inviter les journalistes pour présenter cette équipe là et puis montrer le plan de travail. Vous savez que l’opposition est le conseiller exclusif du président de la République. Normalement tout ce cabinet, les personnes que je vais nommer, ces conseillers qui vont s’occuper de chaque domaine de département ministériel, qui vont voir ce qui est bon ou n’est pas bon. On va établir des liens avec le chef de l’État, à chaque fois même si c’est une fois ou deux fois par mois pour nous recevoir et dire ce qui va et ce qui ne va pas. Comme c’est le seul capitaine du bateau, nous autres on est des conseillers en un mot. »
Ce changement de pied ne surprend guère chez Mamadou Sylla qui bénéficiera tous les mois d’un traitement de 500 millions de francs guinéens. Un salaire mirobolant, pour vanter le régime.