Alpha Condé semble déterminé à faire des réformes dans l’administration. En témoignent les deux notes circulaires adressées à deux reprises aux membres du gouvernement. En vue de s’informer sur les parcours académique et administratif des cadres de leurs départements. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que ce ne sera pas du beurre à couper.
De sources concordantes, le projet ne rencontre pas beaucoup d’adhésions chez les hauts perchés de l’administration. Et la raison est toute simple. L’écrasante majorité des hauts cadres de l’administration ont pris fait et cause pour le changement de la constitution qui a permis à Alpha Condé de rester au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutifs.
Au prix de leur réputation, ces responsables de l’administration ont joué le jeu. Avec l’argent du contribuable, ils ont procédé à l’achat des consciences quand c’est possible. Ailleurs, ils ont joué ou cautionné la carte de la répression qui a été jouée à fond.
Après avoir rempli leur part du contrat, les ministres ont tenu à rester aux affaires et bénéficier ainsi du résultat. A défaut d’un poste plus juteux, garder les postes qu’ils occupaient. A leurs yeux, s’ils ont aidé le président à garder le pouvoir, en tordant le cou à la loi. En revanche, ils s’interrogent comment ce dernier ne puisse admettre leur sédentarisation à leurs postes. Résultat, l’écrasante majorité du gouvernement Kassory a été reconduit dans sa plus grande majorité. Mieux, beaucoup parmi les membres ont gardé leurs postes.
Face à la résistance, toujours selon les indiscrétions, le locataire de Sékhoutouréya aurait envisagé de jeter son dévolu sur les directions et autres services pour implémenter les changements ratés à la tête des départements. A défaut de pouvoir changer au sommet par les membres du gouvernement, le président Condé souhaiterait tenter son expérience par d’autres niveaux à la base. Une aubaine pour beaucoup de jeunes du RPG qui auraient leurs noms sur des listes conçues en prélude à ces nominations.
Seulement là aussi, la probabilité de succès de cette option ne semble pas garantie pour le moment. Au contraire, l’idée serait rejetée largement au sein de l’administration. Mais pas seulement par les agents en fonction, donc potentiels victimes de la mesure si elle se réalisait. Et les arguments ne manquent pas, y compris chez leurs supérieurs hiérarchiques. En guise d’exemple, les défenseurs de la « continuité », citent « l’administration française où les administrateurs territoriaux sont quasiment les mêmes qui sont mutés en fonction des besoins et autres avancements en grades. Mais pas limogés et remplacés par de nouveaux qui arrivent de nulle part. »
Pour le cas guinéen, certains ministres défendent l’idée selon laquelle, «si les cadres qui sont formés sont remplacés par d’autres, il n’y a pas de garantie de performance…
Des arguments et d’autres qui font dire à certains observateurs que la fin de la sédentarisation et ses corollaires dans l’administration publique guinéenne ne sera pas pour demain.
Pour en savoir un peu plus, notamment en ce qui concerne les dossiers des hauts cadres potentiellement concernés par la procédure, Guinéenews a tenté de joindre sans succès le Secrétariat général du gouvernement.