Le vice-président de la CAF, le congolais Constant Omari a fait une sortie médiatique insolite hier en déclarant que le dossier de candidature de la Guinée pour l’organisation de la Coupe d’Afrique est introuvable dans les archives, en dépit des recherches effectuées par le secrétariat général de la CAF. Quel mensonge ridicule ! Surtout qu’il sort de la bouche d’un homme qui était membre du comité de la CAF et qui était présent à la réunion du comité exécutif de la CAF d’Addis-Abeba en 2014, et qui avait attribué à l’unanimité l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de 2023 à la Guinée.
La Guinée avait bel et bien monté et présenté un dossier de candidature, pas pour la CAN 2023, mais pour la CAN 2019 et 2021. C’est après avoir perdu face au Cameroun et à la Côte d’Ivoire, que le Comité exécutif, vu le dossier guinéen, a octroyé de façon exceptionnelle et avec la voix de Constant Omari et du président actuel de la CAF Ahmad, tous alors membres du comité exécutif, l’organisation de la CAN à la Guinée. En fichier, le dossier présenté: Dossier technique version longue Guinée 2019 2021.
S’il est ridicule d’imaginer que Issa Hayatou et son secrétaire général Hicham El Amrani, en quittant la CAF , ont pu emporter sous leurs aisselles le dossier de candidature de la Guinée, l’on est en droit de croire que les nouvelles autorités sont dans une logique de punir toutes les nations africaines qui étaient proches de l’ancien président de la CAF dont la Guinée. En effet, rien n’empêchait la CAF d’attendre 2025 pour passer de 16 à 24 équipes lors des phases finales de Coupe d’Afrique, si ce n’est une volonté de changer les règles en cours du jeu pour nuire au Cameroun, à la Côte d’Ivoire et à la Guinée, tous réputés proches de Hayatou. Et c’est un secret de polichinelle, les nouvelles autorités ont déjà les pays pour remplacer au pied levé ces trois récipiendaires : le Maroc pour le Cameroun, l’Algérie pour la Côte d’Ivoire et la Zambie pour la Guinée…
Disons le clairement: la CAF, sous Ahmad, est devenue une affaire de pays riches. Finies les époques où des pays pauvres comme le Mali ou le Burkina Faso pouvaient organiser, seuls, une phase finale de coupe d’Afrique. En outre, la compétition se joue dorénavant en été (mot utilisé par la CAF), un temps qui n’existe que dans les pays riches du nord et du sud de l’Afrique: ce temps étant la saison des pluies dans le reste des pays d’Afrique, généralement pauvres. Caduc l’objectif noble de la CAF qui faisait de l’organisation de la coupe d’Afrique, une opportunité pour les pays pauvres d’Afrique de construire des infrastructures: désormais, tout doit être déjà sur place.
Pour sauver l’organisation de sa CAN en 2025, il appartient aux autorités guinéennes, silencieuses jusque-là, de monter au créneau. Et pour avoir toutes les chances de son côté, la Guinée devrait sérieusement envisager, toute honte bue, une co-organisation de la CAN 2025 avec un pays voisin, notamment le Sénégal, pressenti candidat pour la même date.
Autrement, Constant Omari et ses acolytes n’auraient pas de scrupules pour attribuer en 2025 la co-organisation à son pays la RDC, avec le Congo Brazzaville, qui a déjà fait acte de candidature pour organiser la CAN en 2019, alors qu’il n’est pas prêt, mais uniquement pour crédibiliser sa perspective de 2025.