La Cour suprême a rejeté ce 15 juin, la demande de mise en liberté d’Aboubacar Toumba Diakité, alias Toumba. Son avocat, Me Paul Yomba Kourouma, apprend cette décision avec beaucoup de peine.
« C’est avec beaucoup d’amertume, beaucoup de douleur, beaucoup de tristesse et d’étonnement que nous avons accueilli cet arrêt de la Cour suprême de notre pays qui reçoit le pourvoi par ce qu’à la forme, il ne souffre d’aucune ambiguïté, d’aucune violation, mais au fond le rejette purement et simplement sans autre détail », a-t-il indiqué, avant de qualifier la décision de contradictoire avec les débats faits devant la Cour suprême : « Cet arrêt est en contradiction avérée avec les débats qui se sont déroulés devant la Cour. Au cours desquels le procureur général près la Cour suprême lui-même a attesté que les moyens soulevés par la défense étaient imparables, que titre de détention n’avait à aucun moment été renouvelé et la conséquence de cela devrait être la mise en liberté pure et simple du détenu et cela conformément aux dispositions du code de procédure pénale. »
Après avoir débouté en première instance, en appel puis en cassation, l’avocat de l’ex aide de camp de Moussa Dadis Camara compte saisir les juridictions supranationales : « Le tribunal de première instance de Dixinn a constaté cette évidence, la Cour d’appel encore moins, la Cour d’appel vient de dénier cette réalité. Nous avions pensé qu’elle devait corriger les tares et insuffisances qui émaillaient les jugements antérieurs rendus par les juridictions de base, que la Cour suprême aurait dit le droit, que l’Etat de droit aurait triomphé à travers son arrêt et que les droits de Toumba seraient restaurés. Mais nous constatons qu’aucune juridiction nationale ne peut avoir le courage d’assumer sainement le sacerdoce, de dire le droit. Sincèrement nous sommes ahuris. »
Me Paul Yomba fait savoir que son client ne bénéficier d’aucun soin à la maison centrale alors qu’il est malade : « Toumba est aujourd’hui malade. Il pensait sortir pour faire face à sa pathologie qui n’a jamais, à aucun moment, depuis sa détection, été prise en charge. Il bénéficie d’aucun soin, même infirmier. Il opère par automédication. Nous nous adresserons aux juridictions supranationales qui, elles, diront le droit. »
Si toutes les juridictions nationales refusent que Toumba soit libéré, c’est parce que, selon lui, il doit expier la forfaiture de ses collègues militaires : « Toumba est toujours considéré comme le sacrifice, l’agneau qui va expier la forfaiture de ses pairs. C’est lui qui, en définitive, paiera pour tout le monde. Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. »
Une mise en liberté de Toumba équivaudrait à une libération définitive, soutient Me Paul Yomba qui justifie cela par le fait que le juge a omis de renouveler le mandat de détention de son client : « Le mandat n’a pas été renouvelé, on ne peut le fabriquer. A force d’oublier Toumba dans les geôles, à force de le marginaliser, de le ségréguer, de le rejeter, on a fini par l’oublier et même d’oublier même le renouvèlement de son mandat. Les juges savent qu’en libérant Toumba, ce sera une libération définitive au regard des dispositions de la loi. »
« L’omission par un juge de renouveler le mandat emporte simplement la mise en liberté sans condition du prévenu. Or, Toumba étant destiné à être sacrifié, ce serait suicidaire pour eux. C’est vraiment une honte pour notre justice », a-t-il déploré.
Pour rappel, Toumba Diakité avait été arrêté à Dakar le 20 décembre 2016 à la suite d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre quand il avait tiré sur Moussa Dadis Camara le 3 décembre 2009. S’il est accusé d’avoir des implications dans le meurtre de 157 manifestants au stade du 28 septembre, des leaders politiques affirment que c’est lui qui leur avait permis de sauver leur peau.
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