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La révolution kaki sonne-t-elle le glas de l’influence française en Afrique? par Youssouf Sylla, analyste.

La terre africaine est en train de se dérober sous les pieds de la France. C’est du moins ce qui ressort des événements qui se déroulent dans ce continent ces trois dernières années. Après Bamako, Ouagadougou, Conakry, Niamey, en Afrique de l’Ouest, et récemment, Libreville, en Afrique Centrale, la révolution kaki se répand comme une traînée de poudre, emportant avec elle, une part non négligeable de l’influence française en Afrique. Fait remarquable, cette révolution ne touche que les anciennes colonies françaises. Pourquoi pas dans les anciennes colonies anglaises? Peut être que l’emprise de l’Angleterre sur ces territoires n’est pas aussi forte que l’est celle de la France sur ses anciennes colonies.

Dans certains cas, la révolution s’accompagne de la montée en puissance dans le pré carré français, de la Russie et de la Chine en particulier, et pourquoi pas demain, d’autres puissances moyennes du « Sud Global », comme l’Inde, qui jugeront nécessaire d’investir l’Afrique, riche en ressources naturelles, et appelée à devenir un un énorme marché, avec une population estimée en 2050, à plus de deux milliards de personnes.
Toutefois, si la révolution kaki n’est pas la solution de fond aux problèmes de l’Afrique, elle apparait cependant, aux yeux d’une frange de la population, exténuée par des décennies de mauvaise gestion économique et démocratique des pouvoirs civils, comme le passage obligé vers une Afrique plus démocratique et plus vertueuse sur le plan économique. A moins, bien entendu, que la solution ne devienne elle-même un autre problème. Il est à craindre aujourd’hui que l’Afrique comme par le passé rate son amarrage au nouveau monde qui se construit, surtout avec les BRICS, qui peuvent  représenter pour elle, une extraordinaire opportunité de développement, et d’affirmation de soi, en tant qu’entité qui compte désormais dans la bonne marche du monde. Sans le binôme « stabilité et démocratie », on voit mal ce continent profiter pleinement de cette opportunité.

Pour la France la question se pose désormais de savoir s’il faut accompagner, étouffer, résister ou rester dans l’indifférence totale, face à l’accélération de l’histoire en Afrique. Aujourd’hui le président Macron, dans le dossier nigérien opte pour la résistance. Il se dit prêt à accompagner les organisations continentales, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, dans leurs actions, militaires si nécessaire, visant à rétablir dans ses fonctions, le président déchu, Mohamed Bazoum. Parallèlement à cette fermeté, au nom des principes démocratiques, le même Macron, avait fait preuve d’un grand accommodement, lorsqu’après la mort d’Idriss Déby, son fils, Mahamat Idriss Déby s’est imposé au pouvoir au Tchad, contrairement aux principes constitutionnels qui régissaient la dévolution du pouvoir dans ce pays. Deux poids, deux mesures, qui font perdre à certains africains la tête, lorsque que par ailleurs, ils entendent le président Français mettre l’accent sur la cohérence de son action diplomatique en Afrique.

De toutes les façons, l’Afrique issue du tricotage de Jacques Foccart vit ses derniers jours. La France devrait changer les paradigmes de sa coopération avec cette autre Afrique en gestation pour y demeurer pertinente dans les prochaines années

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