Les salaires gelés depuis deux mois, les sit-in, les marches et autres mouvements étouffés, des enseignants grévistes arrêtés et emprisonnés, la volonté, la détermination et la hargne des responsables du SLECG heurtées au refus du gouvernement Kassory, resté raide comme un rock…
Cette situation de blocus et d’impasse dans laquelle se trouve Aboubacar Soumah et compagnie amènent certains observateurs du mouvement de grève à s’interroger : Où en est-on avec la grève ? Combien d’écoles restent encore fermées ? Combien d’enseignants observent encore la grève dans le pays? Où en sommes-nous avec les négociations ? Pour en savoir plus, nos confrères de la Radio Espace ont interrogé ce matin Aboubacar Soumah, le secrétaire général du SLECG.
« Le gouvernement a déclenché une guerre médiatique contre nous pour déstabiliser le mouvement. Malgré cette attitude irresponsable du pouvoir, les enseignants sont déterminés. C’est le même engagement. Nous n’avons pas baissé les bras. La lutte continue ! La grève continue ! Ceux qui disent que nous sommes fatigués, se trompent. Nous sommes déterminés plus que jamais. »
Mais cela ne se voit pas sur le terrain ! Beaucoup d’enseignants ont repris le chemin des salles de classes! On vient d’apprendre qu’à N’Zérékoré par exemple, les enseignants essoufflés n’en peuvent plus. Ils auraient repris les cours!
Cette remarque a mis Aboubacar Soumah dans tous ses états. Il a répliqué en renvoyant nos confrères sur le terrain : « Appelez à N’Zérékoré et demandez, si les enseignants sont dans les classes. Descendez et faites le tour des écoles à Kaloum, dans les communes de la capitale et vous verrez si les enseignants sont essoufflés! C’est faux ! Les écoles sont toujours vides. Pas d’élèves, pas d’enseignants ! Allez faire les statistiques pour connaitre le nombre d’enseignants présents dans les salles de classes ! C’est une guerre médiatique contre nous. »
Soumah a-t-il vraiment la bonne lecture du terrain ? Quelle stratégie compte-t-il envisager pour faire plier le gouvernement ?
« Nous sommes au courant de tout ce qui se passe. Nous suivons la grève de près. Vous pensez que nos appels n’ont pas été entendus ? Détrompez-vous ! La grève est suivie à 100% à travers le pays. Faites les statistiques et vous verrez ! Nous n’avons aucune méthode. Nous restons à la maison… »
Et les enseignants arrêtés et mis en prison ? Où en êtes-vous avec le dossier ?
« C’est grave ! C’est en Guinée seulement qu’on peut ces genres de chose. Un enseignant revendique, il demande son droit, on l’arrête et on le fout en prison. La grève est autorisée par la loi! Dans quel pays sommes-nous ? Pourquoi arrêtez quelqu’un qui revendique ? Ce n’est pas normal »
En ce qui concerne les négociations annoncées à cor et à cri du côté de la Banque Centrale en novembre dernier, le secrétaire général du SLECG dit carrément que la démarche du gouvernement ne les convenait pas. Laquelle démarche consiste à suspendre la grève d’abord avant de venir à la table de négociations. Ce qui a le plus irrité Aboubacar Soumah, c’est le fait d’exiger la présence des autres syndicats. Pour lui, l’autre SLECG n’est pas représentatif. « C’est une insulte. Comment les syndicats non représentatifs peuvent-ils participer à une telle rencontre ? Nous ne sommes pas prêts à suspendre la grève. Elle continue. On peut entamer les négociations tout en poursuivant la grève. »
Et maintenant ? Que va-t-il se passer ?
« En tout cas, nous continuons la grève. Et si la situation perdure, nous fonçons tout droit vers l’année blanche. Nous avons déjà fait deux mois et demi. Si d’ici fin décembre, rien n’est fait, ce sera l’année blanche. Et ce sera dommage pour le pays. Les institutions internationales feront le constat et elles prendront la décision qui s’impose. Celle de l’année blanche… »