Le conseil communal de Kindia travaille dans une opacité indescriptible. Sa gestion est douteuse. Mais aucun membre du Conseil communal ne veut s’exprimer sur la situation. Au cours de notre enquête, tous ont déclaré ne pas être informés de la gestion des sommes colossales générées par les baux, la perception des frais de location des magasins, boutiques et stands du marché de Kindia.
Selon nos informations, la commune a accordé un bail de 59 ans pour l’ancienne gare routière située dans le domaine du chemin de fer. L’acquéreur, Mamadou Oury Bah, doit verser une somme mensuelle de 25 millions de francs guinéens pendant toute la durée du bail de 59 ans, a-t-on appris.
Nos sources rapportent également que malgré les avertissements du ministère des Transports, propriétaire des lieux à l’époque, le maire et ses conseillers auraient outrepassé ces mises en garde. Aujourd’hui, des bâtiments sont construits sur cette superficie, mais l’argent du contrat semble être détourné, car ni le maire ni les conseillers ne semblent connaître sa destination.
L’autre accusation porte sur le nouveau marché construit lors des festivités tournantes. Nos informateurs ont indiqué que ce marché a été confié à l’opérateur économique, Sambassa Sako, pour une gestion de 30 ans à partir du 1er août 2021. Il est censé verser mensuellement à la commune la somme de 30,4 millions de francs guinéens.
Cependant, certains conseillers ont résilié le contrat au profit d’un nouvel opérateur qui offrait davantage. Sambassa a porté plainte pour non-respect des clauses du contrat. La justice a ordonné la fermeture temporaire des boutiques pendant le procès, mais après une manifestation de femmes devant la mairie, elle a ordonné à Sambassa de les rouvrir et de les gérer. Et immédiatement, la justice a ordonnée la réouverture des 91 magasins tout en indiquant que les montants perçus soient sous séquestre par le greffier de la justice.
Mais le hic est que les paiements mensuels dus à la justice, soit les 30,4 millions Gnf représentant les frais de location des 101 boutiques, les tables en béton et les tables en planches par mois, sont en souffrance. Le procès est en cours devant le tribunal arbitrage et reprendra après les vacances judiciaires, nous dit-on.
Le marché Périya attribué à un opérateur économique
La ville de Kindia est plongée dans l’obscurité en matière de gestion des revenus de la commune. Le nouveau marché « Pèriya » en construction a été attribué à un autre opérateur économique, Mamadou Baïlo Tall, qui aurait versé un milliard de francs à la commune.
Cependant, personne à la commune ne reconnaît ce montant ni l’existence du contrat. Les désaccords entre les conseillers compromettent gravement le fonctionnement de la commune. Ce qui aurait poussé la 5ème vice-maire à démissionner.
Quid des taxes issues des taxi-motos
Le syndicat des motos-taxis, sous le contrôle de la commune verse mensuellement 11 millions de francs guinéens à la commune. Personne à la commune ne peut expliquer la destination de ce montant. Or, Alseny Sylla, un des membres du bureau syndical des taxis moto affirme être à jour dans ses paiements.
Le recensement des étalagistes a révélé la présence de 1400 tables selon Fodeya Bangoura, agent recenseur de la commune urbaine. Chaque étalagiste doit payer 1 000 FG par jour, ce qui équivaut à 1 400 000 GNF par jour.
Nous avons tenté de savoir la destination de ce montant à la commune mais personne n’est prêt à en parler.
Que dire de la carrière ?
La gestion de la carrière, qui constitue une autre source de revenus pour la commune, connaît également une opacité. Les camions de 8m³ sont taxés à 50 000 FG, tandis que ceux de 12m³ paient 100 000 FG par camion. Malgré le grand nombre de camions sortant de la carrière chaque jour, l’argent semble également être détourné, et personne n’admet sa responsabilité.
Environ une centaine de kiosques versent mensuellement 150 000 GNF chacun à la commune et par mois. Les conseillers interrogés par notre rédaction disent ne pas savoir la destination de ce montant.
Que dire des 80% de revenus de contribution foncière unique de plus 3 mille boutiques et magasins de marché reversé à la commune par les impôts par an.
Et les 700 mille dollars octroyés par la Compagnie des Bauxite de Kindia CBK par an.
Malgré toutes ces sources de revenus, le Conseil communal de Kindia n’a entrepris aucune action de développement depuis son installation en octobre 2018. Même avec l’assistance de partenaires tels qu’ENABEL, qui a accordé 20 milliards de francs guinéens pour l’assainissement, l’insalubrité persiste au marché. De plus, les équipements fournis par cette ONG, tels que deux camions-bennes et un tracteur, sont utilisés clandestinement par certains conseillers.
L’entretien et la construction de voiries, de mauvaise qualité, sont négligés, laissant les ponts de Sarakoléah, Yéwolé, Sinaniya et Condeta dans un état lamentable. Aucune infrastructure scolaire n’a été réalisée depuis l’installation du conseil communal, bien que les recettes perçues auraient pu financer au moins la construction de trois salles de classe par an.
La protection de l’environnement négligé
La préservation de l’environnement est également négligée. Aucune action n’est entreprise pour viabiliser les cours d’eau qui traversent la commune, tels que les marigots Koukou et Tokhou, dont les lits sont envahis par des déchets. De plus, les anciennes carrières ne sont jamais reboisées pour permettre la régénération de la végétation.
Malgré nos multiples contacts avec le maire Elhadj Mamadouba Bangoura, la 1ère vice-maire Aminata Oularé, Fodeya Bangoura, un des conseillers, personne n’a accepté de parler avec nous. Pourtant, ils sont tous mis en cause dans cette affaire de mauvaise gestion de la commune.
Par ailleurs, nous avons tenté d’approcher les acquéreurs de ces contrats de bail. Mais malheureusement, les opérateurs économiques Sambassa Sako, Mamadou Oury Bah et Mamadou Bailo Tall ont préféré garder leur silence.