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Kankan : le secteur du coton en souffrance

La culture du coton est vieille de plusieurs dizaines d’années en Guinée et en particulier dans la région de la Haute-Guinée. Ce secteur qui était l’un des plus juteux dans les 60-70 sous l’ère Sékhouréenne, se retrouve aujourd’hui au plus mal, tout comme l’usine d’égrenage située au quartier Kankan-Koura. Ça fait près d’un an que les travaux sont aux arrêts.

L’administrateur français, Patrick Dieraert, représentant de la société Géo-Coton, qui est en partenariat avec l’Etat, n’a pas souhaité s’exprimer. Mais dans la cour de l’usine, des travailleurs mécontents sous le couvert de l’anonymat, nous ont confié que : «  vraiment rien ne va ici. On est plus de 200 salariés mais on ne travaille pas. On a des mois et des mois de salaires impayés. Moi je suis transporteur, avant on avait beaucoup de camions en pleine forme, qui partait chercher les productions des paysans. Mais aujourd’hui, ils sont tous immobiles. Souvent, nous sommes  obligés de faire appel au transport privé. Donc moi-même je sais que je n’ai plus trop d’avenir ici. C’est pourquoi, je suis en train de démarcher pour aller me débrouiller dans les mines », nous confia-t-il.

Mamadi Kaba, président de la fédération des producteurs de coton, joint au téléphone nous a fait l’autopsie de la situation en ces termes :

« Jusqu’à dans les années 80, la production du coton en Guinée se portait à merveille avec le management des Français. A moi tout seul, je pouvais produire jusqu’à 7 hectares. Mais aujourd’hui, le secteur du coton a complètement chuté à l’arrivée de Lansana Conté au pouvoir. Les paysans ont fui le secteur. La production de tous les paysans de la Haute Guinée en ce moment ne dépasse même pas 7 hectares. Quand Alpha est arrivé en 2010, il a promis de le relever. Il est allé chercher des Français et deux (2) années qui ont suivi, les choses avaient commencé à se redresser petit à petit. Les paysans ont commencé à revenir un peu un peu. Depuis le départ de Jacqueline Sultan du ministère de l’Agriculture, remplacée par Mariama Camara Soguipah, notre secteur ne fait que mourir », a-t-il déploré.

En ce moment, les paysans sont très inquiets  car leur production de l’année dernière n’a jusqu’en ce moment pas encore été achetée par l’Etat.

« On est dans la nouvelle campagne agricole. Normalement, on devrait être en train de recevoir les intrants et pesticides pour planter le coton. Mais comment on pourrait le faire, si nos stocks de production qui ont été récoltés depuis l’année dernière, ne sont toujours pas achetés par l’Etat. Nous ne pouvons pas les manger ni les vendre sur le marché local, l’Etat est notre unique acheteur. Et ce qui est encore grave dans tout ça, c’est qu’on ne dit rien. C’est seulement à travers des rumeurs qu’on apprend qu’ils sont incapables de rentabiliser le secteur. Mais qu’est-ce-que nous paysans avons à avoir dans ça ? Questionne-t-il, avant de signaler que : « Le président de la république doit prendre des dispositions fermes. Pourquoi le coton est rentabilisé, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali, au Burkina et même au Bénin et que chez nous ça ne soit pas le cas. C’est vraiment honteux », dénonce-t-il.

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