En cette période de vacances scolaires, de nombreux jeunes étudiants et élèves du centre urbain de Kankan pratiquent cette activité rémunératrice pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
On les retrouve un peu partout en bordure des différentes rues de la commune urbaine. S’ils ont décidé de se lancer dans ce métier, c’est aussi pour pouvoir faire des économies et ainsi faire face aux nombreuses dépenses qu’ils devront effectuer à l’approche de les prochaines rentrées scolaire et universitaire.
Rencontré à son lieu de travail aux abords de la rue 2 Octobre, à 10 heures du matin, Sâa Moïse Mamadouno, diplômé sans emploi, attire l’attention des propriétaires d’engins roulants qui passent : « Laver ! Laver ! ».
Et comme sa technique semble bien fonctionner, les clients commencent déjà à venir petit à petit avec leurs engins.
« Je suis un jeune apprenant qui travaille également comme transporteur. Mais actuellement, les choses ne marchent pas très bien. En cette période de vacances, j’ai décidé d’ouvrir un lavage avec mon jeune frère, qui est étudiant. Cette idée m’est venue en repensant à ce que mon père me disait quand j’étais petit : le travail est l’ami des vivants. Plutôt que de rester inactif alors qu’il y a tant de moyens pour subvenir à ses besoins sans se tourner vers le banditisme, nous travaillons ici et nous nous contentons du peu que nous gagnons en attendant d’avoir mieux », nous a-t-il confié.
Quant à Faya Tolno, un autre diplômé aussi, il nous a expliqués comment il s’est retrouvé dans cette activité.
« Je suis certes diplômé. Mais, chaque jour que Dieu fait et qu’il nous accorde la santé, nous venons ici pour nous débrouiller. C’est juste une manière de ne pas rester les bras croisés à la maison en se plaignant qu’il n’y a pas d’emploi. Les parents ont déjà fait de leur mieux pour nous. Aujourd’hui, c’est à nous de faire quelque chose pour eux. Après avoir bien réfléchi, j’ai compris qu’il ne fallait pas passer ses journées dans les bars, les cafés ou les kiosques à thé sans rien faire. À travers ce petit métier, nous parvenons à joindre les deux bouts », a-t-il ajouté.
De son côté, Tamba Alexis Millimouno, lui aussi étudiant à l’université Julius Nyerere de Kankan, profite de ses vacances pour épargner un maximum d’argent en pratiquant le métier de laveur d’engins roulants.
« Moi, je suis étudiant à l’université de Kankan. Mais comme c’est les vacances, je viens quotidiennement laver des véhicules ou des motos. C’est pour récolter des fonds afin de mieux préparer la prochaine rentrée universitaire. Et jusqu’ici, on peut dire que tout se passe plutôt bien », a-t-il rassuré.
Cependant, ces jeunes laveurs de véhicules à Kankan sont également confrontés à certaines difficultés, comme nous le rapporte Sâa Moïse Mamadouno, le responsable des lieux.
« Nos principales difficultés sont, entre autres, le problème d’eau pour remplir nos deux bassins. Nous devons acheter de l’eau, et un seul chargement coûte 200 000 GNF. Pour bien travailler, il nous faut également suffisamment de savon. Nous achetons un carton de savon à 120 000 GNF. Les brosses et l’essence (3 litres par jour) augmentent encore nos charges. Et le pire, c’est que si par malheur, durant le lavage, nous endommageons une pièce d’un engin, nous sommes obligés de payer les frais de réparation », nous a-t-il expliqué.
En dépit de toutes ces difficultés, Sâa Moïse Mamadouno encourage les jeunes à se mettre au travail et en appelle aux autorités pour qu’elles leur viennent en aide.
« J’invite les jeunes, hommes et femmes à travailler. Si Dieu nous a donné la santé, il faut accepter de travailler, c’est important. Beaucoup ont honte de s’engager dans des activités comme la nôtre. Mais, je pense qu’il faut plutôt avoir honte de sombrer dans le banditisme. Car cela est non seulement une honte pour nous, mais aussi pour nos parents.
Aux autorités, nous n’avons pas grand-chose à demander, si ce n’est de les supplier de venir nous aider. Car, nous manquons de beaucoup de choses, et grâce à leur soutien, nous pourrions améliorer nos conditions de travail et notre rentabilité au maximum », a-t-il conclu.