Du 12 au 14 août 2024, Cotonou, la capitale du Bénin, a abrité une formation dédiée à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (BC/FT) en Afrique de l’Ouest. Cet atelier régional, organisé par le Groupe international de l’action contre le blanchiment d’argent (GIABA), une institution créée en 2002 par la CEDEAO, a rassemblé 35 journalistes provenant des 15 pays de la sous-région ouest-africaine.
Pendant trois jours, les participants se sont concentrés sur le journalisme d’investigation en matière de crimes économiques et financiers, avec pour objectif de renforcer leurs compétences et de construire une alliance solide avec les médias afin de promouvoir une diffusion efficace des enjeux liés à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
Au cours de cette formation intensive, les journalistes ont été introduits à divers thèmes cruciaux, tels que le mandat du GIABA, les initiatives régionales en matière de LBC/FT, ainsi que les techniques de recherche d’information et d’investigation. L’importance du travail en réseau a également été soulignée, mettant en avant la nécessité d’une collaboration accrue entre les professionnels des médias pour relever les défis posés par la criminalité financière dans la région.
Lors de la cérémonie d’ouverture, Timothy Melaye, représentant le Directeur général du GIABA, Edwin W. Harris Jr., a spouligné le rôle essentiel des médias dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. « Nous comptons faire de cet atelier de formation un tremplin pour un engagement renouvelé de tous les journalistes à identifier les rôles clés qu’ils doivent jouer dans la sensibilisation », a-t-il déclaré avec conviction. « En tant que responsables du contenu des médias d’information, les rédacteurs en chef décident d’accorder une attention particulière à un reportage sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (BC/FT) ou de le reléguer au second plan. Il s’avère évident que la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne peut être efficace sans l’implication active des médias. »
Melaye a poursuivi en mettant en montrant la responsabilité des journalistes dans cette lutte globale : « Les médias ont la double capacité d’éduquer le public sur la menace du blanchiment de capitaux et d’enquêter directement et de traquer les personnes impliquées. Je dois avouer ici, néanmoins, qu’il ne s’agit pas d’une tâche qui incombe aux seuls journalistes. Le GIABA interagit également avec d’autres parties prenantes et renforce leurs capacités, notamment les agences chargées des enquêtes et poursuites pénales, le système judiciaire, les institutions financières, les entreprises et professions non financières désignées, les groupes de jeunes et de femmes, ainsi que les organisations de la société civile. Cela veut par conséquent dire que tout le monde doit être sur le pont pour que nous puissions atteindre les résultats désirés. »
Il a également souligné la nécessité d’une collaboration multi-sectorielle, affirmant que « la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme nécessite une approche collective où chaque acteur joue un rôle crucial. Aujourd’hui plus que jamais, notre société a besoin d’une renaissance morale. Par conséquent, l’importance de la présente rencontre et les résultats escomptés ne sauraient être surestimés. Je nous exhorte tous à nous détendre, à nous concentrer et à relever la tâche qui nous attend en prenant les points d’action à partir d’ici et en nous engageant à apporter notre pierre à l’édifice en tant que quatrième pouvoir dans la construction d’une société meilleure. »
Le représentant du Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) du Bénin, Amand Ronald Regan, a également pris la parole pour rappeler l’importance du rôle des journalistes dans cette lutte complexe : « Nous avons besoin de joueurs spéciaux dans cette lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. »
L’atelier a également comporté des travaux pratiques où les participants, regroupés en équipes, ont simulé des investigations sur des cas fictifs de blanchiment de capitaux. Ces exercices ont permis aux journalistes de mettre en pratique les compétences nouvellement acquises, renforçant ainsi leur capacité à mener des enquêtes sur des sujets complexes et sensibles.
Sikiratou Ahouansou Bada, qui a modéré la formation, a exprimé sa confiance dans l’atteinte des objectifs de cet atelier. Elle a exhorté les journalistes à partager les connaissances acquises avec leurs collègues : « Vous repartez tous d’ici bien équipés. Les compétences que vous avez acquises vous aideront dans votre travail. »
Cet atelier marque une étape clé dans le renforcement des capacités journalistiques en Afrique de l’Ouest pour lutter contre les crimes économiques, un enjeu crucial pour la stabilité et le développement de la région.
Le GIABA espère que cette formation incitera les journalistes à jouer un rôle de premier plan dans la sensibilisation et l’investigation sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, contribuant ainsi à la construction d’une société plus juste et transparente.