Qu’on l’appelle troisième mandat ou premier mandat d’une nouvelle constitution, le but final recherché est le même : la présidence à vie. Si le président Alpha Condé, lui-même, n’a pas encore dit, publiquement, être intéressé par le projet, il laisse beaucoup dire et faire. Or, qui ne dit mot consent…
Le stratagème commence à être connu : le président se fait annoncer dans une préfecture pour un meeting pour la promotion du troisième mandat (Coyah, Dubréka), des ministres et autres officiels s’activent, les participants et leurs messages sont bien triés avant d’entrer, le président fait finalement un faux bond, mais les images font le tour du monde, pour faire croire que ce n’est pas le président qui veut du troisième mandat, mais que c’est le peuple qui le réclame.
Le jeu du tripatouillage de la constitution pour se maintenir au pouvoir est dangereux et risqué. Le président Lansana Conté qui avait un bilan globalement positif lors de ses deux premiers mandats (libéralisme économique, démocratie multipartite, liberté de la presse, construction des barrages de Banéa et de Garafiri, réalisation des routes importantes à Conakry à l’intérieur, etc) a perdu tous ses crédits, à cause du changement de constitution en 2001 (institutions nationales affaiblies, gestation du narco-Etat, indiscipline dans l’armée, instabilité politique et sociale par des décrets et contre-décrets et des grèves interminables, etc).
Ainsi donc, tout comme la présidence à vie de Sékou Touré et de Lansana conté a abouti à la dégringolade de leur parti, la présidence à vie d’Alpha Condé entrainera derechef l’effondrement du RPG. La raison est toute simple : la présidence à vie débouche sur un coup d’état militaire car, si le président lui-même, de son vivant, n’a pas respecté la constitution, en la tripatouillant pour se maintenir au pouvoir, une fois mort, ce n’est pas aux bidasses les plus téméraires de la respecter, en laissant le président de l’assemblée nationale dirigé une transition, en vertu d’une constitution bafouée. Ce sera un retour à la case-départ, les cartes politiques seront rebattues et le RPG perdra inéluctablement le pouvoir, comme le PDG et le PUP, avant lui.
Alpha Condé serait inspiré de jeter son dévolu sur un de ses jeunes ministres, les plus compétents et les plus loyaux, pour lui succéder. Ce peut être Damantang Camara, Moustapha Naité, Abdoulaye Magassouba, Dr Kalil Kaba, ou autres. Il peut encore sublimer ce geste élégant en allant chercher Abdoulaye Yero Baldé ou Mouctar Diallo.
Outre le fait qu’il aura évité, ainsi, de mourir avec son parti, il aura fait un véritable cadeau aux jeunes : lui qui a dédié ses deux mandats à la jeunesse, mais qui a oublié de réaliser la moindre infrastructure sportive.