«Notre constitution est l’une des meilleures de la sous-région…»
Face au débat concernant un éventuel référendum pour la mise en place d’une nouvelle constitution, les voix s’élèvent de partout pour freiner l’élan des promoteurs du référendum et autres militants du parti au pouvoir. C’est ainsi que M. Aboubacar Danssoko, l’un des rédacteurs de la Constitution au sein de commission des lois au Conseil National de Transition (CNT) en 2010, est intervenu ce matin sur les antennes de la radio Espace Fm pour dire sa part de vérité. (photo d’archives)
Pourquoi cette intervention maintenant?
A cette question, l’ancien membre de la commission des lois soutient que le débat qui fait feu de tout bois, interpelle tous les Guinéens, plus particulièrement les «géniteurs» de la constitution. Il se dit touché quand on évoque la mise à l’écart de la constitution qu’ils ont «accouchée dans la douleur » pendant des moments difficiles.
Pour lui, en le faisant, c’est nier l’effort d’une équipe qui s’est battue nuit et jour pour sortir le pays de l’impasse. «Le débat autour de la constitution interpelle tous les Guinéens surtout nous en tant que concepteurs. Nous avons notre mot à dire face à tout ce qui se raconte ces temps-ci. Cette constitution qui a vu le jour au lendemain de la signature des accords de Ouagadougou a été élaborée dans les conditions difficiles. C’est l’une des meilleures constitutions de la sous-région »
Pourtant elle est intouchable ?
« Je sais. Ce n’est pas le Saint Coran. Mais, nous y avions mis un mécanisme qui fait qu’en aucune manière elle ne peut être soumise à la révision. Dans cette constitution, il y a un article qui autorise la révision après six mois. Pourquoi attendre neuf ans? Pourquoi maintenant? Le moment ne sied pas! Il faut d’abord achever la mise en place de toutes les institutions, harmoniser la date des élections législatives et communales, installer les chefs de quartiers et les maires centraux etc. Voilà ce qu’il y a à faire!»
A la question de savoir pourquoi les anciens membres de la commission des lois de CNT n’ont pas rappelé le Chef d’Etat sur ces dispositions, Aboubacar Dansoko pense que le Président de la République est sensé connaitre les dispositions qui sont à l’intérieur du texte. «Nous avons fait notre travail. Il appartenait aux nouvelles autorités de continuer et de voir ce qu’il y a lieu de faire. »
Les représentants du RPG étaient-ils présents lors de la rédaction de la constitution en 2010?
«Le RPG était fortement représenté lors de la rédaction de cette constitution qu’on a tendance à renier. L’actuel président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale était l’un de ceux qui ont rédigé la constitution.»
Dites-nous réellement les raisons de votre intervention ce matin…
A cette question de nos confrères d’Espace Fm, Dansoko apprend aux auditeurs qu’il veut interpeller les uns et les autres sur le danger que court le pays. «Nous menons ce combat que tous les Guinéens devraient mener. Nous voulons que la Guinée rompe avec le coup d’Etat…Après la mort du Président Ahmed Sékou Touré, c’était l’armée. Quand le général Lansana Conté a tiré sa révérence, c’était encore l’armée. Nous voulons que cela s’arrête. Je profite de votre antenne pour lancer un appel. Le débat sur la constitution ne devrait pas avoir lieu. Les vrais problèmes sont là ! Nous avons une Assemblée périmée. Pourquoi ne pas penser organiser les législatives ? »