Dans les atermoiements de la formation d’un nouveau gouvernement annoncée depuis la fête des femmes le 8 mai dernier, les supputations allaient bon train.
Si les autres membres du gouvernement ont quelque chance d’être reconduits, il est peu probable pour le Premier ministre, Mamadi Youla. Le nom de son successeur est même sur bien des lèvres à Conakry. Il est donc le seul à être sûr se son départ. Cela n’est pas fait pour mettre les nerfs au réfrigérateur du pauvre Mamadi Youla, qui a balancé la sauce ce jeudi, lors du conseil hebdomadaire des ministres.
Cette démission collective du Premier ministre et de son gouvernement, pour le moins attendue, ressemble comme deux gouttes d’eau à la démission collective de toutes les hiérarchies de l’Eglise du Chili.
Ces deux démissions presque au même moment ont pour effet de prendre et le pape et le président guinéen de court. Y a-t-il eu concertation ou pas des démissionnaires, la question se pose.
François 1er et Alpha Condé ne s’y attendaient visiblement pas le moins du monde. La preuve est qu’ils ont confié aux démissionnaires de leur ressort de continuer à expédier les affaires courantes. N’ayant pas de banc et de personnel de réserve. Du coup, le suspens devient une torture pour certains et prometteur pour d’autres. Le casse-tête pour le coach de l’Eglise et pour celui du gouvernement est grand. A partir de là cesse la similitude. Chacun a ses chats à fouetter de différentes façons.
Pour le président guinéen, les sollicitations de partout lui parviennent avec des pressions. Des militants et activistes du RPG des premières heures ne manquent pas. Certains rongent leur frein depuis 2010, le choix ne sera pas facile. Aussi, des conseillers à la présidence, des directeurs et chefs de cabinet, des membres des différents partis politiques, qui ont soit retourné la veste, soit mis assez d’eau dans leur vin rouge, lui font des yeux de Chimène, sans compter des membres de la société civile et des syndicats qui attendent et espèrent devant le portillon.
Pour le reste de ce mandat, le choix des membres du prochain gouvernement est fonction de l’objectif à atteindre. Le coach et arbitre de la situation reste et demeure le seul maître du jeu. Les 8 années suffisent pour ne plus se tromper dans ce choix. Alpha connait-il suffisamment les Guinéens pour mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ou mettra-t-il les hommes-liges pour provoquer un autre tollé ?