Le 5 septembre dernier, la junte militaire dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya a célébré les deux ans de sa prise de pouvoir ayant conduit au renversement du président Alpha Condé. A l’aune de cet anniversaire, chaque acteur sociopolitique du pays est allé de son bilan.
Pour Mohamed Tall, ancien ministre de l’Élevage et porte-parole de l’UFR, il n’est pas question d’attribuer les acquis du Président Alpha Condé au Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). Selon lui, tous les chantiers entrepris et réalisés par les nouvelles autorités militaires au pouvoir sont l’œuvre du régime Condé.
Invité de l’émission ‘’Mirador’’ de la radio Fim FM du jeudi 7 septembre, l’ancien ministre de l’Élevage et chef de cabinet de Sidya Touré (leader de l’UFR), s’est exprimé sur le bilan du CNRD depuis sa prise de pouvoir par les armes le 5 septembre 2021.
En ce qui concerne le bilan des deux années de gouvernance militaire, le cadre de l’UFR dresse un réquisitoire implacable. Pour lui, le tableau de gestion des deux dernières années est globalement sombre.
« Je voudrais préciser un certain nombre de choses. Je sens, dans beaucoup de commentaires, que nos concitoyens ont tendance à attribuer, à tort, des réalisations au CNRD. En ce qui concerne les travaux routiers, on a tendance à les attribuer au CNRD. Il faudrait comprendre qu’il y a deux catégories de marchés : la première catégorie de marchés, ce sont des marchés dont le financement avait été bouclé avant le 5 septembre 2021. Ces marchés ont principalement été attribués à deux sociétés chinoises (CEBITEC et CRBC). Ces travaux concernent les voiries de Conakry, les ponts de Kagbélen, du Km36, de Bambéto, etc. Ces financements étaient prévus essentiellement dans l’accord de financement signé avec les Chinois en 2018. Cet accord ne protégeait pas suffisamment les intérêts de la Guinée. Toutefois, ces travaux ont démarré en 2019 au début de la pandémie de COVID-19. C’est au début de la pandémie de COVID-19 que ces travaux ont été fortement ralentis, car de nombreux Chinois sont rentrés chez eux et n’ont pas repris les travaux. Il y a donc cette catégorie de marchés qui a été bien exécutée », a-t-il déclaré.
Poursuivant, l’ancien ministre affirme qu’il n’a vu pratiquement aucun nouveau abouti du Colonel Doumbouya et de son équipe.
« La seconde catégorie de marchés concerne ceux qui ont été attribués depuis le 5 septembre par le CNRD, principalement à des entrepreneurs locaux. Pour la plupart, ces marchés sont en souffrance. Ils ont été arrêtés en raison du non-paiement, et certains entrepreneurs ont carrément disparu après avoir reçu des avances pour le démarrage. L’État ne parvient pas pour le moment à faire progresser cette deuxième catégorie de marchés en raison du manque de moyens. Actuellement, il y a des centaines de milliards de demandes de paiement bloquées au Trésor. L’État est en difficulté financière. Et malheureusement, les perspectives sont très sombres. Cette situation risque de persister. Comme vous le constatez, l’économie est au ralenti, l’activité économique est en baisse, les importations diminuent, ce qui entraîne une réduction des recettes budgétaires. En cette période de transition, les financements extérieurs se font rares. Il y a donc de nombreuses choses que l’État n’arrive pas à réaliser. Le plan qui a succédé au PRI, évalué à 12 milliards, ne peut actuellement pas être financé pour les mêmes raisons. Nous rencontrons d’énormes difficultés pour trouver des recettes », a-t-il révélé en substance.