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Guinée: en dépit des difficultés, 35 mille cartes d’identité biométriques sont délivrées en 6 mois

Le 9 septembre 2020, le gouvernement déchu d’Ibrahima Kassory Fofana lançait officiellement la carte d’identité nationale biométrique. Mais le démarrage effectif de la confection et de la délivrance n’interviendra qu’au mois de mars 2021. Six mois après le début de l’opération, plus de  35 000 cartes selon le bureau de développement et de stratégie du ministère de la Sécurité.

Le bémol

 A ce rythme, le projet évolue plutôt bien. Même s’il est marqué par l’arnaque dans certains commissariats et mairies de la capitale Conakry, lire notre reportage sur le sujet. Constatant que « certains agents des commissariats centraux exigent aux demandeurs de la carte d’identité nationale biométrique le paiement induit des sommes d’argent », le directeur général de la police avait même tapé du poing sur la table. « L’acte de naissance biométrique, le certificat de résidence, le reçu de paiement de 100 000 GNF à la Banque Orabank et le paiement de 5 000 pour la photo Fond de dossier… », avait-il rappelé dans un communiqué, le 5 août dernier. « Nous sommes à la recherche de tous les agents qui se livreraient à cette pratique. Le problème, tant que nous n’avons pas de preuves matérielles, ils vont toujours nier. En dehors des 100 000 GNF versés contre reçu à la banque, le citoyen ne doit payer aucune autre somme d’argent aux agents de police. Je ne nie pas l’existence de cette pratique, je cherche à prendre les gens la main dans le sac », indiquait pour sa part, à Guinéenews, le chef du projet de biométrisation des pièces d’identité nationale, le contrôleur général de police Mamadouba Paye Camara.

Un vieux projet

Hormis ces cas d’arnaque dont se plaignent certains citoyens, la biométrisation des documents d’identité est bien apprécié par de nombreux Guinéens interrogés par Guinéenews. « A mon avis, l’arnaque dans les commissariats relève plutôt de la corruption endémique en Guinée. Les gens sont pressés d’avoir leurs documents, et il y a des agents de l’Etat qui en profitent pour leur demander plus d’argent. Il n’y a pas que ce projet qui souffre de la corruption…», relativise Moussa Camara, citoyen de Conakry, rencontré à Kaloum.

Si la biométrisation est appréciée, c’est parce qu’elle à crédibiliser la carte d’identité nationale guinéenne. Les plus heureux sont les voyageurs. La digitalisation de l’état civil avec un numéro unique pour chaque Guinéen, fait aujourd’hui de la carte d’identité nationale guinéenne un document de voyage respecté. « Je viens de la Côte d’Ivoire, et je peux vous assurer que j’étais fier de ma carte d’identité. Quand le policier l’a vu, il m’a dit : ‘’ ah monsieur Diallo, vous avez maintenant une bonne carte ! Avant, on avait quelques problèmes avec ceux qui voyageaient avec vos cartes d’identité  ‘’  », nous a raconté Abdoul Malick Diallo, commerçant.

Au-delà de la crédibilité

En Guinée, l’absence d’état civil fiable a  longtemps décrédibilisé les pièces d’identité guinéenne à l’intérieur et surtout à l’extérieur du pays. L’Etat guinéen initie alors le projet de biométrisation en 2010. Mais, à l’image de beaucoup d’autres projets de l’Etat, celui-ci est classé dans les tiroirs. C’est  Mamadouba Paye Camara, nommé au bureau de développement et de stratégie du ministère de la Sécurité, qui donne vie au projet dès 2019. Le gouvernement d’alors est convaincu que la biométrisation peut régler bien de problèmes au-delà de la question de crédibilité des pièces d’identité. En effet, s’il est bien mené, estime un économiste, la biométrisation permettra entre autres de résoudre le problème de fichier électoral.

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