Jadis considérée comme un havre de paix et une convoitise sous régionale, chérie et adulée, aujourd’hui, la ville de Guéckédou est l’ombre d’elle-même. Ce centre d’affaires a vécu en 2000, malheureusement, les douloureuses attaques rebelles des années anéantissant le développement socioéconomique de cette ville.
Dix-neuf ans après, cette ville peine à se relever de ce sinistre. Elle ressemble jusque-là à une ville fantôme. Aujourd’hui, petit à petit, elle reprend vie avec les différentes activités amorcées.
Dans ce reportage exclusif, Guineenews© vous fait découvrir les facettes de cette préfecture aux potentialités agricoles énormes qui se relèvent non seulement de ces tristes et terribles assauts rebelles mais aussi de l’épidémie du VIH Sida et d’Ebola. A cela, il faut ajouter le manque criard d’infrastructures de base.
« Gueckédou, une attraction économique »
« Pour les anciens, Guéckédou, étaient la préfecture pilote. Donc, elle était le grenier de la Guinée. C’est pourquoi Guéckédou avait abrité un grand projet agricole à l’époque, le PAG (Projet Agricole de Guéckédou). Ce projet concernait beaucoup de domaines dont la riziculture, la pisciculture, la Café-culture entre autres. Sans oublier que cette ville, c’était le marché ouest-africain. C’était un grand centre commercial. Les gens venaient du Mali, du Sénégal et un peu partout. C’est pourquoi d’ailleurs, que certains fonctionnaires pouvaient sacrifier trois ou même cinq mois de leurs salaires pour venir servir à Guéckédou. On y trouvait dans la transaction le dollar, la livre sterling, le franc CFA… C’était véritablement une attraction économique », se souvient le doyen Christophe Millimono, natif de Guéckédou.
Ces réalités appartiennent désormais. Car, Guéckédou a été le théâtre des violents affrontements suites aux attaques rebelles des années deux mille. La ville a été détruite et a sombré dans le chaos. « Les attaques ont eu lieu et se sont accentuées durant les années deux mille. La ville a même été la porte d’entrée de la rébellion. Beaucoup de centres ont été attaqués. La préfecture en général a subi des attaques rebelles. Il y a eu beaucoup de pertes en vies humaines et de déplacés. Et depuis ce sinistre, Guéckédou n’a plus retrouvé sa beauté d’antan », déplore M. Christophe. Avant d’ajouter : « au moment où la ville voulait se remettre de ces vestiges de la rébellion, il y a eu le sida et l’épidémie à virus Ebola ».
Interpelé par rapport à cette triste réalité, Désiré Papa Leno, le maire de ladite commune est conscient de la situation et garde l’espoir qu’avec les travaux amorcés depuis quelques années, « la ville est en train de renaître petit à petit après la rébellion. La confiance n’était pas là au départ. Mais avec la sécurité au niveau des différentes frontières, l’espoir renaît petit à petit. Les activités au niveau de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche reprennent aussi ».
Gueckédou manque d’infrastructures de base
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La ville de Gueckédou, à l’image de plusieurs autres préfectures du pays, manque cruellement d’infrastructures de base. L’eau potable, l’électricité, les services de soins sanitaires, les routes sont des denrées rares. Le réseau routier est très défectueux. A environ 18 kilomètres du centre-ville en provenance de Kissidougou, les usagers commencent à vivre un véritable calvaire qui se termine à 35 kilomètres de la commune urbaine vers Macenta. Au centre-ville et aux alentours du marché, certaines voiries connaissent une dégradation très poussée. L’état de certains bâtiments où habitations laisse à désirer. Des maisons en banco ou en dur abandonnées sont perceptibles sur le long des routes. D’autres encore complètement décoiffées donnent l’image d’une ville fantôme.
Une affluence commerciale en baisse
Autrefois très convoitée, Gueckédou est aujourd’hui une ville fantôme et désertée. L’affluence commerciale est incomparable aux années d’avant les attaques. « Ce qui pouvait exister en matière de commerce des années 90 ou encore 2000, les réalités sont loin d’être les même. Mais de plus en plus, de gens y viennent faire leur business (…). Pour ce qui est de l’électricité, nous avons le courant de 18 heures à 22heures pour un essai afin que les gens puissent s’abonner sur le réseau. Avec aussi, les différentes activités entamées dans le cadre du bitumage de la voirie urbaine, l’espoir renaît à Guéckédou », se félicite Désiré Papa Leno.
Dix neufs ans après, le doyen Christophe reste optimiste quant à l’avenir de la ville qui l’a vu naître avec le retour des personnes dans la ville et le projet de bitumage de 20 kilomètres de voiries urbaines et celui de Kondembadou- Guéckédou.
« Aujourd’hui, Gueckédou est en train de se reconstituer. Les populations sont revenues et reviennent occuper leurs anciennes bases. Et grâce au gouvernement, Guéckédou est en train de bénéficier de la construction de la voirie urbaine. Il lui a été accordé 20 kilomètres de voiries urbaines. La ville a obtenu deux groupes électrogènes pour la desserte en électricité. Le Chef de l’État a également lancé les travaux de construction de la route qui fait un calvaire du côté de Kissidougou et de Guéckédou vers Kondembadou », s’est-il réjoui.
Le Sida et l’épidémie Ebola enfoncent Gueckédou
Certes, les attaques rebelles ont fortement détruit la ville de Gueckédou. Mais, à celles-ci, il faut ajouter le VIH Sida et l’épidémie à fièvre Ebola. « Hormis les attaques rebelles, Guéckédou a subi deux épidémies. Il fallait les combattre avant de se tourner vers le développement. Parce qu’avant de parler de développement, il faut qu’il y ait la santé et la paix. Les gens avaient déserté de peur de la rébellion et des maladies. Il fallait donc qu’on retrouve la santé et la paix pour enfin parler de développement. C’est pourquoi aujourd’hui Guéckédou est en train de se remettre. Petit à petit, le développement est en train de revoir le jour. Guéckédou est en train de reprendre vie. Certes, Gueckédou, il y’a 15 ans et Guéckédou, il ya 19 ans, on y trouve une très grande différence », rappelle M. Papa Léno.
Avec les travaux de construction des voiries urbaines et de la route Kissidougou- Kondémbadou via Guéckédou, Guéckédou pourrait connaître un nouveau souffle. En dépit de tout, pour que cette ville retrouve sa splendeur commerciale et son bien-être d’antan, le chemin est encore long.