Ce sont des dizaines de commerçants et tailleurs qui ont été expulsés des trois hangars Briki Momo du Grand marché de Conakry, par des gendarmes. La scène s’est déroulée à 5 heures du matin du lundi 28 novembre 2022. Sur les lieux au lendemain des faits, les preuves parlent d’elles même.
Sur place, des gendarmes avec leurs pick-up bloquent toutes les rentrées du centre en lieu et place des agents de sécurité habituels. N’y accèdent que des étudiants, les clients, et les propriétaires de boutiques qui ne sont pas au compte des hangars Briki Momo. A l’intérieur du marché, près d’une dizaine de gendarmes sillonnent. Les trois hangars peints en rouge, jaune, et verts sont hermétiquement fermés à cadenas, et quelques affaires éparpillées tout autour. Sur les lieux, tout comme les commerçants expulsés, aucun journaliste n’est permis d’accès.
Malgré tout, nous avons pu approché Mariam Kémo Traoré, gestionnaire de restaurant dans l’un des hangars. « On ne s’attendait pas du tout à cela. Ils nous ont pris par surprise. Une dizaine de pick-up de gendarmes a fait éruption dans nos locaux hier à 5 heure du matin, pour nous dire que Balla Samoura les à envoyé pour nous mettre dehors. C’est ainsi qu’ils sont venus saccager nos marmites, des tailleurs ont perdu des machines. Bref, ils ont mis tout en dessous dessus en quelques minutes. Et aujourd’hui, on est venu chercher le reste de nos affaires. Mais, on nous dit que la Libanaise nous interdit tout accès donc qu’ils ne peuvent pas ouvrir« , a-t-elle relaté.
Selon la porte-parole des femmes vendeuses, cet endroit leur aurait été octroyé par l’ancien président, Pr Alpha Condé. Mais depuis l’inauguration du marché, les problèmes n’ont pas tardé à surgir entre les Libanais et eux les occupants des hangars. « D’abord, ils ont enlevé le premier bureau de l’administration du marché pour en faire un magasin. Puis, ils ont radié les vendeuses de fruits pour construire une usine et voulaient tous nous expulser par la même occasion. Nous avons bataillé à l’époque. Nous sommes partis au gouvernorat. Même le général Balla Samoura nous avait soutenu à l’époque et il nous a rassuré qu’il n’allait jamais accepter qu’on nous expulse des lieux. C’est ainsi qu’il a confié notre cas à colonel Bienvenue Lamah« , nous confie Bountou, porte-parole des femmes vendeuses.
Par ailleurs, ces femmes accusent l’adjoint de Bienvenue Lamah d’être corrompu par les Libanais depuis l’arrestation de celui-ci. « A notre fort étonnement, quand Bienvenu à été arrêté, son adjoint lieutenant Diallo a manigancé avec les Libanais qui sont là et j’en suis sûre qu’ils ont réussi à corrompre Balla Samoura pour qu’on se retrouve dans cette situation. Parcequ’il y a quelques semaines. Nous avons déposé nos documents que lieutenant Diallo nous avait demandé de fournir à son bureau. Sauf que, il nous a rien communiqué jusqu’au jour où nous-mêmes, on est reparti à son bureau et c’est là-bas, il nous apprend que nos dossiers sont maintenant à Mafanco. Ensuite, il nous fournit une série de faux documents d’après lesquels selon lui, les Libanais peuvent récupérer nos places« , affirme une des victimes.
Aujourd’hui, ces femmes ne savent plus à quel saint se vouer pour être rétabli dans leur réclamation légitime selon elles. D’après leur porte-parole, la gouverneur M’mahawa Sylla a ouvertement refusé de les aider en déclarant que « ce dossier est plus lourd qu’elle et que ses enfants ne veulent pas qu’elle se mêle de cette histoire« .
Le ministère du Commerce, quant à lui, n’est venu qu’après l’expulsion faire des constats et jusque là, aucune communication. Pour ces femmes, le seul espoir reste le président de la transition, colonel Mamadi Doumbaya.