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Gestion des accidents : quand un drame routier sert d’opportunité pour garantir une meilleure prise en charge aux victimes

Lorsqu’un accident de la circulation se produit, comme c’est le cas souvent chez nous et qu’il entraîne des effets, si minimes soient-ils, il s’ensuit toujours au final, la question de la réparation. L’auteur de l’accident a l’obligation de réparer les dommages causés à autrui.  Ceux-ci sont de deux ordres : corporels ou matériels. Le tribunal peut également, au civil, condamner le propriétaire du véhicule en cause, au paiement d’une compensation financière à la victime, pour les préjudices subis. Tout cela est une question de droit, bien compréhensible et admis de tous. Rien de plus normal et habituel !

Mais hélas, quand un tel processus est déclenché, on ne tarde guère à déchanter. Dès lors qu’on passe à la phase du règlement, les choses s’altèrent. La promptitude attendue et l’effectivité souhaitée dans la mise en œuvre de la réparation souffrent de dérobades et de prétextes divers qui compromettent sa réalisation. Le paiement prévu en souffre.

Pour certains, l’explication vient du fait que chez nous, les coûts de dédommagement constituent, presque toujours, un obstacle insurmontable pour bon nombre d’auteurs d’accident qui s’estiment insolvables, donc incapables de les honorer. Ils considèrent le montant dû comme inaccessible, bien au-dessus de leurs moyens.

Les arguments brandis pour étayer leur thèse ou pour se dérober à leurs obligations de payer sont nombreux. Les plus communs portent sur l’allusion qu’on fait sur le faible revenu des personnes assujetties au règlement, mais aussi sur la difficile conjoncture économique que vit encore notre pays, du fait de la pandémie du coronavirus.

Tout cela aurait bien pu se gérer, si les comportements des usagers dans la circulation étaient empreints de la prudence attendue et mieux encore, si l’habitude d’assurer leurs véhicules était une réalité tangible.  Or, sur ces deux plans, on sait que les choses ne se passent pas comme il se doit.

Voilà pourquoi, les victimes d’accident chez nous, peinent à se soigner et leurs auteurs non assurés, rechignent à acquitter les frais couvrant les soins et réparations résultant des conséquences de leurs imprudences. Toutes choses qui accroissent la paupérisation des populations qui sont exposées à des risques permanents sur le réseau routier.

 Le vécu douloureux d’un non assuré

Le manque d’assurance expose souvent à des conséquences  énormes, de tous ordres. Et c’est souvent, après l’accident que l’on se rend compte de son utilité, notamment quand se déclenche le processus de protection qu’elle fournit au souscripteur.

Nous avons encore en mémoire, le cas typique d’un jeune aide-ingénieur en service à l’aéroport Gbessia de Conakry qui a commis un accident assez insolite. L’histoire remonte aux années 1990 et les faits se sont produits au quartier Cameroun. C’est le commissaire de la routière d’alors, de Belle-Vue (rond-point), feu commandant Abdoulaye Bangoura qui a géré ce long et intéressant dossier.

Pour résumer les faits, nous dirons que notre jeune aide-ingénieur, au volant de sa voiture a vécu la plus invraisemblable des situations, que l’on puisse imaginer. Il a fait un accident dans lequel il a embouti, tour à tour, trois véhicules. Pas n’importe lesquels, pour deux d’entre eux !

Le premier appartenait à un ministre, membre du CMRN (comité militaire de redressement national), le second à un ambassadeur accrédité dans notre pays et enfin le troisième, un taxi. On comprend bien que lorsqu’on dit véhicule de ministre et d’ambassadeur, cela sous-entend généralement un véhicule neuf, haut de gamme, fort coûteux à réparer.

Devant une telle énormité, notre ami se dit que le ciel lui était tombé sur la tête. Comment faire face à tout cela ? S’il n’y avait que le taxi à prendre en charge, cela pouvait s’arranger. Mais là, avec ses revenus modestes de cadre moyen, que va-t’il lui arriver ? Comment se tirer de ce mauvais pas ? Telles sont les questions qui taraudent son esprit, sans arrêt.  Surtout, qu’en plus, il n’était pas assuré !

Face à toutes ces interrogations sans réponse, il décida, dans un premier temps de prendre la fuite. Heureusement, pas pour longtemps.  Juste le temps d’une fugue, histoire de reprendre ses esprits !

Il revint peu après, se mettre à la disposition de la police et faire face à ses responsabilités. On lui dit alors qu’il devait réparer. Son véhicule entre-temps était déjà placé en fourrière.

Pour réunir les montants nécessaires aux réparations, ce fut vraiment le comble du calvaire, pour notre jeune aide-ingénieur. Il a revendu ou hypothéqué tout ce qu’il avait acquis de précieux dans sa vie de fonctionnaire : ses économies, son salon, son lit…. Il a tout perdu !

Et le paroxysme de la douleur n’a pas longtemps attendu pour se manifester et le déstabiliser définitivement. C’est en plein cœur qu’il reçut le coût de grâce : sa femme décida de le quitter, vu qu’il était réduit à néant. Le dénuement total !

Et quand, plus d’une année après, il est revenu chercher sa voiture à la fourrière, elle était bien là, mais un arbuste (manguier) avait eu le temps de pousser par les trous que la rouille avait largement ouvert dans sa malle arrière.

Hélas, tout ce drame, à cause du manque d’assurance et du fait que l’accident survenu a trouvé son auteur, sans moyens pour y faire face.

Et dire que là, nous ne parlons que de dégâts matériels. C’est un tout autre problème, quand il s’agit d’accident avec blessé grave. Souvent la victime est polytraumatisée. C’est un malade grabataire qui doit subir deux à trois opérations successives. Sans compter que ses chances de guérison peuvent s’avérer réservées : des séquelles, des infirmités peuvent survenir qu’il faut gérer. Supposons qu’il y ait plusieurs blessés à prendre en charge. A n’en pas douter, le budget nécessaire à cela peut appauvrir, même le plus riche.

Une opportunité pour les assureurs  

Toutes ces tragédies que nous déplorons, peuvent servir de tremplin pour les assureurs afin de reprendre du tonus et accroître leur crédibilité auprès des usagers.

Prenons le cas des douze blessés de l’accident mortel de Koubia-Tanènè, le 02 juin dernier. A ce jour, personne ou presque, ne sait rien de ce qu’ils sont devenus, hormis les familles et les proches qui partagent leurs souffrances, la gendarmerie routière qui suit le dossier et les services de santé qui assurent les soins quotidiens. A côté de ceux-ci, nous avons l’assureur.

La gendarmerie annonce que le camion qui a heurté le minibus est assuré. Dès lors, c’est une réelle opportunité qui s’offre à la compagnie concernée de faire tout ce qui se doit afin de s’attirer la confiance des usagers par la bonne impression que son action va traduire chez les blessés et leurs ayant-droits. Cela passe par une réelle offensive et de l’innovation.

Il suffit qu’elle s’occupe bien des victimes, qu’elle mette tout en œuvre pour un suivi régulier de leur traitement, jusqu’à complète guérison. Si tout cela est effectif et largement communiqué, si en plus, le minibus, jugé irrécupérable, est remplacé, il n’y a pas de raison que la défiance ne disparaisse pas, au profit d’une crédibilité accrue à son endroit.

Dans cet ordre d’idées, il n’est pas interdit de rêver. En attendant que tout le monde s’assure, conformément à la loi en vigueur, rêvons donc que par le biais de la digitalisation, on arrive un jour, à créer une application qui permette d’établir une liaison instantanée entre l’assuré et son assureur.

Ce jour-là, en relation avec son médecin-conseil, ce dernier sera à même de déplacer immédiatement une ambulance sur les lieux d’accident pour une prise en charge rapide et efficace des blessés.  Et c’est tout le monde qui gagne !

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