« Nous devons agir pour sauver notre fleuve »
Si rien n’est fait, le fleuve Niger est en danger, a constaté notre correspondant basé à Faranah, au centre de la Guinée. Aujourd’hui, l’eau du fleuve a considérablement changé de couleur, adoptant une teinte rougeâtre et devenant très trouble. Ce phénomène, en cours depuis un mois, est attribué aux travaux d’extraction de sable effectués en amont par une société étrangère.
Cette pollution, clairement visible à Faranah, suscite une inquiétude croissante non seulement parmi les habitants du centre-ville, mais également parmi ceux des zones rurales riveraines du fleuve. Les riverains hésitent désormais de se baigner dans ses eaux en raison de leur saleté.
De même, les femmes évitent de rincer leurs ustensiles de cuisine et de laver leurs vêtements dans cette eau polluée, nous affirme-t-on. Certains rapportent même qu’ils sont victimes de démangeaisons après avoir porté des vêtements lavés dans le fleuve. Les populations appellent à la mise en place urgente de mesures strictes pour endiguer cette pollution, étant donné que le fleuve Niger alimente également les populations d’autres États de la sous-région.
Moussa Camara, pêcheur, témoigne : « Cette pollution dépasse notre entendement. Nous, pêcheurs, dépendons de ce fleuve pour notre subsistance, tout comme l’ensemble de Faranah. Malheureusement, l’eau est si sale qu’elle commence à tuer les poissons. Nous sommes désormais incapables de subvenir à nos besoins fondamentaux. Même notre nourriture est menacée. Les opérations de dragage à Kamara, effectuées par des exploitants aurifères sous prétexte d’extraction de sable, ne font qu’aggraver la situation. On peut extraire du sable sans perturber le lit du fleuve de cette manière. Cette situation est alarmante pour nous tous.«
Dame Bomba Touré, rencontrée sur les rives du fleuve, évoque l’historique de la pollution du fleuve Niger : « Depuis deux semaines, l’eau du Niger est totalement trouble. Personne ne semble savoir exactement ce qui se passe. Nous ne pouvons plus utiliser cette eau pour rincer nos ustensiles de cuisine. Même le lavage des vêtements est devenu problématique. En cette période de saison sèche, où l’eau est rare, le fleuve est notre principale source d’approvisionnement. Nous demandons aux autorités de prendre des mesures immédiates. »
Saran Diabaté, une riveraine du fleuve, témoigne : « Je vis au bord de ce fleuve depuis ma naissance. Aujourd’hui, je suis choquée de voir l’eau dans cet état. Nous ne devons pas permettre que notre fleuve soit dégradé de cette manière. Les autorités doivent agir pour protéger cette ressource vitale. »
Dame Marama Camara renchérit : « Le fleuve est complètement pollué. Autrefois, en période de pénurie d’eau, nous puisions de l’eau potable dans ce fleuve. Aujourd’hui, il est impossible de s’y laver en raison de la saleté et des débris qui s’y accumulent. Toute la ville de Faranah dépend de ce fleuve. Si nous ne faisons rien, que deviendra-t-il de nous ? Nous devons agir pour sauver notre fleuve. »
L’inspecteur régional de l’environnement, sollicité pour des explications sur les causes, les conséquences et les mesures prises, s’est abstenu de tout commentaire.
Il est également à noter que les autorités sont vivement critiquées par les citoyens pour avoir autorisé l’installation d’engins sur le fleuve Niger dans le district de Kamara pour l’extraction de sable.
Il est urgent de sauver le fleuve Niger, qui est un élément vital de l’identité guinéenne. Ce fleuve constitue un patrimoine qui soutient des activités économiques telles que l’agriculture, la pêche, l’élevage, la navigation et le jardinage. Sans une action immédiate, ce fleuve est menacé de disparition.