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Fadima Barry: « J’ai entendu une voix ordonner de nous tuer tous »

Fadima Barry, médecin âgée de 64 ans, a comparu ce 24 mai 2023 devant le tribunal criminel de Dixinn pour témoigner des événements tragiques survenus au stade du 28 septembre 2009. Elle a été victime de coups et blessures lors de cette journée-là.

Le 28 septembre 2009, Dr Fadima Barry s’est rendue au stade pour répondre à l’appel des Forces vives de Guinée. Au stade, elle était à la loge des officiels où se trouvaient les leaders politiques dont Cellou Dalein Diallo, Lounceny Fall.

Alors que les discours politiques avaient débuté, Dr Fadima Barry a vu une fumée épaisse envahir les lieux, suivie de l’entrée de plusieurs individus armés de mitraillettes, ouvrant le feu sur la foule. Puis il y a eu la panique.

Dans ce chaos indescriptible, Fadima s’est agenouillée sur Lounceny Fall, qui lui a assuré qu’ils (les militaires, ndlr) ne leur feraient aucun mal.

C’est ainsi, dit-elle, les assaillants ont commencé à s’en prendre aux leaders politiques présents, infligeant des coups à Cellou Dalein et à d’autres leaderspolitiques. Par miracle, Fadima a été propulsée en arrière, échappant ainsi aux coups mortels.

Se relevant, elle a constaté que beaucoup d’autres personnes se trouvaient derrière elle. La foule, prise de panique, a tenté de fuir, mais toutes les voies de sortie semblaient bloquées. Les escaliers menant à la sortie étaient inaccessibles, plongeant les victimes dans une terreur encore plus profonde. C’est alors qu’une voix s’est fait entendre, ordonnant: « tuer-les tous » et de ne laisser personne sortir. Les tireurs ont ouvert le feu, mais Mme Fadima a miraculeusement échappé à leurs balles meurtrières.

La situation était devenue insoutenable, avec des jeunes qui tentaient de sauter du balcon pour échapper à la violence. Certains ont réussi à s’échapper, tandis que d’autres les avertissaient des dangers d’une telle tentative. Des individus armés se tenaient en bas, rechargeant leurs armes, créant une atmosphère de terreur permanente.

« J’ai senti une main qui me tenait la main gauche. Nous sommes partis vers l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry. À chaque fois qu’on voulait se cacher quelque part, il y avait des gens armés. Il y a un homme qui m’a terrassée, je suis tombée. Les agents habillés en tenue militaire m’ont rouillée de coups au dos. Ils ont utilisé leurs gourdins, leurs armes pour me taper », a-t-elle témoigné.

Plus tard, alors qu’elle était à demi-consciente, elle a entendu un coup de feu retentir. C’est à ce moment-là qu’une jeune fille armée, présente dans un pick-up à proximité, lui a confié qu’elle avait eu de la chance: « Je me réveille, j’entends un coup de feu. Et là, il s’est passé quelque chose. Il y avait des pick-ups à côté. Il y avait une fille armée qui était là dans le pick-up. Elle m’a dit: « tu as eu la chance. Si tu partais vers l’autre côté, tu allais être violée, c’est leurs objets qu’ils allaient introduire en toi ».

Fadima décrit également comment les agresseurs ont transporté les victimes. Deux personnes les saisissaient par les mains et deux autres par les pieds, les traînant et les jetant dans les pick-ups. Alors qu’elle était dans cette situation, la tête coincée contre la carrosserie, un homme est tombé sur elle, la privant momentanément de sa respiration.

Les victimes ont ensuite été conduites à la CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) de Camayenne. Mme Fadima, dans un état d’incapacité physique, a été poussée violemment, tombant dans les bras de quelqu’un. On leur a ordonné de marcher en rang, les mains sur la tête. « Je ne pensais jamais que cela pourrait m’arriver », a-t-elles affirmé.

Une fois à l’intérieur, elle a été placée dans une grande salle où sept autres femmes, victimes de violences sexuelles, se trouvaient déjà: « On m’aide à m’asseoir dans une grande salle. Il y avait sept filles violées dedans. On est restée là un moment et on nous a demandé de sortir dans la cour ».

Après un certain temps, on leur a demandé de sortir dans la cour. Le commandant est intervenu pour exiger la libération des femmes et l’emprisonnement des hommes. Cependant, un commandant adjoint de la CMIS s’est opposé à cette libération, créant une situation de tension et de désespoir pour les victimes.

Fadima dit avoir ensuite été transférée dans une concession voisine, car elle souhaitait initialement se rendre à Donka pour recevoir des soins médicaux. Cependant, on lui a dit qu’il était préférable d’attendre, car les autorités recherchaient encore les blessés. Elle n’a pu obtenir les soins nécessaires que le lendemain, lorsqu’elle a finalement été envoyée à la clinique Pasteur.

Après ces événements traumatisants, Fadima ne pouvait plus rester chez elle. Elle passait ses nuits chez une amie, cherchant un refuge loin des souvenirs douloureux qui hantaient ses pensées.

En ce moment, c’est Mamadou Alimou Bah qui comparaît. Blessé au stade le 28 septembre, il dit avoir reçu une balle au pied à Cosa le lendemain. Il accuse le Colonel Claude Pivi et ses hommes.

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