Ibrahima Tounkara est un jeune entrepreneur. Il évolue dans la réalisation des micro-barrages. Après le premier réalisé dans le village de Bolodou, situé dans la préfecture de Gueckédou, il est en train de faire un second micro- barrage à Boundo dans la sous-préfecture de Banama, située à Kissidougou. Dans cet entretien accordé à Guineenews, il nous parle des difficultés rencontrées, de ses investissements, de ses perspectives, etc.
Guineenews© : Ibrahima Tounkara, parlez- nous du site de Boundo que vous êtes en train de réaliser ?
Ibrahima Tounkara : Vous savez, quand j’ai reçu l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour l’extension du site de Bolodou sis à Guéckédou, j’ai directement pris certains matériels qu’ils ont enlevé là-bas. Et je les ai envoyés à Boundo dans la sous- préfecture de Banama à Kissidougou pour créer un deuxième micro-barrage.
Ensuite, quand je suis arrivé à Boundo, j’ai rencontré les citoyens de ce village et on a partagé ensemble mon rêve de réaliser ce micro- barrage. Directement, ils ont tous adhéré à mon projet. Je vous rappelle que Boundo est à trois kilomètres de la commune rurale de Banama et à 68 kilomètres de la commune urbaine de Kissidougou.
Guineenews© : comment arrivez-vous à avoir la main-d’œuvre dans ce village?
Ibrahima Tounkara : Je travaille avec la communauté. Les jeunes sont très motivés et très courageux dans la réalisation de ce projet qui nous tient tous à cœur. La communauté a mobilisé les agrégats. Quant à moi, j’ai acheté l’alternateur, les tuyaux et la turbine. C’est moi qui paie aussi le transport pour l’envoi des agrégats. Vous savez, ce n’est pas facile de transporter les agrégats jusqu’au niveau du site. J’étais obligé de louer un véhicule pour le transport de ces matériels et matériaux.
Guineenews© : Parlez- nous des dépenses effectuées depuis le démarrage des travaux ?
Ibrahima Tounkara : pour le site de Boundo, j’ai dépensé d’abord plus de quinze millions. Parce que pour les tuyaux, quand je travaillais à Bolodou, un partenaire m’a offert plusieurs tuyaux que j’ai envoyés ici. La turbine, je l’ai fabriquée moi-même. Quant au ciment, je me suis endetté chez un fournisseur. Enfin l’alternateur, j’ai déboursé quatre millions pour l’avoir.
Guineenews© : à quel moment avez–vous débuté les travaux à Boundo et quelles sont vos perspectives ?
Ibrahima Tounkara : on a commencé les travaux au mois de mars 2021. On a travaillé deux mois de façon intense notamment avril et mai. Présentement, le courant se trouve au niveau du site. Mais si vous constatez ici, nous sommes en plein chantier. Dès qu’on termine ça, on va s’occuper de l’installation des poteaux. En un mot du transport de l’énergie électrique jusqu’au niveau de la commune rurale de Banama. Et je ne compte pas me limiter à Banama. Je veux servir d’autres communes rurales qui sont voisines de Banama.
Guineenews© : quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez ?
Ibrahima Tounkara : Vous avez constaté que nous avons fait passer les tuyaux c’est-à-dire notre conduite forcée sur les branches d’arbres. Ce sont des tuyaux de pression. Mais la pression nominale n’est pas assez grande. Cela veut dire sous le poids de l’eau, les tuyaux peuvent se tordre. Ensuite les tuyaux qui sont empilés peuvent se retirer les uns dans les autres. Donc pour soutenir les tuyaux par manque des moyens, on est obligé de faire recours à la nature, c’est à dire, les troncs d’arbres ou les branches d’arbres.
Au niveau de la centrale ici, nous avons fait un hangar qui abrite la turbine et l’alternateur. Vous-même, vous voyez le hangar n’est pas bien fait par manque des moyens. A l’intérieur ici, on n’a même pas mis le béton. Les débrayages créent souvent la fuite d’eau. Donc, je suis vraiment en manque des moyens et on se débrouille avec nos maigres moyens.
Si nous arrivons à avoir un peu des moyens, ce site peut donner du courant à plusieurs communes rurales notamment à Banama, Dandou, Firawa, Bardou et Beindou.
Enfin le gros problème dans ce site, il y aura un mois pendant l’année là où le cours d’eau est sec. Le débit sera trop faible, ça ne vaut même pas les 10 litres par seconde. Donc, il n’y aura pas de courant pendant cette période.
Guineenews© : quel est votre mot de la fin ?
Ibrahima Tounkara : Je lance un appel au gouvernement guinéen, aux personnes de bonne volonté, aux ONGs de me venir en aide pour que je puisse réaliser ce projet. Un projet qui est bénéfique pour nos communautés. Je remercie les médias guinéens et la presse étrangère notamment Guineenews et BBC Afrique qui ne sèchent de m’accompagner depuis mon premier site de Bolodou à travers des interviews. Je suis très réconforté pour ça.