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Embouteillages à Conakry : un casse-tête pour les usagers de la route 

Le casse-tête chinois des embouteillages dans la capitale, aucun usager de la circulation n’y échappe réellement. Nombreux sont en effet les usagers à subir chaque jour la densité du trafic. Quelles en sont les causes ? Quel impact cela peut avoir sur le quotidien des populations ? Quelles solutions faut-il entrevoir pour désengorger Conakry ?, sont là autant de questions auxquelles nous essayons de trouver la réponse dans ce dossier.

Les embouteillages c’est l’une des principales excuses des retards à Conakry.  « J’étais coincé dans les embouteillages», simple comme réponse mais en même temps vrai. Les embouteillages sont un véritable casse-tête pour les usagers qui passent souvent quatre heures dans les bouchons. Des heures qui impactent le quotidien de la population et de l’économie nationale. En 2017 par exemple, on estimait qu’on avait perdu 5% du PIB guinéen à cause des embouteillages. Quelles solutions donc pour fluidifier le trafic dans la capitale ?

Les routes de Conakry : l’enfer terrestre !

Des kilomètres de véhicules pressés parechoc contre parechoc qui avancent au ralenti. Voici le spectre qu’offrent chaque jour, les routes de la capitale. « Chaque matin pour sortir, c’est tout un problème. Le soir c’est la même chose. Que Dieu nous aide à avoir des routes dignes de nom… Je crois que c’est le nombre de véhicules qu’il y a à Conakry. Il faut déconcentrer notre capitale », nous lâche un conducteur interrogé dans le bouchon entre Bellevue et Hamdallaye. De jour comme de nuit, ces embouteillages paralysent la circulation et rendent difficiles les déplacements d’une commune à une autre, d’un quartier à un autre. Beaucoup d’usagers jurent s’interdire certaines lignes de Conakry. « Hamdallaye, Tayoua, Ratoma, Kipé, Kaporo, Nongo, Lambayi voire même Kobaya, Yattaya, Sonfonia…C’est exclu dans ma tête. C’est-à-dire…Je ne veux pas m’aventurer sur ces tronçons….Ce n’est pas la peine. Là-bas, c’est l’indiscipline et l’inconscience des conducteurs. Surtout ceux des tricycles. Sinon en passant le permis tout est dit et appris…Jamais je n’emprunte cette route », jure un conducteur, interrogé à l’entrée de l’aéroport. Perte de temps et budget grignoté, nous assistons aujourd’hui à la guerre que livrent les habitants de Conakry contre ce « voleur » de temps.

Heures de pointe : le cauchemar des travailleurs

En moins d’une heure, les routes se transforment en embouteillage. Moussa Kempès Sylla se presse de gagner les abris-bus pour regagner son service au port autonome. Il quitte très tôt la maison pour être à l’heure pour ne pas perdre son emploi. « Il est 5 heures du matin. Si je ne me lève pas tôt, on va me demander de donner des explications. Je l’ai déjà fait deux fois. On m’a fait écrire deux fois ma demande d’explication à cause des retards au service. Même à 5 heures du matin ce n’est pas tôt. Il va falloir me lever plus tôt que ça prochainement, si je tiens à arriver à l’heure au port

Comme Kempès, nombreux sont des travailleurs résidant dans la banlieue de Conakry qui bravent la nuit et l’aurore glaciale pour se rendre au service chaque jour que Dieu fait.

« J’avais un rendez-vous avec une personnalité. Mais l’embouteillage a fait que je ne suis pas arrivé à l’heure.», se lamente A. Sylla, en service au Secrétariat du Gouvernement.

L’embouteillage, cette maladie ne touche que les grands axes. Nous sommes à Madina sur le pont où règnent l’incivisme et l’indiscipline des usagers. Ce grand lieu de commerce occupe la meilleure place parmi les Top 5 d’embouteillages à Conakry.

Ce lundi matin, à notre présence, l’imprudence d’un chauffeur de taxi provoque la colère du vieux Mountaga Bah qui était dans tous ses états. « Je me suis engagé et ce chauffeur  qui  fuyait  les agents de la police routière est venu cogner ma voiture. C’est l’inconscience ! Sinon il sait bien qu’ici c’est un rond point », s’exprime ainsi le sexagénaire, avec un ton nerveux. « On va essayer de s’arranger et voir ce qu’il y a lieu de faire après, mon vieux». Au moment où le chauffeur négocie d’aller à la conciliation, un autre accident se produit à proximité. La circulation est aux arrêts. En attendant le constat de la police, on se débrouille comme on peut pour sortir de ce piège. Un piège dont on échappe difficilement.

Après une journée de travail, les gares de Madina-Pharma Guinée et les « cars plaques » de Kaloum accueillent des milliers d’usagers. A Madina gare-Eniprag, M’Bemba, dit Deco, exerce ici depuis plus de quinze ans. Il est chauffeur de taxi. Les embouteillages, il les connaît bien. Selon lui, les recettes se mesurent en quantité de carburant qu’il perd chaque jour. « A cause de l’embouteillage, la consommation augmente. Si on doit dépenser par jour 120.000gnf, avec l’embouteillage on va jusqu’à 180.000gnf. Même les nombres de voyages sont réduits ». Ce qui constitue des pertes sèches. Surtout M’Bemba nous assure qu’il ne peut pas augmenter les frais de transport. « On ne peut pas revoir à la hausse les frais de transport », conclut-il. Et pourtant, nombreux sont des usagers qui voient le coût de transport doubler sur certains tronçons en cas d’embouteillage.

Après donc une journée de travail , c’est le moment pour Aissatou B et Khadiatou D. de regagner leurs domiciles. Elles empruntent le tricycle sur les tronçons les plus fréquentés de Conakry. L’axe Dixinn-Kobaya et ses immanquables bouchons pèsent énormément sur leur vie de famille. « Quand tu rentres, il faut faire à manger, les retards, les petites disputes avec Monsieur…C’est vraiment difficile », se complaignent-elles. Il faut parfois faire face à des conditions difficiles sur les tricycles sans confort et la conduite en zig-zag au milieu des voitures et autres camions.

Et la police routière dans tout ça ?

Au ministère de la Sécurité et plus particulièrement à la Direction de la Police Routière, les responsables on ne sait pourquoi refusent de répondre à la presse ne serait-ce que pour expliquer leurs méthodes de travail dans les carrefours et les stratégies à mettre en place pour soulager les usagers. Quant aux agents interrogés ici et là lors de notre enquête, ils soutiennent tous qu’ils font ce qu’ils peuvent et selon les moyens mis à leur disposition.  Nos agents ont-ils réellement les moyens qu’il faut pour atténuer les embouteillages à Conakry ? Pas très sûr.

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