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Double scrutin : des élections qui sont  loin d’un long fleuve tranquille

La tension est montée d’un cran ce samedi, dans plusieurs localités du pays, y compris la capitale, donnant lieu à des échauffourées entre forces de l’ordre et manifestants à la veille du double-scrutin de ce dimanche. Cela dénote simplement que ces élections controversées sont loin d’un long fleuve tranquille.

Ce samedi maints endroits de la capitale ont enregistré des incidents avec à la clé des pillages de commerces et des destructions d’édifices privés. Créant une véritable psychose dans la cité, où de nombreux habitants sont restés cloîtres chez eux. Il a fallu recourir aux forces armées pour ramener un semblant d’accalmie dans la banlieue de Conakry. Pendant que la commune de Kaloum, qui abrite l’administration publique et les institutions républicaines, en partie, était quadrillée par un important dispositif sécuritaire, constitué de gendarmes et de bérets rouges. Des forces armées qui ont reçu des consignes fermes de filtrer les entrées, à partir du pont du 08 novembre. Ainsi, pour accéder donc à Kaloum, ce samedi, il fallait montrer patte blanche.

En plus de la capitale, les convulsions sociopolitiques étaient palpables dans les provinces de Labé, Lélouma, Télimélé, Pita, Mamou pour ne citer que ces zones de la Moyenne, où du matériel électoral a été incendié par endroit. Même la Guinée forestière a exprimé son opposition à ce double scrutin, à travers des actes de vandalisme qui se sont soldés par l’incendie des locaux de la justice de paix de Yomou et du site abritant le matériel électoral de Palé, dans la province de N’Zérékoré.

Ces échauffourées font suite à un appel du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), pour contrer la tenue des élections de ce dimanche.

Malgré ce climat assez délétère qui prévaut dans le pays, le chef de l’Etat a fait fi de la réalité du terrain, pour  rassurer les Guinéens sur la nécessité d’aller voter ce dimanche. Dans un discours laconique, Alpha Condé a invité les populations à voter « dans le calme et la sérénité, en faveur d’un choix qui sera déterminant pour l’avenir de tous nos frères, nos sœurs, nos filles et fils », a-t-il souligné.

Le président de la République a rappelé dans la foulée que c’est « au peuple de décider de la Guinée qu’il voudrait construire. Cela conformément aux principes fondamentaux de la démocratie, où seuls les citoyennes et citoyens de Guinée peuvent décider. »

Bien que mis au ban de la Communauté internationale pour son refus d’entendre raison, le président a fait un clin d’œil à la Cédéao et à l’Oif, dont il a salué l’apport en termes de recommandations, pour une meilleure transparence des élections.

Comme si notre pays allait réinventer la roue en termes de valeurs démocratiques, le chef de l’Etat s’est montré optimiste quant au caractère transparent que vont revêtir ces élections. Qui selon lui vont se dérouler « dans la transparence, dans le respect absolu des règles démocratiques et des usages républicains. »

Qualifiant les réserves portées par les partenaires de la Guinée et des ONG de défense des droits humains sur les conditions d’organisation de ces élections,   de  « commentaires malintentionnés à l’égard de notre pays, le président promet que le scrutin de ce dimanche sera conforme à la loi et la réglementation de notre pays. »

Dans la stratégie visant à confondre son destin à celui de son peuple, Alpha promet que ‘’la Guinée va voter une fois de plus pour prendre en main son destin. Et que c’est un moment historique. Et qu’il s’agira du choix d’une Guinée qui se développe, le choix d’une grande Guinée forte et rayonnante, fière et unie.’’

Le risque de l’effet boomerang  

La Guinée pourrait faire les frais de son entêtement. Le risque d’un effet boomerang n’est donc pas à écarter. Ce qui va rimer à n’en pas douter, à des sanctions  à l’encontre des responsables politiques du pays. Comme l’avait laissé présager l’Union Européenne, lors de la levée de boucliers de son parlement contre son projet de présidence à vie. Même la Cédéao et l’UA pourraient elles aussi se liguer contre les autorités guinéennes, à l’allure où vont les choses.

D’ailleurs, à la veille de ce double-scrutin, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a exprimé sa ‘’préoccupation face aux tensions et aux divergences qui prévalent entre les acteurs politiques et à leurs conséquences potentielles sur la stabilité à long terme du pays.’’

Il  a invité  ‘’instamment toutes les parties concernées à s’abstenir de toute action susceptible de compliquer davantage la situation actuelle.’’

Le Nigeria, géant de l’Afrique de l’Ouest,  a aussi convié ‘’tous les acteurs politiques et autres parties prenantes du pays à s’abstenir de toute violence et à s’engager dans des élections transparentes, libres, équitables et pacifiques qui doivent être inclusives, afin de consolider la paix et la stabilité en République de Guinée’’.

Des recommandations qui sont malheureusement tombées dans des oreilles de sourds. Puisque le président a préféré aller à ces élections sans son opposition.

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