L’accueil réservé au discours du premier ministre par l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) ne sera pas différent de celui dont a eu droit le président de la République la semaine dernière. C’est ce que nous confie le député Ousmane Gaoual Diallo, coordinateur de la cellule de communication du parti du chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, dans un entretien téléphonique accordé à Guineenews©.
Guineenews© : Ousmane ne Diallo, Bonsoir ! Suite à l’adresse à la nation faite par le président de la République, le Premier ministre Kassory Fofana vient de faire une déclaration dans le cadre de la mission de consultation qui lui est confiée. Quelle est la réaction de l’UFDG ?
Ousmane Gaoual Diallo : Pour nous, il n’y a pas eu de changement. Le discours du Premier ministre est dans la droite ligne de celui du chef de l’État. Notre réponse sera donc la même : il n’y a ni consultation, ni dialogue, ni compromis, ni aucune forme de discussion sur les principes de l’introduction de la nouvelle constitution dans notre pays. C’est une démarche qui est illégale. C’est une démarche à laquelle nous ne nous associerons pas. Donc, ce discours ne change en rien notre détermination, notre engagement de faire en sorte que ce projet ne puisse jamais avoir lieu dans notre pays. Même s’il est présenté de sorte qu’il y ait acceptation. Pour nous, pour les membres de l’opposition guinéenne et tous ceux qui sont réunis au tour du front national de la défense de la constitution (FNDC), ce n’est pas le prince du dialogue qui est en cause. Ce qui est en cause, ce sont les sujets abordés par les intervenants, donc on ne pourra pas répondre favorablement à cette initiative.
Guineenews© : Parlant de la forme, les choses se présentent différemment. Au niveau de la déclaration du Premier ministre, il a été constaté qu’il ne fait pas allusion à la nouvelle constitution encore moins au référendum. Est-ce que cela ne change pas la donne ?
Ousmane Gaoual Diallo : D’abord il n’y a pas d’autres sujets présentement qui nécessitent le dialogue. Ensuite, il y a déjà un dialogue sur sa (le premier ministre ndlr) table. Et il faut noter qu’il est incapable de faire respecter les conclusions des dialogues précédents. Malgré les pouvoirs que lui donne l’article 58 de la constitution. Les dialogues précédents ont connu des conclusions et ces conclusions tardent toujours à être mises en œuvre. Et il faut rappeler qu’il y a quelques mois, monsieur Kassory Fofana avait adressé un courrier à l’opposition indiquant qu’il a donné des instructions pour que les chefs de quartiers soient installés. On constate que tout cela n’a pas été suivi d’effets. Ça veut dire que les membres de son gouvernement ne l’écoutent pas…
Guineenews© : Comme en réaction au refus de l’opposition de participer par principe à ces consultations, le Premier ministre a évoqué le devoir patriotique de tous les acteurs sociopolitiques de prendre part à toutes les initiatives qui permettent de trouver de solution au problème du pays…
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Ousmane Gaoual Diallo : Il n’y a pas de problème en l’état. Les premières responsabilités qu’exigent notre loi, c’est de respecter la constitution et de se conformer à ses principes, à son esprit et à sa lettre. Ça c’est un élément déjà sur lequel le peuple de Guinée veut entendre le Premier ministre. Or ce dernier a été le premier à dire qu’il était prêt à violer la constitution. Je ne sais pas quelle moralisation il peut faire ou de quelle moralité il peut se prévaloir pour tenir ce type de discours à l’endroit de l’opposition et de la société civile. Ça, ce n’est pas quelque chose de cohérent. Il aurait fallu que lui-même soit le premier à respecter la constitution dans toutes ses dispositions et à se porter garant du respect de cette constitution-là, aux côtés du chef de l’Etat pour donner un sens plus crédible à ce qu’il entreprend. Mais c’est tout le contraire qui se produit dans notre pays. Donc pour nous, cela ne change rien. L’opposition va prendre ses responsabilités et l’histoire guinéenne sait qui est du bon ou du mauvais côté de l’histoire.
Guineenews© : Et si d’aventure au sein du front national pour la défense de la constitution (FNDG), certains acteurs changeaient d’avis à partir de la déclaration du Premier ministre. Est-ce que cela ne ferait pas fléchir la position du l’UFDG ?
Ousmane Gaoual Diallo : D’abord, en ce moment-là, c’est le FNDC qui va réagir conséquemment parce qu’il y a des principes quand on est membre de ce mouvement. Mais ce qui est clair, c’est que l’UFDG continuera ce combat parce qu’il est essentiel pour la démocratie… Donc quelles que soient les positions des autres acteurs, l’UFDG restera déterminée et inflexible sur la position qu’elle a adoptée.
Guineenews© : Même les relations d’amitié connues de tous entre le Premier ministre Kasory Fofana et le président de l’UFDG Cellou Dalein Diallo ne pourraient pas faire changer cette donne ?
Ousmane Gaoual Diallo : Ces relations n’ont pas empêché l’assassinat des militants de l’opposition et n’ont pas permis de lever les postes armés (P A) sur l’autoroute le prince. Elle n’a pas permis de voir le Premier ministre peser de tout son poids pour faire aboutir l’installation des chefs des quartiers et conseils régionaux. Ou de se mobiliser pour que les élections en Guinée se tiennent à date. Donc tout cela, ce sont des principes démocratiques et républicains qui sont de sa responsabilité et qui auraient pu contribuer à rapprocher les points de vue mais malheureusement rien n’a été fait dans ce sens.
Entretien réalisé par Thierno Souleymane Diallo