Après une longue lutte contre la maladie, Sow Baïlo a passé ce 9 septembre l’arme à gauche à Conakry. La perte de cette immense figure de la comédie plonge aujourd’hui le monde de la culture dans une tristesse infinie. La mémoire de l’homme est unanimement saluée par tous les bords de la culturel guinéenne. Lisez les témoignages de quelques-uns parmi eux que Guinéenews a recueillis pour vous.
– Fodéba Isto Keira, ancien ministre de la Culture :
« Je suis profondément attristé. Malade depuis quelques temps, Sow Bailo était un Artiste avec grand A. Chanteur dans l’orchestre fédéral de Labé, le Kolima Jazz, et l’un des précurseurs de l’humour, appelé communément Stand Up, il a fait de hautes études à Cuba, spécialiste en météorologie. Une grosse perte pour la Culture guinéenne. Je présente mes sincères condoléances à sa famille biologique et à l’ensemble des acteurs culturels, sans oublier la presse nationale. Dieu l’accueille dans son paradis éternel.’’
Al Souaré, Animateur et entrepreneur Culturel
« Lorsque j’ai initié le ‘’Match du rire’’, il a fait partie des personnes que je suis allé rencontrer, des personnes qui m’ont donné la bénédiction pour démarrer ce concept. En tant que devancier, en tant que personne qui a représenté la Guinée jusqu’en Russie, dans son art qui est l’humour, un art qui n’était pas développé en son temps. C’est plus de cinquante ans de carrière. Il nous a ouvert les bras, nous de la nouvelle génération. Il s’est mis à mon entière disposition [personnellement]. Et on a travaillé à la réussite de cette première édition. Je peux vous assurer sans complexe que le Doyen n’a eu aucun souci avec la jeune génération d’humoristes célèbres venus d’ailleurs. Au contraire, c’était un bonus pour nous de l’avoir dans le groupe, lui qui était plus âgé que tout le monde et qui avait envie de partager ce dont il disposait. C’était souvent cela sa plainte : il avait envie de donner son savoir, tout ce qu’il a capitalisé comme expérience. Mais il avait l’impression que nous les jeunes, nous ne venions pas vers la source, nous ne venions pas vers nos devanciers pour apprendre. Donc, c’étaient ses soucis ces derniers temps, comme s’il sentait qu’il allait tirer sa révérence, comme s’il sentait que c’était la fin. Il faut noter aussi qu’il était très âgé. Et dernièrement, beaucoup d’hospitalisations avec une santé assez instable. Même moi, il a fallu que je le ménage, vu son âge. Mais il a dit que pour les jeunes, il était prêt à se lever et à donner encore. Donc, c’est vraiment regrettable cette disparition-là. Mais je pense que c’est quelqu’un qui a vécu pleinement sa vie. Parce que des personnes comme Sow Bailo, on n’en croise pas tous les dix ans.’’
– Mamadou Thug, humoriste et membre du CNT depuis Bruxelles :
« Sow Bailo a été un modèle pour moi et pour plusieurs générations d’artistes. Il a toujours été là depuis quand je faisais l’école primaire. Il a beaucoup souffert. Il faisait des rechutes. L’État avait mis les moyens pour l’emmener jusqu’en Tunisie. Puis, il est revenu. Même lorsqu’il est allé au Far de Labé, il a fait une chute. L’État a mis les bouchées doubles pour le ramener sur Conakry dans une ambulance d’urgence. Il y a quelques mois, il avait fait une rechute suite au décès de sa maman, à Gaoual. Je retiens de l’immense et légendaire Sow Bailo tout ce qu’un artiste peut avoir, tout ce qu’un éducateur peut avoir. C’est un grand professeur d’art qui est parti. Il mérite un hommage national. J’ai écourté mon voyage et j’ai une place lundi pour Conakry afin d’assister à l’hommage de l’homme qui m’a vraiment inspiré », témoigne l’honorable Mamadou Lamine Diallo.
Sow Pedro :
‘’ Avec ce décès, la Guinée perd un géant de la comédie africaine. Que de regrets. Il nous aura laissé un bel héritage, celui de faire rire le monde avec classe. »