A Lélouma, nombreuses sont ces femmes, seules ou mobilisées au sein des groupements à s’orienter vers la culture vivrière. Elles entendent ainsi lutter contre la vie chère et la pauvreté tout en faisant la promotion de l’autosuffisance alimentaire dans ce milieu rural. Aux alentours de la commune urbaine, des surfaces planes, des côtes et même des vallons sont occupés. Sur ces jardins, poussent actuellement sur des pépinières, de la laitue, la tomate, l’aubergine, le choux, le piment, l’oignon et par endroits même la pastèque et le poivrier.
Pour en savoir davantage sur cette activité tant prisée par les femmes en cette période de la saison sèche, Guinéenews vous plonge au cœur de ces jardins potagers périurbains.
Tenez! A environ quatre kilomètres du centre-ville, sur une surface plane en bordure d’une rivière, c’est un vaste jardin avec plusieurs femmes à l’œuvre qui nous accueille. C’est le jardin d’un groupement d’une trentaine de femmes.
Dame Kadiatou Diallo est l’une des initiatrices de ces jardins.
» Nous avons jugé nécessaire de nous unir pour travailler la terre. Car, c’est elle la mère nourricière. Depuis maintenant 20 ans, nous exerçons ici. Nous sommes aujourd’hui que 28. Beaucoup sont fatigués et ne peuvent plus faire ce travail. Nous avons choisi cette activité pour subvenir aux besoins de nos différentes familles. Mais en même temps approvisionner le marché local en condiments pour soulager à notre manière le panier de la ménagère. C’est une façon de lutter contre la pauvreté et promouvoir l’autosuffisance alimentaire. », introduit-elle.
Poursuivant, Dame Kadiatou Diallo dira: « Nous en bénéficions beaucoup. Nous sommes solidaires et à travers notre activité, nous parvenons à faire face aux dépenses dans nos familles et nous aidons les autres femmes à soulager leurs paniers ».
Participer au développement de la localité bien entendu. Et cette ambition porte des fruits. Au-delà de la solidarité entre les membres de cette entité, elles parviennent non seulement à garnir le panier de la ménagère mais aussi et surtout alléger certaines dépenses au sein de leurs propres familles.
« (…). Comme vous pouvez le constater, ici, nous avons très bien démarré les activités pour cette campagne. Cette fois ci, nous avons directement semé les graines. On n’a pas jugé nécessaire de faire des pépinières. Ici, vous avez les tomates, là, les piments et les aubergines et un peu plus loin il y a la laitue et les choux. Ça commence déjà réellement à me soulager et je pense que la récolte sera superbe. (…). C’est de cette activité que je vis et je parviens à payer non seulement la scolarité de mes enfants, mais j’arrive aussi à les nourrir et subvenir à nos besoins primaires. Et je parviens réellement, directement ou indirectement à faire vivre d’autres familles en leur proposant des produits que j’ai moi-même produits avec un prix abordable. « , se réjouit Mariama Sidibé,âgée d’une cinquantaine d’années.
Parlant d’appui et d’assistance, la présidente de reconnaitre, « seule la fédération paysanne du Fouta nous appuie en semences… Elles arrivent en retard, mais arrivent quand même et nous soulagent », dira Kadiatou Diallo avant de regretter surtout la hausse du prix de la semence de l’oignon. » Seulement le prix du kilogramme de l’oignon se vend à environ 2 millions. Et parfois nous avons du mal à nous en enquérir. (…). »
Malgré cette ferveur, la détermination et la bravoure dont ces femmes font preuves, les défis à relever restent encore énormes. Le manque de matériels de travail, les difficultés liées à l’aménagement du terrain, la clôture, les fertilisants et surtout le stockage et l’acheminement des produits destinés à la vente. Voilà autant de problèmes qui les préoccupe.
« Les difficultés sont énormes: la distance qui sépare les jardins au village et du village au marché, les moyens de déplacement et la surproduction qui nous oblige à revoir en baisse les prix. Ensuite, nous n’avons pas un magasin de stockage. La clôture est aussi un autre problème (…) Nous sollicitons donc de l’aide pour avoir des points d’eau pouvant nous permettre d’arroser les jardins (…) Une motopompe ou un motoculteur, serait la bienvenue. Avec ces machines, on peut quadrupler notre production », conclut la présidente Kadiatou Diallo.
Mariam Lamarana Diallo, membre active d’un autre groupement en plein travail, nous explique: « Je fais le semi direct comme ça. Pour moi, c’est la meilleure façon d’éviter le retard. Ici, quant ça pousse, pas besoin de les déplacer après. J’ai fait une première expérience qui m’a vraiment réjoui et depuis je pratique ce semi direct », rassure t-il
Interpellé par rapport à cette activité des femmes à Lélouma, le président de la chambre préfectorale de l’agriculture n’a pas caché sa satisfaction. Car, selon lui, c’est l’un de moyens les plus efficaces pour lutter contre la pauvreté. « La campagne a bien démarré à Lélouma. Actuellement, les groupements viennent s’approvisionner en engrais et nous les expliquons comment les utiliser. Ces groupements sont au nombre de seize au niveau de la commune urbaine. Ils évoluent tous dans les jardins en cette période de saison sèche », se réjouit Mamadou Lamarana Para Diallo.
Aujourd’hui, il est plus que jamais important de trouver une politique pour accompagner ces femmes, qui, avec des faibles moyens parviennent tant soit peu à se prendre en charge tout en soulageant le panier de la ménagère.