Sur les exactions dont serait la cible, ces derniers temps, la diaspora africaine de Chine, une situation consécutive à la propagation du covid19, nous avons tenté de démêler le « vrai du faux », dans l’activation de stéréotypes racistes, voulant que les Africains soient tous positifs au coronavirus.
Malgré la fin de l’épidémie déclarée officiellement par Pékin, la psychose continue de régner dans le pays. Et les premières victimes de cette phobie seraient les Africains. Du moins dans certaines régions de l’empire du Milieu. Sur la base des échos et des témoignages qui nous parviennent de cette partie de l’Asie, les compatriotes Guinéens, à l’instar des autres ressortissants africains, passeraient de durs moments, à cause du coronavirus, qu’ils seraient soupçonnés de véhiculer.
Tout serait parti d’un Nigérian qui aurait tenté d’échapper à un confinement dans un hôpital chinois…
Un étudiant guinéen en Chine qui a contacté Guineenews, revient sur leur clavaire dans cette atmosphère devenue délétère: « des Chinois sont venus à notre école pour un supposé test sur le coronavirus. Moi j’ai refusé parce que le test ne concernait que les Africains. Les autres, Européens et Asiatiques, ne sont pas concernés. Donc je leur ai dit que je ne suis pas d’accord pour subir ce test. Surtout qu’ils m’avaient fait faire tous les examens quand je m’installais là et qu’ils n’avaient trouvé aucune maladie. En plus je ne me plaints de rien… Pour ceux qui se sont soumis à l’exercice, c’est un coton-tige qu’ils mettaient dans la bouche des gens. Ils l’enlèvent ensuite pour le mettre dans le sachet», dit-il.
Trouver de la nourriture, c’est la croix et la bannière
Un autre Guinéen, a écrit ceci à votre quotidien électronique: « depuis 5 jours, il y a des rumeurs folles qui disent qu’un Nigérian testé positif au Covid-19 a tabassé une infirmière chinoise. Après cette rumeur, les autorités chinoises ont exigé un test forcé pour tous les Africains vivants à Guangzhou. Il y a des Africains qui ont été délogés pour passer la quarantaine dans des hôtels. Pour avoir à manger, c’est devenu difficile. Par exemple moi je suis avec ma femme. Ils sont venus me réveiller vers 2 heures du matin pour me dire que je dois être confiné pendant 14 jours, sans avis, alors qu’ils nous avaient fait faire les tests qui étaient négatifs…»
Mais, tout porte à croire que ces cas ne seraient pas exhaustifs. La situation préoccupe d’ailleurs l’Union africaine qui, face aux allégations de mauvais traitements infligés aux Africains à Guangzhou, a appelé à des mesures correctives immédiates.
Pékin rassure face à la levée de boucliers de l’Union africaine
Présent en Guinée depuis février, Saramady Touré, l’ambassadeur de la Guinée en Chine, a pourtant participé à un télétravail des ambassadeurs africains (à Beijing) sur la situation. « Quand les évènements de Guangzhou ont commencé, le groupe (des ambassadeurs africains) s’est réuni rapidement et a dépêché cinq ambassadeurs sur le terrain », nous a confié S.E Saramady Touré. Selon lui, les cinq émissaires ont confirmé « les graves exactions » à l’encontre de la communauté africaine. En conséquence, les ambassadeurs se sont de nouveau réunis et ont publié un communiqué à l’adresse du ministère des Affaires étrangères de la Chine et des Affaires étrangères des 54 pays d’Afrique.
Parlant du cas spécifique des Guinéens, l’ambassadeur a indiqué que le chargé d’affaires de l’ambassade de Guinée en Chine, monsieur Mandjou Bah, devrait se rendre à Guangzhou – le consulat général de la Guinée à Guangzhou n’étant pas encore ouvert – pour assurer le lien entre les personnes confinées et leurs familles. Il a aussi indiqué que la communauté guinéenne dispose d’un fonds de solidarité dans lequel on peut puiser pour venir en aide aux victimes des exactions. Quant au gouvernement, « il va prendre des dispositions », a-t-il promis.
Il faut noter que les autorités centrales chinoises prennent des dispositions pour éviter les débordements et protéger le africains. De sources officielles, des hôtels ont été sommés de reloger les Africains qui ont été expulsés de leur logement.
T. DORÉ et Thierno Souleymane