En marge du Comité de coordination pour le développement et la promotion de l’artisanat africain tenu récemment à Brazzaville, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat s’est rendu à Louango où est enterré Karamoko Thierno Ibrahima, appelé le Waliou de N’Dama.En toile de fond, tâter le terrain en vue du rapatriement des cendres de l’érudit sur Conakry.
Moussa Moïse Sylla dit être animé d’un sentiment de satisfaction et de réconfort, mais aussi de rétablissement de la justice historique.
“Parce que la terre de Loango, à Pointe-Noire, en République du Congo, rime avec l’histoire de Karamoko Thierno Ibrahima, appelé le Waliou de N’Dama ; un érudit de la République de Guinée, né en 1824 et qui a consacré sa vie à l’expansion de l’islam et à la lutte contre la pénétration coloniale. Il était si engagé dans la lutte pour ces deux valeurs qu’il fut arrêté en 1901 par l’administration coloniale. Il sera jugé, reconnu coupable, condamné à perpétuité avant d’être déporté, lui et ses enfants, à Pointe-Noire. Les archives consultées indiquent que c’est ici à Loango que le saint homme trouvera la mort”, rappelle le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat.
“Nous étions partis non seulement pour honorer sa mémoire, mais aussi nous rappeler du combat qu’il a mené afin qu’on ne l’oublie jamais, ce serait le tuer pour une seconde fois si nous l’oublions”, a-t-il poursuivi.
Triste constat du ministre Moussa Moïse
Sur le site, le ministre Sylla indique que l’érosion du littoral a fait que la partie du cimetière où était enterré le saint homme et quelques colons est aujourd’hui engloutie par les eaux.
“Qu’à cela ne tienne, la mémoire de l’érudit doit rester toujours vivante. Nous allons, grâce à l’appui de mon homologue de la République du Congo, avec la bénédiction des autorités congolaises, nous allons nous déployer à ériger une stèle à la mémoire de Karamoko Thierno Ibrahima, le Waliou de N’Dama pour qu’à jamais on ne l’oublie et pour rappeler également son passage et les valeurs importantes qu’il a défendues”, soutient-il dans une interview exclusive à Guinéenews.
Pour Moussa Moïse Sylla, il est crucial pour l’Afrique de ne pas oublier ceux qui ont donné leurs vies, qui ont versé leur sang pour que nous soyons libres aujourd’hui.
“Et Karamoko Thierno Ibrahima, le Waliou de N’Dama, fait partie de ces hommes-là. Pour moi, c’était un pèlerinage. C’est extrêmement important, le devoir de restauration de notre mémoire, de l’entretien même de notre imaginaire collectif dans la construction du futur que nous voulons pour notre pays”, a-t-il évalué.