Comme on le sait, le 7 avril dernier, le Rwanda a célébré le 25ème anniversaire du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsis. La commémoration communément appelée « Kwibuka » (mot en kinyarwanda pour se souvenir) est observée sous le thème annuel « Se souvenir, s’unir, se renouveler ».
Sous l’égide de l’Ambassade du Rwanda en Guinée avec résidence à Abuja, la communauté rwandaise en Guinée a commémoré le kwikuba25, le 20 avril dernier à Conakry, en présence des membres du gouvernement guinéen, ceux du corps diplomatique et des amis du Rwanda.
Il s’agissait pour la communauté rwandaise de Guinée de rendre hommage aux victimes des horreurs de 1994 perpétrées contre les Tutsis, mais aussi de s’engager davantage contre la campagne sur l’idéologie du génocide, la négation et le révisionnisme.
Guinéenews revient sur le message de Edouard Nizeyima, représentant de l’Ambassadeur du Rwanda en Guinée avec pour résidence à Abuja (Nigeria). Il dénonce l’indifférence de la communauté internationale face à ces massacres, mais aussi les pays qui continuent de garder ceux-là même qui ont mis en exécution le génocide et qui jouissent de liberté totale de par le monde.
« Un quart de siècle vient de s’écouler après ce jour fatidique du 7 avril 1994 quand le Rwanda s’est réveillé horrifiante inoubliable. Le système du gouvernement venait de mettre en place son plan d’extermination de la composante Tutsi du peuple rwandais. Le pays s’est embrasé et en l’espace de cent jours, plus d’un million de personnes ont été tuées dans l’indifférence totale de la communauté internationale », a rappelé Edouard Nizeyima avant d’ajouter : « Ce fut une honte que rien ne pourra réparer ».
Poursuivant, il a dénoncé la communauté internationale qui a brillé par son indifférence pendant ces moments douloureux. « Le génocide perpétré contre les Tutsis s’est passé pendant que les instances multilatérales qui, normalement, au nom de toutes nations du monde, sont en charge de la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales, ont décidé de ne rien entreprendre pour mettre fin à ces massacres. Ces instances se sont pliées à l’influence des intérêts néocoloniaux peu soucieux de la valeur des vies humaines en péril. Pendant 100 jours, les victimes furent exposées à toutes sortes de tourments et d’atrocité comme le viol, la torture en prélude d’une mise à mort violente certaine », a-t-il souligné.
M. Nizeyima a renchéri ses propos en soulignant que ce million d’innocents ont été sacrifiés à l’autel de l’hypocrisie diplomatique qui a donné libre cours à la violence et à la barbarie. Il a, ensuite rendu hommage « aux survivants qui ont généralement offert sans condition le pardon à leurs bourreaux, et ce faisant, se sont sacrifiés une fois de plus pour que prévale la nation rwandaise».
Le diplomate s’est dit fier de constater que le sacrifice des victimes n’aura pas été vain. « Pendant que nous faisons le deuil de leur perte inopinée, nous ne nous sommes pas laissé abattre par le désespoir. Le Rwanda s’est plutôt lancé un défi de renaissance. Le Rwanda a opté pour la réconciliation avec son histoire et a développé de fortes aspirations à devenir cette vraie nation portée par les forces unies de ses fils et filles déterminés à bâtir une société inclusive, équitable, digne et prospère », a-t-il mentionné.
Le Rwanda met un accent sur le maintien de la paix afin de léguer aux jeunes qui n’ont pas été témoins des horreurs qu’a subi leur patrie, mais qui ont été affectés par ses retombées dans leur environnement familial et social pendant qu’ils grandissent.
Pour Edouard Nizeyima, au moment où se célèbre la 25ème commémoration du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsis, il y a une question qui persiste et qui interpelle tous à savoir l’impunité dont bénéficient ceux-là même qui ont mis en exécution le génocide et qui jouissent de liberté totale dans différents pays qui les hébergent de par le monde. « Ces derniers ne se sont jamais souciés de les traduire en justice. Le gouvernement du Rwanda a entrepris des discussions avec eux en vue de se mettre d’accord sur une démarche d’extradition, ou à défaut, sur la prise de dispositions nécessaires afin que ces suspects soient jugés sur place. A ce jour, il subsiste toujours beaucoup de cas où ni l’une ni l’autre option n’a été prise », déplore le diplomate rwandais.
Tout en remerciant les pays qui ont initié des processus dans l’un ou l’autre sens, le diplomate rwandais a indiqué que l’impunité des génocidaires n’est pas de mise si les nations du monde ne veulent pas entretenir les velléités de récidive ou de banalisation du génocide et de son idéologie destructrice.
La cérémonie a été marquée par la projection des documentaires sur des témoignages pathétiques de survivants du génocide rwandais de 1994 perpétré contre les Tutsis qui marque à jamais l’histoire de toute l’humanité.