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Circulation routière, ramadan et Covid-19 : un ménage difforme qui roule à coups d’humeurs fébriles et d’angoisses

La constante qui marque l’arrivée du mois saint de ramadan chez nous reste la hausse du prix des denrées de première nécessité. Hélas, sur ce plan, plutôt que de s’infléchir, les lignes bougent dans le sens de l’escalade,  à assommer le consommateur. Curieusement, il en est ainsi  chaque année. Le coût des produits de consommation courante remontent  d’un cran, comme sous l’effet d’un tour de vis.  C’est à l’image du  ‘’toujours en avant, jamais en arrière‘’ que nous tirons du mouvement pionnier.

Malgré tous les efforts consentis pour sensibiliser et amener les autorités et les commerçants à plus d’humanité à l’endroit des populations musulmanes assujetties au jeûne. Pour attendrir les cœurs et susciter l’amour du prochain, on a invoqué les préceptes du coran qui enjoignent à la bonté, à la solidarité pendant ce mois sacré. Jusque là rien de concret ne s’est produit et les populations tentaient de s’en accommoder tant bien que mal, habituées qu’elles sont aux privations et à la magie du système D.

Mais cette année, c’était sans compter que le pire allait s’ajouter à ces contraintes déjà éprouvantes que subissent de plein fouet, les fidèles musulmans. Un phénomène absolument nouveau, invraisemblable et  inattendu est venu s’ajouter à cette première réalité déjà assez coriace à endiguer  ou à vaincre. Le maudit coronavirus a fait son apparition, bouleversant tout dans la cité. Et voilà que sans transition, si nous n’avions qu’une seule épreuve à surmonter, il s’en rajoute une des pires qu’on peut imaginer : ce virus appelé covid 19, réputé très contagieux et mortel!

La description qu’on peut faire de ce mois de ramadan est qu’il est unique en son genre et passe d’office dans les annales de notre histoire. Bien entendu, nous partageons cette épreuve avec tous les peuples musulmans du monde, pour lesquels nous avons une pensée pieuse, solidaire et d’espérance.

Déjà, s’il n’y avait que le ramadan, les problèmes habituels de circulation seraient aisés à gérer. Les services de sécurité routière (police et gendarmerie) en ont l’expérience et s’y attellent constamment. Ces problèmes se résument en des difficultés à se déplacer les débuts de soirée, quand tout le monde rentre à la maison pour la rupture du jeûne. C’est le moment où on enregistre des encombrements marqués de la chaussée, notamment aux carrefours, un empressement, une certaine irritabilité et des signes de fatigue ou d’assoupissement au volant.  Il en a toujours été ainsi pendant ce mois béni. Les gens ont tendance à être un peu plus nerveux et pressés. Ils sont sujets à la fatigue, à une baisse de la vigilance. Rien que de très normal et humain, tout ça, en tenant compte des privations auxquelles ils se soumettent volontairement à cause de la foi.

Le pire, c’est qu’à tout cela se greffe dorénavant le coronavirus qui interdit tout regroupement, impose une distanciation,  réduit le nombre d’occupants par véhicule et limite considérablement, en raison du port du masque, la communication interpersonnelle, si chère aux populations. En  somme, nous vivons une situation originale, bizarre, particulière, extraordinaire qui perturbe toutes nos habitudes et bouleverse bien de nos  valeurs cardinales.

Nous qui étions si portés au respect d’autrui, à l’humanisme,  à la générosité, nous nous retrouvons à pratiquer un individualisme qui nous ronge. Un mois de ramadan qui se déroule sans que nous soyons capables de transporter des gens, pleins dans notre véhicule ; sans que nous serrions la main à nos proches ; que nous embrassions d’autres ; que nous partagions sans restriction la joie ou la tristesse de notre voisin.

Le soir venu, contrairement à notre culture et à nos valeurs, nous prions seuls; nous déjeunons seuls; nous ne visitons plus personne. La nuit du destin va arriver (Lay la toul gadr), que nous allons célébrer, seuls.

Et si le ciel ne s’éclaircit pas d’ici-là,  il y a tout lieu de croire que nous nous acheminons vers une fête de  fin de ramadan (l’Aïd el fitr) tout autant invraisemblable. Une fête sans rassemblement de fidèles en plein air, sans salutations d’usage aux parents, amis et voisins ; sans déplacement vers l’intérieur du pays pour visiter les nôtres qui nous attendent au village.

Un ramadan et une fête à la maison, tous seuls. Est-ce vraiment souhaitable? Nous pensions pouvoir décrire ce capharnaüm de situations qui nous tombent dessus, mais c’était prétentieux

Notre vocabulaire s’amenuise. Nous sommes à court de mots. Ne sommes-nous pas entrain de perdre nos repères ? N’est-ce pas d’un bouleversement total de notre société qu’il s’agit ?

Prenons garde et agissons correctement et fermement à vaincre définitivement cet ennemi à nul autre pareil. Ne cédons pas à la panique. Coupons toutes les chaînes de transmission de ce maudit virus et boutons-le définitivement loin de chez nous et même, hors de notre planète terre, quitte à utiliser nos ressources locales, à l’image de Madagascar qui propose une solution qui fait débat, mais retient quand même l’attention.

Bon vent à tous ceux qui combattent ce virus, pour le bien de l’humanité toute entière !

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