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Cadre de dialogue en Guinée : la tâche herculéenne qui attend le Pm Mohamed Béavogui

Rééditer l’exploit réussi avec cette première rencontre avec tous les acteurs socio-politiques, excepté le RPG arc-en-ciel et ses alliés, ce lundi 27 juin, est un gros défi que le Premier ministre doit relever les semaines et mois à venir. Eu égard aux réactions recueillies à la sortie, sans oublier les positions tranchées de certains acteurs dans leurs interventions.

En tout cas, si tout le monde semble être d’accord de trouver une solution autour de la table, les positions des acteurs semblent tranchées et difficiles à concilier avec celle d’une junte dont les membres du gouvernement n’ont pas affiché l’harmonie ces derniers temps. Même si en se faisant accompagner par plusieurs ministres, notamment celui de l’administration du territoire à cette rencontre,  le chef du gouvernement a voulu donner l’image d’une équipe soudée.

En réaction aux nombreux discours des acteurs sociopolitiques, Mohamed Béavogui a offert son plan, pour tenter d’harmoniser les points de vue. «De manière plus pratique et brève, je propose à tous de retourner vers vos bases afin de discuter sur les points que nous avons énumérés et dégagés des suggestions dont on fera la synthèse pour arriver aux modalités pratiques de votre option », déclare-t-il.

Comme pour faire savoir qu’ils n’ont pas une éternité pour cette étape, Mohamed Béavogui enchaîne: «nous espérons recevoir vos contributions d’ici le vendredi 1er juillet 2022, afin d’en faire la synthèse et proposer de nouvelle date de rencontre ».

En attendant, «je vous exhorte (…), ceux qui sont là et ceux qui ne sont pas là, à participer aux travaux de ce processus, dans un esprit constructif et de compromis en mettant l’intérêt national au-dessus de toutes considérations », demande-t-il. Avant d’adresser des remerciements aux partenaires auxquels il fait savoir que «nous avons besoin de vous tous pour nous appuyer et nous supporter… ».

Difficultés de la mise en place du cadre

Mais avant, en écoutant les uns et les autres, Mohamed Béavogui a dû s’en rendre compte que la suite ne sera pas du beurre à couper. Même s’il a préféré relever le nombre des intervenants, sans s’attarder sur le contenu des discours.  « Vous avez vu combien long et sinueux a été le débat de ce matin pour répondre à des questions qui nous paraissent très simples », entame-t-il.

Poursuivant, le chef du gouvernement indique que «la première conclusion qu’il faut tirer, c’est qu’à 50, à 500, nous ne pourrons jamais discuter sérieusement de nos problèmes ». Et d’ajouter que «mon souhait, dans un souci d’efficacité, est que les parties prenantes se regroupent un peu plus, en fonction des convergences des points de vue, de sorte que nous ayons des groupes de discussion restreints ». Précisant que «ça c’est la bonne pratique du dialogue et de la concertation qui veut que ça se passe comme ça. Cela signifie que chaque groupe désigne un nombre limité de personnes pour qu’on s’asseye autour d’une table et parler ». Avant d’insister que «je crois que c’est l’expérience de ce matin qui nous conduit obligatoirement à cette conclusion (…)».

Dans la même lancée, «notre pays est composé de citoyens qui sont tous égaux endevoirs et en droits », admet-il. «Mais certains d’entre nous peuvent représenter les autres. Et ceux qui nous représentent vont faire des comptes rendus. Il faut qu’on s’organise pour bien travailler ensemble », selon le chef du gouvernement.

En comme pour dire que l’effort doit se faire de tous les côtés, «le gouvernement de son côté doit s’organiser» informe-t-il. Ajoutant que «nous avons déjà mis un conseil interministériel en place, un groupe de collègues. Nous allons affiner les groupes, au fur et à mesure qu’on avance».

Cela dit, le premier ministre se tourne à nouveau vers ses interlocuteurs. «Il faut que de votre côté aussi, vous vous organisiez », suggère-t-il. Et de déclarer que «le gouvernement compte sur la bonne foi de tous les participants pour cette concertation ». Puis, avec un clin d’œil aux partenaires et au président du CNRD, Mohamed Béavogui affirme «qu’aucun apport interne, aucun accord externe ne sera de trop pour permettre à notre pays de se doter à la fin de cette transition, d’institutions démocratiques fortes et adaptées à nos réalités socioculturelles. Nous nous sommes ouverts. Nous devons travailler ensemble».   «De manière concrète, le dialogue devrait nous permettre d’harmoniser nos opinions sur le contenu de la transition. De nous accorder sur les approches de mise en œuvre de cette transition, pour convenir des mécanismes de suivi et de la mise en œuvre des conclusions de ce dialogue », explique-t-il.

Démarche diversement appréciée

Dans les réactions, les divergences n’ont pas tardé d’apparaître, non sans indiquer l’ampleur de la tâche qui attend le Premier ministre dans son élan. Le porte-parole du FNDC politique,  Aliou Bah, ne rejette pas la proposition du PM. Même si l’envoi du mémo demandé par le Premier ministre se décidera à la sortie, en concertation avec les autres membres de sa coalition. «Nous espérons que le Premier ministre va saisir l’opportunité pour prendre le leadership et essayer de nous retrouver tous, dans un cadre approprié de façon représentative afin qu’on puisse aborder les questions essentielles en rapport avec la conduite de la transition», déclare-t-il. Tout en précisant qu’il est dans des dispositions «de contribuer à la décrispation et à faire en sorte que les choses aillent dans la bonne direction».

Chez Dr Fodé Oussou Fofana, la réponse est différente, dans le ton et le contenu. «On pensait que le Premier ministre était suffisamment informé. On pensait qu’il avait la volonté de conduire un cadre de dialogue permanent qui va nous permettre de sortir de cette transition. Mais on se rend compte qu’il n’y a pas cette volonté», réagit-il. Et le vice-président de l’UFDG et porte-parole de l’ANAD à cette rencontre de trancher : «On n’amènera plus jamais de mémo ici ».

Avant d’annoncer «nous allons nous retrouver au niveau de l’ANAD et nous allons donner la réponse appropriée à ça », sans doute en se rappelant que sa position doit intégrer d’autres d’un niveau un plus élevé. Ce qui ne change pas la déception du représentant du parti de Cellou Dalein Diallo. «Il faut que le monde entier se rende compte que ce gouvernement n’a pas la volonté de mettre en place un cadre de dialogue permanent pour sortir de cette situation », juge-t-il.

A noter que dans leurs interventions, Dr Faya Millimouno, de la Coalition Pour la République (CPR), et Gabriel Haba, secrétaire exécutif du CONSCG se sont ouvertement attaqués au FNDC. Sans oublier que Dr Makalé Traoré, dont la position est partagée par les représentants des associations de presse, n’a pas manqué de demander au CNRD et son président de faire des efforts supplémentaires.  Notamment la prise d’un nouveau décret pour préciser un peu plus le cadre de dialogue.

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