Dans une interview exclusive accordée à Guineenews, le directeur général du Service des Bourses Extérieures (SNABE), Mohamed Bamba Camara, s’est exprimé pour la première fois sur les allégations portées à son encontre par des étudiants guinéens à l’étranger. Ces accusations font état d’une soustraction de 20 dollars par étudiants des bourses à eux destinées.
Guineenews : Plusieurs étudiants guinéens à l’étranger accusent votre service de soustraire 20 dollars de leurs bourses. Peut-on savoir aujourd’hui quelle est la situation des boursiers guinéens à l’étranger ?
Mohamed Bamba Camara : Je suis en Guinée depuis au moins cinquante ans. Il y a des listes confuses de soi-disant boursiers qui circulent. C’est ce qui se passait il y a 20 ans et les gens veulent que ça se règle dans un laps de temps. Ce n’est pas possible sauf par la magie, et moi je ne suis pas magicien pour le faire si rapidement.
Aujourd’hui, nous sommes sur une dynamique pour avoir un contrôle systématique des étudiants boursiers à l’étranger. Pour la première phase, lorsqu’on arrêtait, on était à 811 étudiants. Comme pour dire avant le toilettage et le renouvellement, on était entre 11000 et 12000 et quelques.
Une fois encore, nous allons continuer le toilettage et pour le moment, le nombre exact d’étudiants boursiers varie parce que je peux vous dire un nombre aujourd’hui, demain on se retrouve avec une liste où il y aura des étudiants qui ne seront pas dans les normes. Et tout étudiant qui n’est pas dans les normes sera retiré de la liste. Donc le nombre monte et descend en fonction des normes. Et je vous assure que nous n’allons faire du tort à personne.
Le SNABE est accusé d’avoir soustrait 20 dollars de la bourse des étudiants. Qu’en dites-vous ?
En tant que cadre, on vous appelle et on vous donne 100 dollars et on vous soumet de signer que vous avez reçu 120 dollars, et vous acceptez. Pour moi, il est incompréhensible qu’un intellectuel signe devant son nom en reconnaissance de la réception d’un montant et prétendre ensuite qu’il devrait en recevoir plus que ce qui a été convenu.
Les bourses sont attribuées selon des critères établis. Et chaque étudiant bénéficiaire doit respecter ces critères pour recevoir son allocation. On doit envoyer 60 dollars pour un mois et ils ont signé 60 dollars reçus. En plus, ils se retournent pour dire avoir reçu 40 dollars. Je suis au-dessus de ces petits calculs.
Aujourd’hui, quels rapports existent-ils entre vous et les boursiers guinéens à l’étranger ?
Au fait, vous savez le problème qu’on a en Guinée, nous aimons personnaliser les choses. Très vite, on a de l’amour propre pour les choses. Je pense que les rapports sont bons. Il y a des étudiants qui arrivent avec des problèmes à résoudre. On a créé une plate-forme pour l’accompagnement des étudiants quand ils reviennent. Avant nos étudiants, on les formait et ils partaient ailleurs, travailler.
Par exemple, le recensement biométrique qu’on est en train de faire c’est unique ça se fait nulle part car j’ai un peu vu chez les services, comme en côte d’ivoire, au Sénégal, au Niger et aucun de ces pays n’a fait ça. On fait une plate-forme. Nous avons énormément de faux dossiers et là, on a sorti plus de 2000 étudiants fictifs et la liste n’est pas encore finie. C’est à dire que l’on doit remettre en place 2000 vrais étudiants.
En plus, nous avons lancé des bourses dédiées uniquement aux personnes en situation de handicap. C’est qui est une première dans notre pays. Donc, je ne vais pas m’atarder à me justifier devant des personnes qui ne sont pas en situation régulière pendant que d’autres sont là qui respectent toutes les normes. Si je fais cela, je m’écarte des objectifs assignés.
En parlant de la situation, ça veut dire qu’il y a des étudiants fictifs. Que faut-il pour résoudre ce problème ?
A notre arrivée, on a créé le pool statistique où on tient un registre des gens qui sont effectivement partis, ceux qui sont décédés et ceux qui ne sont pas boursiers. Pour ce fait, il faudra que les étudiants fournissent des preuves effectivement qu’ils sont en classe et des documents authentifiés par les universités et les autorités de l’ambassade. Et ce toilettage sera continuel car je ne vais pas me détourner du travail qui m’est assigné, celui de la transparence.
Nous avons proposé plusieurs étapes pour passer à ce toilettage. Ça se fait à une longue période. Nous avons fini les premières étapes de ce toilettage en mars et nous avons lancé le paiement pour ainsi passer à la deuxième étape. Pendant le contrôle physique des boursiers, il y a des problèmes qu’on rencontre. Nous demandons aux ambassades de nous donner des listes en précisant étudiants en situation de classe.
Parmi ces étudiants, il y a des gens qui sont décédés. Et on nous notifie le contraire en disant « actuellement en situation de classe » des étudiants après vérification. Pour nous en principe c’est le service de l’Etat et qu’ils ont vérifié. Sauf que si nous voyons des listes, on trouve que certains sont décédés et d’autres ne sont jamais partis parce que parmi des boursiers, il y en a qui désistent ici. Présentement, nous travaillons d’arrache-pied pour que nos compatriotes étudiants soient satisfaits.