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Barreau de Guinée : une image à  redorer à l’heure de l’élection du nouveau bâtonnier

Alors que les avocats s’apprêtent à désigner un nouveau bâtonnier ce vendredi 23 décembre, l’image de la corporation a été très dégradée ces derniers temps. D’abord avec la prestation jugée médiocre de certains avocats au très médiatisé procès du 28 Septembre. Puis, avec le rebondissement des accusations de fraude aux concours pour l’obtention du Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat (CAPA).

Pour ceux qui ont une dent contre le barreau ou contre certains de ses dirigeants, les faits leur ont donné raison : la prestation de certains avocats au procès du 28 Septembre a dévoilé que l’accès à l’avocature en Guinée n’est pas réservé qu’aux plus méritants. Et des voix critiquent le barreau ou du moins ses dirigeants. Parmi elles, il y a Sékou Oumar CAMARA. Ce juriste conteste les résultats des sessions 2016 et 2021 de l’examen du CAPA. En novembre 2021, il a même déclenchée une procédure en annulation contre ces deux examens. Les plaidoiries dans cette affaire devraient avoir lieu ce lundi 25 décembre devant une l’Assemblée générale de la Cour d’appel de Conakry.

SéKou Oumar Camara demande que les examens de 2016 et 2021 soient annulés. Et qu’en conséquence, tous les avocats qui ont été inscrits en 2016 et 2021 soient radiés du barreau. « Alternativement, s’ils ne veulent pas faire cela, je demande que je sois reçu au barreau. Il n’y a aucune raison que je n’y sois pas admis, puisqu’ils organisent de faux examens pour enrôler des gens (au barreau)... », explique Sékou Oumar CAMARA.

Si Sékou Oumar CAMARA demande l’annulation des sessions 2016 et 2021 du CAPA, c’est parce qu’il croit que ces deux examens auxquels il a participé sont truqués. « Ces examens sont un non-sens. A vrai dire, ils l’organisent pour se partager des avocats et profiter des frais d’inscription », dit-il.

Pour se défendre, accuse Sékou Oumar, l’ordre des avocats de Guinée a fait usage de faux. « Ils ont fait une lettre qu’ils ont attribuée au ministère de la Justice ; cette lettre est fausse. Ils ont fait une note de service pour nommer des membres du jury ; cette note est également fausse. Et, contrairement à la personne que le recteur (de l’Université de Sonfonia) a désigné, qui était le chef du département de Droit public, c’est un certain Alseny CAMARA, chef du département de Droit privé, qui a siégé », accuse Sékou Oumar CAMARA.  

« Il se prend pour le centre du monde…» 

Le combat de Sékou Oumar vise surtout, dit-il, à donner une leçon de Droit aux avocats Mohamed TRAORÉ et Djibril KOUYATÉ, les deux bâtonniers qui étaient à la tête du barreau de Guinée quand il passait les deux examens. « C’est moi qui peut les évaluer, pas le contraire », estime le juriste.

Il y a quelques mois, Guinéenews avait rencontré le bâtonnier Djibril KOUYATÉ suite à la saisine du procureur général de la Cour d’appel de Conakry par Sékou Oumar CAMARA. Les échanges autour du cas Sékou Oumar avaient tourné court, l’avocat estimant qu’il n’en valait pas la peine. « Ce monsieur a participé au concours et il n’a pas été admis comme tant d’autres. Mais puisqu’il croit être un grand juriste, il se prend pour le centre du monde, c’est pourquoi il fait tout ce bruit », a répliqué l’avocat. L’ancien bâtonnier Mohamed Traoré, lui, nous n’avons pas pu le joindre au téléphone depuis la veille jusqu’au moment ou nous mettions en ligne cet article.

Le collectif revient à la charge

On peut cependant trouver la réplique des bâtonniers dans la conclusion en duplique – dont une copie est parvenue à Guinéenews –  de l’avocat de l’Ordre des avocats de Guinée. Dans ce document l’avocat, Me Facinet Soumah parle d’incohérence et de contradiction sans précédents dans les arguments de Sékou Oumar CAMARA. Et demande à la Cour d’appel de le débouter de toutes ses prétentions en les jugeant non fondées. « A vrai dire, cette prétention de l’appelant (d’ordonner au Barreau de Guinée de l’inscrire au Tableau de l’ordre des avocats) met à nu ses difficultés en termes d’argument juridique sérieux et sa très mauvaise foi à tenter en vain, d’entretenir une confusion terrible entre la procédure de réclamation de droit commun adressée au Bâtonnier et le recours en annulation ou en contestation contre les procès-verbaux des jurys de CAPA, qui est une procédure spéciale. Cette position absurde et inopérante de l’appelant aggravera ses difficultés…», lit-on dans la Conclusion en duplique.

Sauf que Sékou Oumar n’est pas le seul a contesté les examens de 2021. Avec ses preuves, un collectif de 89 personnes (liste non exhaustive) déclarées non admises au CAPA de 2021 conteste les résultats des épreuves écrite et orale. Cette semaine, ils ont dénoncé au procureur général près la Cour d’appel de Conakry des faits de faux en écriture, usage de faux, abus d’autorité… La semaine dernière, ils ont écrit au ministre de la Justice.

En parlant de faux, le collectif, à sa tête Souleymane SIDIBÉ, indique que la liste du jury a été substituée et altérée par une autre.

Avec le collectif, il s’agit plutôt d’un rebondissement après plusieurs tentatives de règlement amiable du conflit. « Ils ont pris le barreau pour leur propriété privée », s’insurge SIDIBÉ qui croit qu’il faut maintenant passé à une vitesse supérieure dans ce combat. « Je les soutiens parce qu’ils ne sont pas moins méritants que ceux qui ont été retenus », exprime Sékou Oumar CAMARA en faveur du collectif.

Quoi qu’il en soit, le bâtonnier qui sera élu ce vendredi va hériter de ce conflit et devra s’atteler à le résoudre. Et aussi, devra s’accentuer sur la formation des avocats.

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