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Baisse du prix du carburant, Covid-19 : Bah Oury tance le régime d’Alpha Condé  

«Par paresse, on va essayer de surtaxer ou de surfacturer les produits pétroliers pour permettre de faire rentrer des ressources dans les caisses de l’Etat… Le Sénégal mobilise 1000 milliards de FCFA. Vous multiplierez ce montant par 15 ou 16 pour avoir l’équivalent en franc guinéen.  La Côte d’Ivoire fait mieux avec 1700 milliards de FCFA pour accompagner son économie, accompagner ses ménages, donner des subventions directes à la population par rapport aux factures d’eau et d’électricité, au loyer. Et on accorde même les pécules à certains pour leur permettre d’avoir les moyens de s’acheter la nourriture. »

Du réajustement du prix des produits pétroliers au Coronavirus, Bah Oury décrypte l’actualité et dresse un regard plutôt critique sur la gouvernance actuelle ainsi sur celles l’ont précédée. Lisez :

« Il faudrait qu’on se place dans le contexte : quelle est la motivation réelle de ce réajustement du prix du carburant ; est-ce que c’est parce que sur le marché international les prix du carburant ont dégringolé. Si tel est le cas, on pourrait se poser la question de savoir si 1000 francs est suffisant. Si par contre, c’est une réponse indirecte apportée à la revendication des transporteurs, notamment les taxis par rapport aux effets des mesures pour lutter contre la propagation du Coronavirus, on peut se poser la question sur est-ce que cela va impacter directement les ménages et les transporteurs eux-mêmes. Parce qu’une étude beaucoup plus approfondie aurait montré que les plus grands consommateurs du carburant dans le pays ne sont pas peut-être ceux que l’on pense, notamment les transporteurs urbains et semi urbains.

Par rapport à la consommation énergétique du pays, ce n’est qu’un aspect qui peut certes être important, mais ce n’est pas essentiel. Quelle que soit la motivation, je crois que la Guinée – jusqu’à présent – a refusé de procéder à des réformes structurelles majeures, notamment en ce qui concerne la politique de la mobilisation de ces ressources internes pour permettre aux finances publiques d’avoir les moyens de l’action gouvernementale. Donc par paresse, on va essayer de surtaxer ou de surfacturer les produits pétroliers pour permettre de faire rentrer des ressources dans les caisses de l’Etat.

Ce qui fait que le pouvoir d’achat des populations est fortement impacté par le prix du carburant. Parce que si vous remarquez de très près, le prix du carburant peut fortement baisser sur le marché international sans qu’il n’y ait une corrélation directe entre le prix du carburant à l’intérieur du pays et celui qui est facturé à l’extérieur. Il y a deux choses qui se rajoutent à nos difficultés :

Premièrement : libellé en dollar, le prix du carburant exprimé en franc guinéen, avec une faible capacité de gestion efficace de la politique monétaire fait que le franc guinéen n’a pas de revenu suffisant pour amoindrir le choc d’une augmentation du prix à l’extérieur.

Deuxièmement : l’Etat a besoin de ressources. Donc, là où il est facile d’avoir les taxes, il procède en surtaxant ces produits par paresse ou par habitude, alors qu’une vraie réforme des finances publiques, avec une bonne organisation de la collecte des ressources internes et bien entendu leur utilisation de manière efficiente auraient permis d’alléger le coût et à la population de résister beaucoup plus efficacement à ce choc externe qui nous fragilise.

Cette absence de réforme économique structurelle majeure est une longue habitude des administrations guinéennes et des gouvernements de ne pas faire ce qu’il faut faire. Ils se contentent de maintenir les choses en l’état. Ce qui fait que notre pays reste très fragile. Notre pays n’a pas une capacité d’action, de s’organiser, d’avoir des dépenses significatives en ce qui concerne les aspects sociaux indispensables.

Le Sénégal mobilise 1000 milliards de FCFA. Vous multiplierez ce montant par 15 ou 16 pour avoir l’équivalent en franc guinéen.  La Côte d’Ivoire fait mieux avec 1700 milliards de FCFA pour accompagner son économie, accompagner ses ménages, donner des subventions directes à la population par rapport aux factures d’eau et d’électricité, au loyer. Et on accorde même les pécules à certains pour leur permettre d’avoir les moyens de s’acheter la nourriture.

Est-ce que l’Etat guinéen est en mesure de le faire ? Peut-être, oui. Il suffit de réorienter certaines ressources vers là où c’est nécessaire que de les orienter là où il y a des dépenses de prestige qui n’apportent aucune valeur ajoutée à la population dans l’ensemble. Donc, c’est pour vous dire qu’il y a problème.

Corona a un effet grossissant sur l’état de gouvernance de chaque pays. Et malheureusement, la Guinée ne s’est pas préparée à résister à des chocs, puisque les réformes indispensables tant sur le plan économique que dans les autres domaines n’ont jamais été prises. Ce qui fait que le Guinéen est abandonné à lui-même ». 

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