Le procès des présumés trafiquants de produits pharmaceutiques a démarré ce jeudi 27 décembre au TPI (Tribunal de Première Instance) de Dixinn. A peine ouvert, le juge audiencier a estimé que l’orientation du dossier a été mal faite par le parquet. Or, a-t-il fait savoir, vu la complicité du dossier, il a jugé nécessaire d’approfondir les enquêtes. C’est-à-dire, soumettre les produits pharmaceutiques saisis à l’appréciation d’un laboratoire spécialisé pour savoir, s’ils sont nuisibles ou non à la santé publique et éventuellement, mettre main sur les autres prévenus.
Quant à l’avocat de la partie civile notamment l’Ordre national des pharmaciens de Guinée, Me Sory Condé, a rappelé que le Tribunal s’est basé sur l’ancienne loi du Code pénal pour instruire le dossier en flagrance délit. « Cette fois-ci, nous n’avons plus à faire usage de l’ancienne loi du Code pénal mais plutôt avec la nouvelle loi portant sur la pharmacie », a-t-il dit.
D’après l’avocat, cette nouvelle loi traite beaucoup de choses. C’est-à-dire, que n’est habilité à manipuler les produits pharmaceutiques que seuls les professionnels. « La même loi donne l’opportunité au syndicat et à l’Ordre national des pharmaciens de se constituer partie civile », a-t-il précisé.
Selon lui, c’est mal connaître les dispositions de cette nouvelle loi que le Parquet a fait application ou a visé les dispositions de l’article 880 du Code pénal qui parle d’atteinte à la santé publique. Or, a expliqué Me Condé, cette nouvelle loi parle des produits contrefaits, de la manipulation des produits pharmaceutiques par les non-professionnels en la matière.
« Cette nouvelle loi va jusqu’à demander la condamnation au triple de la valeur des marchandises saisies. C’est comme la lutte contre la drogue où il faut appauvrir les contrevenants pour les empêcher de faire le commerce des produits illicites », a-t-il martelé.
Plus loin, l’avocat de la partie civile a fait comprendre que dans un passé récent, le Colonel Tiébgoro Camara (Secrétaire général à la Présidence chargé de la lutte contre le grand banditisme et le crime organisé, NDLR) a déclenché une lutte contre les faux médicaments. Mais très malheureusement, il n’était pas accompagné par les professionnels notamment le syndicat et l’Ordre des pharmaciens de Guinée.
Au sortir de la salle d’audience, Hawa Diakité, présidente de l’Ordre national des pharmaciens de Guinée a déploré le fait que le Tribunal ne possède pas tous les éléments liés à la manipulation des produits pharmaceutiques par les non-professionnels.
« C’est notre mission de venir à la rescousse de la population qui est exposée au danger des produits contrefaits. Nous comptons aller jusqu’au bout pour obtenir la condamnation maximale de tous les contrebandiers des produits pharmaceutiques. Les médicaments sont du ressort des pharmaciens. Le pharmacien est le meilleur conseiller thérapeutique. Il faut qu’il retrouve sa place dans le système sanitaire et que nos populations soient à l’abri…», a-t-elle insisté.