Depuis quelques jours, des documents administratifs portant sur des travaux de rénovation et d’équipement de la résidence officielle du Premier ministre Bernard Goumou, se sont retrouvés à la place publique. Par le billet de la presse et des réseaux sociaux. Selon ce document, ces travaux doivent coûter la bagatelle de 700 mille dollars Us au trésor public. Une rénovation dont le coût scandalise plus d’un guinéen aujourd’hui sous le soleil dit de ‘’refondation’’ de la junte militaire au pouvoir depuis deux ans, jour pour jour. Dans la région de Kankan, une large frange des populations ne manque pas d’exprimer son indignation devant cette situation. Même si certains tentent d’y mettre un bémol. Lisez !
Bangaly Sylla, activiste de la société civile à Siguiri : « non seulement le montant est très exorbitant pire, on parle d’un contrat de gré à gré. Non seulement le montant pose problème pour moi mais, la nature du contrat également. Je me demande quel type de rénovation, ils ont eu à effectuer là-bas. Parce qu’en Guinée, avec près de 7 milliards de francs, je me demande de quel type de rénovation nous parle-t-on ? C’est possible de construire une nouvelle bâtisse avec une somme aussi faramineuse. Et puis, c’est inconcevable de dépenser une telle somme dans la résidence d’un Premier ministre alors que les enseignants contractuels, ont des mois d’arriérés de salaires impayés par l’Etat. Il y a des localités du pays qui sont également en manque d’infrastructures notamment des écoles, des centres de santé etc… Au lieu de mettre ces milliards dans la résidence du PM, il faut payer les enseignants contractuels, construire des salles de classes dans les districts qui en souffrent. Il faut un audit de ce contrat et en tirer les conséquences. Le colonel Doumbouya a dit qu’il est venu aussi pour lutter contre la gabegie financière. Alors celui-ci est un cas spécifique pour sévir. »
Dr Lounceny Chérif, coordinateur du Conseil National des Organisations de la Société civil CNOCS dans la région de Kankan : « dans un pays ou dans une capitale où les gens souffrent du manque d’eau potable, cela devient vraiment aberrant. On ne peut aujourd’hui avoir des citoyens guinéens en prison pour des faits de corruption et de gabegie financière et au même moment apprendre que le Premier ministre a rénové une résidence à plus de 6 milliards de francs dans un pays aussi pauvre que la Guinée. A notre entendement, cela est inacceptable. Vu la conjoncture actuelle. Assez de Guinéens ne mangent pas à leur faim. Donc, il faut vraiment prendre cette affaire au sérieux pour la clarifier. En tout cas, si c’est avéré, nous acteurs de la société civile de Kankan, condamnons cela avec la dernière énergie. »
Sékou Aicha Cissé, activiste de la société civile à Kankan : « c’est une désolation ! Car, les fonds du contribuable devraient être utilisés de façon judicieuse et efficiente. Les ressources collectées par l’Etat devraient être au bénéfice de la population. Mais apprendre une telle nouvelle de dilapidation des fonds à l’ère du CNRD, franchement, cela va sans dire que ce sont les mêmes habitudes du passé qui continuent. Ce, en dépit de tous les engagements pris par le CNRD à sa prise du pouvoir. Je pense que c’est très inquiétant pour nous les Guinéens. Il faut que nous arrêtions d’assister à ce genre de décaissement fantaisiste pour la soi-disant rénovation d’un bâtiment du PM. Pour nous, ce Premier ministre est loin de l’esprit de la refondation de l’Etat que nous a promis le colonel Doumbouya. »
Sékouba Traoré, coordinateur de la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) : «… Ce qui s’est passé, c’est qu’on appelle le régime de dérogation. Concernant cette affaire de la rénovation de la résidence du PM, il n’y a pas vraiment lieu de polémiquer. Si l’administration a décidé d’allouer ce montant aux travaux de rénovation, cela est sans doute dû aux commodités dignes à son rang. Le Premier ministre mérite tout de même d’être dans un certain confort en termes de traitement. Cette rénovation va aussi dans l’intérêt supérieur de la nation. Car, cela contribue à l’urbanisation. Cela donne aussi une bonne visibilité à la capitale guinéenne. Donc, ce n’est pas quelque chose qui va dans l’intérêt personnel du PM. Il y est un locateur, donc un passager. Alors que ce patrimoine va rester. Nous estimons donc pour notre part que c’est un support de développement. »