Le président du Mouvement Populaire et Démocratique de Guinée (MPDG), Siaka Barry, a accusé l’Ufdg et l’Ufr d’être les “complices” du président Alpha Condé dans “le tripatouillage constitutionnel.” Une accusation réfutée par Mohamed Tall, le directeur de Cabinet de Sidya Touré. L’ancien ministre de l’Elèvage et des Ressources animales se dit “très surpris de lire l’intervention de Siaka Barry sur Guineenews.”
“ Je trouve cela quand même assez déplacé. Dire que l’Ufdg et l’Ufr sont complices d’Alpha Condé dans le processus de changement constitutionnel, je trouve cela assez gros. S’il y a deux acteurs qui étaient réellement engagés dans le cadre du Fndc jusqu’à récemment, c’est l’UFDG et l’Ufr. Pour l’UFR, nous y sommes jusqu’à présent. Je trouve que Siaka en fait de trop. J’ai trouvé cela assez malhonnête de sa part. Je pense que c’est quelqu’un qui essaie d’occuper l’espace médiatique. Ce sont les acteurs politiques de son acabit, au contraire, qui ont crédibilisé le processus électoral qui a abouti au double scrutin. Dans la mesure où contre toute attente, il nous a lâchés pour se présenter. Nous, nous avons continué le combat dans le cadre du Fndc. Alors, je ne sais pas sur la base de quoi, il peut accuser l’Ufdg et l’Ufr”, rouspète M. Tall.
Si Siaka Barry estime que la présence de l’UFDG et de l’UFR, deux grands partis, aux élections législatives de mars dernier, pouvait amener le président Alpha Condé à renoncer à son projet de modification de la constitution, le directeur de Cabinet de Sidya Touré pense le contraire.
Pour Mohamed Tall, le président du MPDG “est déjà très proche du président (Alpha Condé, ndlr). Ce n’est pas pour rien que beaucoup l’accusent de travailler pour lui. Mais de là à dire ce genre d’inepties, je trouve cela inacceptable. Nous nous sommes fixés une règle de conduite en étant très clairs sur notre position par rapport au 3e mandat d’Alpha Condé.”
D’ailleurs, rappelle-t-il, “dès la création du Fndc, le 3 avril 2019, nous nous sommes dits qu’on ne se mêlera de rien du tout tant qu’Alpha Condé continuera à nourrir l’ambition de confisquer le pouvoir et de s’octroyer une présidence à vie. (…) Nous avons dénoncé le fichier qui était un fichier insensé qui faisait la part belle à la Haute Guinée et qui plaçait le corps électoral à plus de 70% de la population guinéenne. C’était inadmissible.”
Poursuivant la justification sur l’absence de l’Ufdg et de l’Ufr aux législatives, Mohamed Tall déclare : “ nous avons dénoncé la démarche exclusive de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et le fait qu’elle soit sous ordre. Nous avons aussi dénoncé le comportement de la Cour constitutionnelle. Compte tenu de tout cela, nous sommes engagés dans un combat. Nos militants et les Guinéens nous ont suivis. Il y a eu beaucoup de sacrifices, beaucoup de morts, des personnes blessées, des gens qui ont perdu des biens, à l’issue de tout cela, on ne peut dire que nous avons été tout cela pour rien.”
Selon lui, Siaka Barry en étant candidat à l’élection législative, c’est “accompagner Alpha Condé pour qu’il ait une majorité à l’Assemblée nationale et en profite pour adopter entre guillemets sa constitution. On ne pouvait pas le faire et nous sommes restés constants contrairement à lui qui s’est retrouvé avec trois députés peut-être négociés et peut-être d’autres avantages qui pourraient se cacher.”
Si Siaka Barry estime que l’opposition avait cautionné une forfaiture du président de la République en acceptant de prolonger son mandat à l’Assemblée nationale, M. Tall pense le contraire. “Il va trop bas. Nous, on ne peut pas le suivre dans ce débat”, dit-il.
Dans ses explications, le directeur de cabinet de Sidya Touré indique que c’est “une question qui appartient au passé. Nous avions à l’époque donné suffisamment d’explications. Et ce n’est pas la première fois qu’on a eu l’extension d’une législature puisqu’au temps de Conté, nous avions connu ce cas de figure-là. Aujourd’hui, le contexte est totalement différent. Les enjeux étaient extrêmement faibles à l’époque.”
Enfin, mentionne-t-il, “les députés qui sont restés au-delà des cinq années légales ne bénéficiaient que de leurs salaires. Les voyages et les primes avaient été supprimés. Donc, il ne peut pas nous accuser d’être restés à l’Assemblée pour cela. Je pense plutôt que c’est lui qui est guidé par des intérêts pécuniaires. Voilà pourquoi, il a préféré se compromettre en prenant part à cette mascarade électorale dans le seul but d’exister un tant soit peu sur la scène politique. C’est à ce prix, je crois, qu’on lui a octroyé trois députés qu’il ne mérite bien entendu pas du tout.”