Depuis le 31 mars, la ville de Conakry est confinée. Une mesure qui vise à freiner la propagation du nouveau Coronavirus (Covid-19), donc pour éviter que le virus ne soit transporté à l’intérieur du pays où d’éventuels malades du Covid-19 ne puissent être pris charge.
A cause de la forte démographie, la ville de Conakry est désormais étendue aux deux villes périphériques que sont Coyah et Dubréka. Ce qui fait que les points de contrôle se font après ces deux villes, soient trois axes : la route nationale RN1, la RN3 et la RN4. Hier mardi 14 avril, le contrôle était rigoureux sur les deux premiers axes.
Sur la route nationale N°1, à la sortie de la ville de Coyah, de nombreux véhicules attendent depuis trois jours. Ils espèrent passer le point de contrôle. Mais la consigne est claire : ne laisser aucun véhicule de transport en commun ou utilitaire passer. Ici, les taxis-motos peuvent passer. Des chauffeurs affirment déjà avoir passé trois jours-là sans pouvoir passer alors qu’ils « n’ont que de bagages ». Ce qui n’est, le plus souvent, pas vrai.
« J’ai fait trois jours ici. Ils refusent qu’on passe. Tous ces véhicules que vous voyez ici, ne contiennent que des bagages », affirme un chauffeur qui souhaite se rendre à Mamou. Très en colère, il soutient que la mesure est prise contre les chauffeurs dont les véhiculés ont des plaques noires, plaques désignant les véhicules de transport commun. Pendant ce temps, une femme qui portait son bébé dans les bras, entre dans le véhicule. C’est, sans doute, une passagère.
Non loin de là, un apprenti-chauffeur en partance pour Bamako interpelle : « nous sommes là depuis 4 jours. On n’a que des bagages. On nous dit que les gens ne passent pas sauf les bagages que nous prenons, mais ça aussi ne passe pas. Il faut savoir, tant que nous ne voyageons pas, nous n’allons pas gagner à manger. Et là, les choses vont se compliquer pour nous. »
A Kouria, avant le barrage traditionnel de contrôle, un colonel et ses hommes ont érigé un autre. Ils veillent à l’application de l’interdiction de sortie des personnes pour l’intérieur du pays. Si auparavant les taxis-motos passaient, ce mardi, tout est bloqué. Car la subtilité des citoyens pour se rendre en province a bien été comprise. De nombreux véhicules sont garés. Déjà, un grand embouteillage s’est formé. Les chauffeurs viennent prier le colonel pour passer. Mais ce dernier ne les écoute pas. Il vient dégonfler lui-même les pneus des véhicules, pour inciter les autres à quitter les lieux.
« Pour comprendre ce qui se passe, il faut aller à Samaya-Khori. Vous comprendrez tout. Voici ce qui se passe. Les chauffeurs débarquent les passagers à Coyah. Ces derniers prennent des taxis-motos qui les déposent à Samaya Khori, devant Bangouya là-bas. Aujourd’hui, la gare routière de Madina est transportée à Samaya-Khori », a confié ce colonel de l’armée guinéenne. Et d’ajouter : « ici, on ne laisse passer que les gros camions, des minibus transportant des produits périssables. Vous avez vu, puisque vous dites que vous fait plus de 30 mn ici. »
A Bangouya, des chauffeurs de taxi se confient aux conducteurs de taxis-motos. Ils cherchent des passagers pour Kindia et Mamou. « Ils ont chassé les chauffeurs à Samaya-Khori hier », dit un motard à l’endroit d’un chauffeur de taxi-brousse. « Tu dois te confier aux conducteurs de taxis-motos. Ils pourront t’aider à avoir des passagers », ajoute-t-il.
A la gare routière de Kagbèlèn, aux environs de 14h, des véhicules sont garés. Les chauffeurs embarquent des passagers pour Kamsar et Boké. Mais sans savoir ce qui les attend au barrage de Dioumaya. Là, une équipe mixte, composée de gendarmes, des agents de la police routière et des militaires bloquent le passage aux véhicules de transport mais aussi des véhicules avec plaque rouge.
Un peu loin, au niveau de la Soumba, un autre barrage de contrôle est géré par des militaires.
Le dernier filtre est effectué par le coordinateur des barrages, le colonel Kaba. Depuis Khorira, lui et ses hommes, font retourner tous ceux qui ont pu passer les barrages précédents. Là, même les militaires, s’ils n’ont pas l’autorisation de sortir délivrée par les services sanitaires, sont retournés.
« Nous avons les numéros des différents services sanitaires de l’armée. Quand un militaire vient ici, s’il nous montre son autorisation, on appelle le service sanitaire pour confirmation. Il y a des gens ont présenté des documents délivrés par des cliniques privées ou de l’hôpital Donka. Mais nous, nous n’acceptons pas ces papiers-là ici. Les services qui doivent délivrer les autorisations sont connus », ajoute un haut gradé de l’armée guinéenne.
Beaucoup d’observateurs estiment que la rigueur dans le contrôle au niveau des barrages est due à l’intervention du chef de l’Etat le 13 avril. Ils craignent que cette rigueur ne soit un feu de paille.
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