Paru chez L’Harmattan Guinée, le nouvel ouvrage du Pr Maladho Siddy Baldé éclaire un pan souvent méconnu, mais fondamental, de l’histoire ouest-africaine et mondiale.
Pour l’auteur, l’“Histoire du Rio Pongo à la croisée des voies commerciales transatlantiques du XVe au XIXe siècle” n’est pas un simple livre d’histoire. C’est un voyage au cœur d’un territoire où se sont nouées, pendant cinq siècles, les relations complexes entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques.
Dans cet ouvrage, le Pr Maladho Siddy Baldé, à travers une rigueur académique doublée d’un sens aigu du récit, redonne voix à un espace oublié, trop souvent réduit aux marges de la grande Histoire : le Rio Pongo, en Guinée.
Ce fleuve, devenu haut lieu de la traite négrière, fut aussi un point de convergence des peuples, des cultures, des intérêts. Soussou, Djallonké, Peuls, Malinké, Guerzés, Toma, Kissi, mais aussi Bambara, Wolof, et des populations venues du Libéria, de la Sierra-Léone et de la Guinée-Bissau : tous ces groupes ont vécu, commercé, résisté et parfois collaboré dans ce territoire à l’identité singulière, selon le Pr Baldé.
À travers cinq chapitres denses et documentés, l’auteur décortique les mécanismes de la traite, les alliances commerciales, les stratégies locales d’adaptation et de préservation culturelle. Il montre comment, malgré les bouleversements, le Rio Pongo a su préserver son authenticité, sa culture, et même son leadership local, notamment incarné par la figure emblématique de Niara Bely, femme de pouvoir et d’influence, véritable héroïne de cette époque troublée.
Loin de se contenter d’un regard eurocentré ou victimisant, le Pr Baldé restitue les faits avec équilibre et nuance. Le Rio Pongo apparaît non pas comme une victime passive des grandes puissances coloniales, mais comme un acteur stratégique, sachant tirer profit de sa position géographique et de sa diversité humaine.
Avec ce second ouvrage [après “L’épopée de Bocar Biro, selon le griot Farba Kébaly de Labé”], le Pr Baldé entend participer à cette urgence de transmission, à cette volonté de restaurer des vérités effacées, de redonner aux terres africaines leur place dans le récit global de l’humanité.
