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L’Énigme du Militantisme Politique en Guinée : Un Chemin Pavé de Déceptions

Depuis l’avènement du multipartisme intégral en Guinée au milieu des années 90, la scène politique nationale semble enfermée dans un cercle vicieux de trahison et de désillusion. Les espoirs placés dans le militantisme comme levier de changement se sont heurtés à une réalité amère : les défenseurs d’hier deviennent les oppresseurs d’aujourd’hui. Cette métamorphose des acteurs politiques, autrefois porteurs des idéaux de liberté et de justice, soulève une question cruciale : à quoi sert vraiment le combat politique en Guinée ?

La Malédiction du Pouvoir

Le processus semble presque inéluctable. Chaque fois qu’un leader d’opinion, un activiste de la société civile ou un parti d’opposition accède à une parcelle du pouvoir étatique, il devient rapidement le premier combattant des idées et valeurs qu’il avait pourtant défendues avec ferveur. Ce phénomène, qui pourrait être qualifié de « malédiction du pouvoir », témoigne d’une dérive systémique où le militantisme politique, loin d’être un outil de transformation sociale, se mue en une voie d’ascension personnelle au détriment des principes éthiques.

La transition du statut de militant à celui de détenteur du pouvoir s’accompagne d’un changement radical de posture. Les mêmes figures qui, hier encore, s’insurgeaient contre l’oppression, la corruption, et les atteintes aux droits humains, se retrouvent aujourd’hui à la tête d’un régime autoritaire, réprimant la moindre contestation, muselant la presse, et étouffant toute voix dissidente. Cette trajectoire tragique démontre à quel point le pouvoir peut corrompre même les idéaux les plus nobles, transformant des militants en bourreaux.

Les Racines du Phénomène : Une Analyse Scientifique

Loin d’être un simple constat de trahison, ce phénomène trouve ses racines dans plusieurs dynamiques psychologiques et sociologiques bien établies. Le syndrome du « conformisme au pouvoir » est un concept qui explique comment l’accès à une position d’autorité peut entraîner un alignement avec les normes et comportements de l’élite au pouvoir. Cette théorie, étayée par des études en psychologie sociale, montre que les individus investis d’un pouvoir tendent à adopter des attitudes plus autoritaires, souvent en réaction à la nécessité de maintenir leur position et de gérer les pressions institutionnelles.

De plus, la dynamique du « clientélisme politique » joue un rôle central en Guinée. Les réseaux d’allégeances personnelles et les systèmes de patronage pervertissent l’intégrité des leaders politiques, les obligeant à se conformer aux attentes de leurs soutiens pour préserver leur statut et leur influence. Cela crée une dépendance aux structures du pouvoir qui, inévitablement, corrompt les idéaux de départ.

Enfin, le « cycle de la répression et de la radicalisation » constitue un autre facteur clé. Les régimes autoritaires en Guinée, comme ailleurs, utilisent la répression pour neutraliser les mouvements d’opposition. Les militants, en réponse, se radicalisent, mais une fois au pouvoir, ils appliquent les mêmes méthodes répressives pour maintenir leur hégémonie, reproduisant ainsi les mêmes schémas d’oppression.

Une Lutte Sans Horizon : Les Limites du Militantisme en Guinée

La conséquence de ce cycle infernal est claire : le militantisme politique, tel qu’il se pratique en Guinée, semble incapable de produire un véritable changement. Plutôt que de renverser les régimes oppressifs et de promouvoir des réformes profondes, il se limite à un jeu de chaises musicales où les oppresseurs d’hier cèdent leur place aux oppresseurs de demain. Dans ce contexte, le militantisme perd son essence révolutionnaire et devient un simple tremplin vers le pouvoir, sans aucune garantie de transformation sociale durable.

Face à cette réalité, la question de l’utilité du militantisme politique en Guinée devient plus pressante que jamais. Si chaque tentative de renversement du statu quo aboutit à la reproduction du même système autoritaire, peut-on encore croire au potentiel émancipateur de la lutte politique ? La réponse, hélas, semble pencher vers le pessimisme.

L’Impossible Évasion

La véritable tragédie de la politique guinéenne réside dans cette incapacité à briser le cercle vicieux de la répression et de la trahison. Les espoirs d’une société plus juste et plus libre sont systématiquement trahis par ceux-là mêmes qui prétendaient les incarner. Cette répétition historique devient alors une condamnation pour le peuple guinéen, pris au piège d’un système politique qui ne cesse de recycler les mêmes erreurs, les mêmes abus, les mêmes illusions.

Il est donc impératif de repenser le militantisme en Guinée, de trouver des moyens de contourner ce cycle destructeur. Cela pourrait passer par une refonte des structures politiques, une sensibilisation accrue à l’éthique du pouvoir, et un engagement plus profond des citoyens dans la surveillance de leurs dirigeants. Mais tant que les dynamiques actuelles prévaudront, le militantisme politique restera une voie sans issue, incapable de libérer la Guinée de ses chaînes.

En somme, le combat politique en Guinée, tel qu’il est mené aujourd’hui, semble condamné à perpétuer le mal qu’il prétend combattre. La libération du peuple guinéen ne viendra pas d’un simple changement de figures à la tête de l’État, mais d’une transformation profonde et radicale de la culture politique elle-même, qui devra apprendre à résister à la tentation corruptrice du pouvoir.

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