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Saisie de stupéfiants : la Guinée est-elle redevenue la plaque tournante de la drogue ?

Le phénomène de la drogue est encore d’actualité en Guinée. Dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 novembre dernier, les éléments des Services Spéciaux Chargés de Lutte Contre la Drogue et le Crime Organisé ont mis la main sur une cargaison de stupéfiants en provenance de la Sierra-Leone voisine, par la mer. Les colis ont été interceptés à Boussoura-port, dans la commune de Matam, lors de la livraison de la marchandise au contact chargé de vente. Une dizaine de personnes ont été interpellées dans le cadre de l’enquête sur cette saisie. Le démantèlement de ce qu’on peut appeler « le cartel de Boussoura » fait aujourd’hui débat à Conakry, au sein des populations qui craignent pour leur sécurité et pour l’éducation de leurs enfants. Ce sont donc environ 250 kilogrammes de plusieurs types de drogues dont le kush et le chanvre indien, qui ont été saisis cette nuit-là au débarcadère de Boussoura.

Dans son explication, le Secrétaire Général à la Présidence Chargé de Lutte Contre la Drogue et le Crime Organisé, Commissaire Malick Koné a rappelé que c’est dans la nuit du 1er au 2 novembre 2022, qu’ils ont procédé à l’interpellation des individus au débarcadère de Boussoura dans la commune de Matam en possession de 249 kilogrammes de toutes sortes de drogue (kush et chanvre indien)  et des boissons frelatés venues de la Sierra Léone :« Nous partons en guerre contre les trafiquants de drogue. C’est une question de santé publique. Nous avons une mission de protéger les citoyens et leurs biens. Parfois, on utilise les boissons frelatées pour fabriquer d’autres qualités de drogue qui peuvent s’apparenter à la drogue Kush », soutient–il avant d’insister sur la menace de traquer les trafiquants de drogue et autres dealers qui pullulent à Conakry. «Nous partons en guerre contre ces trafiquants et démanteler les réseaux »

Les différentes pistes de drogue en Guinée : débarcadères, routes, vols domestiques

On ne peut pas parler de drogue sans faire cas de la manière dont elle est entrée dans le pays. Ces stupéfiants passent pour la plupart par la voie fluviale. Cette voie est prisée par les trafiquants. Les débarcadères, les ports artisanaux de Conakry accueillent les petits bateaux et autres pirogues tard la nuit. Ces pirogues vont jusqu’à la haute mer pour réceptionner  les colis en provenance des pays de l’Amérique du Sud « Toutes ces pirogues que vous voyez ne font pas que la pêche. Elles servent à transporter des colis suspects. Les opérations se font tard la nuit. Avant l’arrivée de ces bagages suspects, tout le port est dégagé. On demande à tout le monde de quitter. Même nous les responsables de ces débarcadères, évidemment les opérations se fassent à notre absence. C’est pour vous dire que les débarcadères sont de véritables passoires de chanvre indien et autres stupéfiants », nous  confirme Bouba Tommy B, un responsable au débarcadère de Boulbinet où nous avons commencé notre enquête.

Au débarcadère de Bonfi, on nous apprend que des colis sont débarqués régulièrement de jours comme de nuits au su et vu de tout le monde « Mais ça fait longtemps ce trafic existe ici ! C’est l’activité principal de nos frères Sierra-Léonais ! Ils profitent du transport des produits alimentaires comme les tubercules de manioc, le piment pour faire passer le chanvre indien et autres drogues dures. Les passeurs viennent les enlever sans qu’aucun doute ne plane sur leurs mouvements de va-et-vient. Généralement ce sont des femmes qui viennent avec des sacs vides pour ramasser les bagages. Quand on leur demande, elles avancent des arguments comme le ravitaillement des marchés de la capitale en vivriers. Certains profitent des cartons de boissons alcoolisées entre lesquels ils enfouis des plaquettes de drogue», nous apprend un riverain du débarcadère.

A Boussoura-port où nous nous sommes rendus le week-end dernier, les agents de police que nous avons trouvés sur place ont été avares en commentaires, mais ils ont essayé de s’ouvrir à nous. « Le plus grand problème qu’on a, c’est que les bateaux en provenance de l’Amérique du Sud, sont en haute mer. Les trafiquants louent les pirogues ici pour aller se ravitailler et revenir tard la nuit. Les auteurs de ce trafic sont très discrets. Il n’est pas facile de mettre la main sur eux. Les riverains d’ici sont des complices qui servent de couverture pour ces gens-là. L’entrée de la drogue sur le territoire guinéen est une triste réalité. Nous traquons les acteurs de ce trafic chaque jour que Dieu fait. Les pistes sont connues : voie navigable, voie terrestre et aérienne», précise le Magi-chef C A.

En ce qui concerne la voie terrestre, la frontière avec la Sierra-Léone au niveau de Pamalap reste la première piste d’entrée de la drogue en Guinée, selon les agents de la douane à ce poste frontalier « Les routes et autres sentiers sont beaucoup utilisées. Les trafiquants contournent les principales voies d’accès en ville. Ils utilisent les deux roues pour emprunter ces sentiers dans la brousse pour atterrir dans les villages et se déporter avec leurs colis dans la capitale. Si vous remarquez bien, on retrouve les passeurs parmi les démarcheurs de pierres précieuses. Tournez souvent autour de l’église Anglicane à Manque-Pas, dans la commune de Kaloum. Vous y trouverez beaucoup de Sierra-Léonais qui se font passer de diamantaires. Nos frontières terrestres sont poreuses », nous affirme le Lt BD, en poste à Pamalap.

A l’aéroport et au Port Autonome de Conakry où nous sommes passés lors de notre enquête, nous n’avons pas trouvé d’interlocuteur lorsqu’on a essayé de comprendre le circuit de la drogue souvent interceptée. A la direction des services Spéciaux, nous avions été plusieurs fois programmés mais les rendez-vous n’ont jamais été respectés par les responsables. Au département de la Sécurité, on nous apprend que parler de la drogue avec la presse, c’est dévoiler les stratégies de la police.

Pour ce qui concerne les conséquences de l’entrée massive de la drogue sur le territoire et ses effets dévastateurs sur la jeunesse, nous avons sollicité l’intervention des spécialistes en la matière, qui promettent de nous accorder une interview dans nos prochaines éditions

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