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Bras de fer Etat-Syndicat : Mamadou Mansaré de la CNTG fait de grands déballages

Le président de la commission syndicale aux négociations et également secrétaire général adjoint de la CNTG (Confédération Nationale de Travailleurs de Guinée), Mamadou Mansaré est monté au créneau lundi 9 juillet pour fustiger le comportement du gouvernement, a-t-on constaté à la Bourse du Travail à Kaloum, Conakry.

Pour rappel, le syndicaliste Mamadou Mansaré a fait savoir que le FMI (Fonds Monétaire International) et BM (Banque Mondiale)  avaient demandé à la Guinée une augmentation de 950 GNF sur le prix du litre du carburant à la pompe. « Le document existe. Si tu ajoutes 950 GNF sur 8 000 GNF, cela donne 8 950 GNF. Normalement, le prix du litre du carburant devrait se vendre à ce prix. Le gouvernement a dit non en nous disant qu’au moment où ces instructions bancaires faisaient cette proposition, que le prix du baril était à tel ou tel. Très malheureusement, ils ne peuvent pas nous faire comprendre que les experts du FMI et de la BM ne font pas la probabilité qui s’étend sur une, deux ou trois ans…», a-t-il expliqué.

Revenant sur les négociations, M. Mansaré a déploré que le gouvernement ne veut pas bouger sur sa position. « Depuis que nous avons entamé les négociations, nous ne faisons que tourner en rond, nous ne bougeons pas. Le gouvernement est campé sur sa position en maintenant le prix du litre du carburant à la pompe à dix mille francs guinéens et il souhaite que nous discutions sur les mesures d’accompagnement (…). A cause de cette hausse, aujourd’hui le prix d’un sac de ciment est passé de 60 000 GNF à 80 000 GNF. Un kilo de viande est passé de 40 000 GNF à 60 000 GNF. Le prix de la miche de pain est passé de 3 000 à 5 000 GNF. Bref, tout a doublé, un petit tas de piments se vend à 2 000 GNF. C’est pour dire que la vie est devenue intenable », a-t-il dénoncé.

Poursuivant, Mamadou Mansaré a souligné que le syndicat a fourni assez d’efforts qui ont abouti à l’achèvement du PPTE (pays pauvres très endettés). « Tout ce que nous avons obtenu depuis 2010 est tombé dans l’eau alors que nous avons consenti  d’énormes sacrifices. Malgré tout, nous avons été traités de tous les noms d’oiseaux. Tenez-vous bien, à chaque fois qu’il s’est agi de défendre l’intérêt de la Guinée, le syndicat a été toujours au devant la scène. Nous avons serré la ceinture jusqu’à ce que nous avons eu le PPTE.  Nous avons encore serré la ceinture quand il fallait achever le programme avec le FMI et la BM. Nous avons serré la ceinture pour entamer un nouveau programme avec le FMI et la BM (…)», a-t-il rappelé.

« Il vous souviendra que c’est en 2016 que nous avons obtenu les 40% d’augmentation sur l’indice salarial. Mais avec la nouvelle grille salariale et l’augmentation de salaires, nous avons privilégié l’échelonnage pour ne pas bouleverser notre programme avec le FMI et la BM. Certains n’ont pas voulu comprendre. C’est parce qu’on ne voudrait pas demain faire porter le chapeau. Qu’on nous dise que ce sont les charges sociales qui ont occasionné le dérapage », a-t-il enchaîné.

Aujourd’hui, où se trouve la vérité, s’est-il interrogé avant de répondre que 63% des marchés publics ne sont pas conformes aux normes. « 24% des marchés publics n’ont pu être audités par faute de document. Seulement, 13% des marchés publics sont faits dans les règles de l’art. C’est une manière pour dire que les marchés de gré-à-gré sont énormes (…)», fustige-t-il.

A en croire M. Mansaré, la mauvaise gouvernance est à l’origine de cette hausse du prix du carburant en Guinée. « Nous avons constaté dans notre lecture du budget que 2/3 sont des marchés gonflés. Vous verrez une maison qui coûte 400 millions mais on vous présentera une facture d’un milliard. Les 600 millions sont repartis entre certaines autorités. Avec les fêtes d’indépendance tournantes, nous remarquons qu’il y a eu beaucoup de constructions. Mais si vous voyez la valeur de ces constructions, vous allez vous rendre compte, que tout est surfacturé…La route Kissidougou-Kankan, une petite distance, est la plus chère des routes au monde…C’est le même cas pour le bâtiment qui devrait habiter l’inspection générale du travail où les fonds sont dégagés mais, l’entrepreneur a disparu…», a-t-il dénoncé.

Parlant toujours du carburant, Mamadou Mansaré a dénoncé que l’Etat est le premier consommateur. « Supposons qu’un ministère   ait 100 véhicules. Ce ministère carbure ces véhicules tous les jours 50 litres chacun et ces 50 litres sont entièrement consommés. C’est comme si ces véhicules faisaient un aller-retour Conakry et Mamou.  Maintenant, qu’on passe de 8 000 à 10 000 GNF le litre, ce qui veut dire que la ligne pour le carburant va augmenter dans chaque département ministériel…», précise-t-il.

« Quand vous prenez les biens et services, c’est en Guinée seulement que vous verrez que tous les mobiliers sont dans l’article 6. Ce qui veut dire que la durée de vie d’un mobilier est d’une année. Tenez-vous bien, est-ce que la durée d’un ordinateur est d’une année (…) »,  se questionne Mamadou Mansaré.

D’après M. Mansaré, le gouvernement de Kassory a d’autres priorités que se pencher  sur le prix du carburant. « Le FMI et la BM ont fait des recommandations dont nous avons eu copie. C’est un tableau de trois pages et parmi ces recommandations, la première mesure, c’est la lutte contre la corruption, rendre clair les passations des marchés. Nous nous demandons pourquoi le gouvernement Kassory Fofana n’a commencé que par le carburant. Les 2/3 des carburants vont dans les départements ministériels. Ils n’atteignent pas les services déconcentrés (…)», a-t-il regretté.

« Ce qui est dramatique dans ce pays, a fait savoir M. Mansaré est qu’à l’Assemblée nationale, les députés ne sont pas d’accord sur beaucoup de choses, mais ils sont  tous d’accord sur le budget. Comment vous pouvez comprendre qu’à l’Assemblée nationale, le personnel n’est pas immatriculé ? Il n’est pas bien payé. Les travailleurs sont licenciés et renvoyés. Dans tous les pays du monde, le personnel du parlement  est syndiqué sauf en Guinée. Quand vous prenez le budget national, dans tous les pays du monde, le jeu de hasard fait une grande partie des recettes de l’Etat…»

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