Dernières Nouvelles de la Guinée par les Guinéens
CIAO

Vers la réouverture des médias fermés ? « les torts ont été justement rétablis », dit Bah Oury

2AGBA

C’est un discours dense et introspectif que le Premier ministre Bah Oury a livré ce lundi 19 mai à Conakry, en ouverture du Forum sur l’avenir de la presse en Guinée. Le Chef du gouvernement a de nouveau tendu la main à la presse, un an après la fermeture de trois médias phares du paysage guinéen.

Un an de “divorce”, un temps de réparation

« Chers journalistes, pratiquement ça fait un an jour pour jour que nous avions divorcé », a-t-il lancé d’entrée, en référence à la fermeture controversée des radios FIM FM, Djoma et de la chaîne Espace TV, survenue en mai 2024. Un an plus tard, Bah Oury affirme que « les torts ont été justement rétablis », saluant « le temps » comme un facteur d’apaisement et de maturation. Il estime que cette période a permis de « dépassionner les sujets » et d’« esquisser une nouvelle forme de la pratique de la presse » en Guinée.

Le Premier ministre a appelé à une introspection profonde durant les trois jours du forum, exhortant les professionnels des médias à faire émerger « des dynamiques souhaitées par les acteurs eux-mêmes, pour eux-mêmes ». Un virage qu’il juge essentiel dans une Guinée en pleine mutation, traversée selon lui par « un choc entre l’ancien et le nouveau ».

À ses yeux, le défi ne se limite pas à la presse : « Ce n’est pas la presse au fond qui est en jeu, c’est la nature même de comment l’expression politique peut être dans le nouveau contexte. » Dans ce contexte, certains ont « fermé les yeux sur les nouvelles réalités », quand d’autres ont su « s’adapter».

La refondation, fil rouge de l’action gouvernementale

Reprenant le leitmotiv du pouvoir actuel, Bah Oury a replacé son propos dans le cadre de la refondation promise par le président Mamadi Doumbouya et le CNRD. Selon lui, « la Guinée ne pouvait plus évoluer avec les anciennes pratiques » sans risquer de compromettre son avenir sur les plans économique, politique et institutionnel.

À lire aussi

Tout en reconnaissant les souffrances subies par certains journalistes privés de leur outil de travail (et donc de revenus), le chef du gouvernement a insisté sur la responsabilité des patrons de presse, dénonçant les dérives où certains « utilisent l’entreprise pour leurs intérêts personnels stricto sensu ».

Contre-pouvoirs et équilibre des forces

Bah Oury a rappelé le rôle fondamental des médias dans l’architecture démocratique : celui de contre-pouvoir. « L’intérêt du pouvoir, c’est d’avoir des contre-pouvoirs efficaces », a-t-il martelé, avant d’ajouter : « Si les contre-pouvoirs sont inefficaces, le pouvoir même en souffrira. »

Dans cette logique, il a salué l’émergence de nouveaux médias sur Canal+, l’arrivée de jeunes talents et la création des maisons de presse en régions, signes d’un « accompagnage en bonne intelligence » entre les autorités et la presse.

Face aux dangers de la désinformation

Le Premier ministre a aussi mis en garde contre les menaces modernes qui pèsent sur les sociétés, évoquant les risques de désinformation massive, notamment à travers les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle. « Notre cerveau peut être dupé, manipulé », a-t-il prévenu, appelant à une vigilance collective.

Concluant son intervention, Bah Oury a affirmé que les autorités sont « profondément attachées à la liberté de la presse » dans un esprit de co-construction d’une société pacifiée et souveraine. Il a promis une attention particulière aux recommandations qui sortiront du forum : « Parce qu’en définitive, c’est ça qui nous rendra forts. »

vous pourriez aussi aimer
commentaires
Loading...