L’activité de déguerpissement se poursuit toujours. Elle couvre tout le grand Conakry et même plus large, dans les villes, à l’intérieur du pays. L’un des objectifs visés est le dégagement des encombrants physiques qui obstruent les emprises des routes et favorisent le désordre qui caractérise notre circulation routière, au quotidien. Cet état de fait qui manque d’harmonie et d’esthétique, impacte la mobilité et altère l’image de la ville. L’objectif recherché est assez noble. Il consiste à améliorer le cadre de vie des populations et à redonner de la gaieté à nos villes. Mais, si le sujet est constamment évoqué en tant qu’activité de premier plan, dans les préoccupations des autorités, force est de reconnaître que le résultat qu’on en a tiré jusque-là, est plutôt mitigé. Du moins, si on se réfère aux réalités que le terrain laisse apparaître.
Dans un des articles que nous avons consacré au sujet, nous avions dit que c’est à un recommencement sans fin que nous sommes confrontés. On a remarqué, dans la plupart des cas, que l’opération entamée n’est que rarement conduite à son terme. Et dès lors qu’elle s’arrête, même un tant soit peu, les vieilles habitudes reviennent au galop. Les déguerpis se réinstallent petit à petit, encouragés en cela par le laxisme ambiant, le manque de suivi et les incitations de ceux qui évoquent le feu de paille habituel qui nous caractérise, pour pousser au doute et à la rebuffade.
L’image, ici affichée, illustre parfaitement le sujet. Nous avions déjà montré une, d’assez semblable à celle-ci, à titre d’exemple de déguerpissement non abouti. Le petit conteneur qu’on revoit là, est tordu et sans porte. Cet état résulte des coups de boutoir que lui ont donnés les démolisseurs pour l’abîmer. Finalement, ils sont partis, le laissant dans sa position initiale.
Rien de tout cela n’a découragé l’ancien propriétaire. Il est toujours là, malgré l’état actuel de son ancien atelier, qui est réduit à l’état de carcasse inconfortable et surtout, pas rassurante, pour lui et pour ses clients.
A voir le cliché, on se dit que le processus de réoccupation du terrain est en cours. En plus du propriétaire du petit conteneur artisanal, ses voisins, également déguerpis, se réinstallent progressivement. On le voit à la reconstruction entamée d’un abri, recouvert d’une bâche. Sous cet abri de fortune, on aperçoit une table achalandée et des bidons. Ce qui confirme que les lieux continuent d’être squattés par leurs anciens occupants.
Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Ainsi, quand les démolisseurs ne terminent pas leur action sur le terrain et qu’en plus, on laisse les lieux vides, inoccupés, sans rien y reconstruire, sans aucun aménagement, il n’y a pas à s’étonner que les gens se réinstallent. C’est un comportement humain tout naturel. Ce phénomène que nous décrivons là, se vérifie partout où le déguerpissement est entrepris ou réalisé. Il faut toujours le bien finir, si on veut éviter tout risque de réoccupation.
Nous sommes en face d’un phénomène qu’on pourrait appeler, ‘’provisoire permanent’’ ou ‘’permanent provisoire’’. Les deux épithètes se valent. Autrement dit, c’est à du surplace que nous assistons. Il est certain qu’une telle alternative ne nous mène nulle part que vers l’échec. Évitons d’en arriver là. En changeant de comportement, à tous les niveaux !