Le déguerpissement continue de se dérouler avec des résultats variables. Le plus souvent, il apparaît aux yeux des citoyens, comme bien fondé et justifié, forçant l’admiration, au regard de l’effet obtenu. Par ici, telle chaussée, autrefois très congestionnée est amplement dégagée. La voie est libre et offre une perspective inespérée. Par-là, on a mis fin à une occupation anarchique d’un espace public, le débarrassant du coup, de ses encombrants physiques, etc.
L’expérience montre que toutes les fois que le déguerpissement est mené à son terme, l’opinion l’a toujours adopté, en tant qu’activité avérée d’utilité publique. Là, apparaît, dans sa plénitude, la nécessité de sa mise en œuvre.
Il arrive pourtant que le contraire se produise. Cela ne va guère nous surprendre quand on fait référence à nos habitudes, notamment, celle de manquer de suivi dans l’exécution des tâches entreprises. En général, quand une activité quelconque est engagée, on la fait toujours vite et bien au départ, mais rarement on la finit dans le délai prescrit. Il arrive même qu’elle s’arrête en chemin, de façon définitive.
C’est ce qui pousse les gens à parler de feu de paille. Dès lors qu’une action est déclenchée, de quelque dimension ou nature qu’elle soit, on entend les gens dire : « attends, ne te presse pas. Laisse passer la tempête. Ça ne va pas durer. C’est l’affaire de trois jours et on aura oublié » Hélas, c’est souvent comme ça que les choses se passent, donnant raison à ceux qui véhiculent cette idée défaitiste et rétrograde.
C’est ainsi qu’on voit, en certains endroits, les traces du déguerpissement entrepris. Elles sont encore très visibles et donnent une impression d’inachevé qui ne finit jamais. Les bris, les déblais, les amoncellements d’objets épars sont visibles sur les bords de la route. Et ils restent là, pour un temps illimité, sans être dégagés !
Cette faille amène les adeptes du feu de paille à s’engouffrer dans la brèche ouverte, convaincus qu’ils peuvent revenir tranquillement à leur place. Ils se gaussent des démolisseurs qui pensent les avoir délogés définitivement ou les maudissent, sous cape, tout simplement.
L’image qu’on voit là est assez illustrative. Quelque part dans la ville, le déguerpissement est passé. Il ne semble pas entièrement achevé, attendant peut-être un hypothétique service après-vente. Du moins, c’est ce que pense l’observateur profane, qui scrute l’environnement autour de lui.
Cette opinion est bien éloignée de celle des propriétaires des lieux dégagés. Ils sont toujours à l’affût d’une solution en leur faveur. A preuve, bien que tordu et sans porte, le modeste encadré métallique, genre container qui sert d’atelier pour un artisan, est vite réoccupé par le maître des lieux. On le distingue à peine à l’intérieur. Pourtant, il est bien là, le feu de paille aidant ! On aperçoit ses genoux.
Jusqu’à quand va-t-il être là, lui et d’autres qui s’accrochent encore et toujours ? Allez savoir ! Ainsi se présente une des facettes du déguerpissement que les autorités ont entrepris de mener, pour cause d’utilité publique, bien avérée.