Les requérants de visas, avant leur déplacement à l’Ambassade de Guinée à l’étranger, doivent désormais remplir un formulaire en ligne, y télécharger une copie du passeport (valable 6 mois), de la photo d’identité, de la lettre d’invitation, de la réservation hôtelière ou de l’ordre de mission pour les déplacements professionnels. Le règlement des frais consulaires s’effectue également en ligne, avant la présentation du dossier finalisé auprès de l’Ambassade de Guinée pour vérification de la demande et, selon approbation, apposition du visa.
En clair, exception faite aux ressortissants des pays de la CEDEAO, et de quelques pays du Maghreb, tout étranger qui doit se rendre en République de Guinée doit se munir d’un visa. Il a besoin de ce précieux sésame avant d’atterrir à Conakry et dans les autres villes de l’intérieur, quels que soient le motif et la durée de son voyage. Les visas ne sont délivrés qu’aux diplomates, organisations internationales implantées sur le territoire guinéen, humanitaires, conjoints de ressortissants. C’est la décision prise par le gouvernement guinéen le 7 janvier 2020 et entrée en application une semaine après, c’est-à-dire le 15 janvier. Avec ce visa consulaire en ligne et la mise en place de l’e-Visa, les autorités guinéennes souhaitent faciliter et sécuriser les démarches administratives pour les voyageurs.
Mais hélas ! Cette nouvelle de la digitalisation des visas n’a pas eu les échos escomptés du côté des représentations diplomatiques, accréditées dans les pays occidentaux et d’Asie. Les diplomates guinéens mécontents, n’ont jamais accepté cette plateforme électronique pour la délivrance des visas vers la Guinée. Ils vont mettre pieds dessus et continuer à émettre des visas mécaniques. Car, selon certaines indiscrétions, s’ils ne peuvent pas délivrer de visa eux-mêmes, ils perdent les rentrées d’argent. Le CNRD ayant compris cela, a décidé à son tour de rouvrir cette plate-forme électronique, quelques semaines après sa prise du pouvoir.
Et ça jamais, semblent dire nos diplomates accrédités dans les pays occidentaux. Car sous couverts des sanctions de la communauté internationale contre les nouvelles autorités, ils sont convaincus de rester en place pour raison de crise. Ce qui les pousserait à décider en bloc de « saboter » la décision de Conakry. Ils continuent donc de délivrer les passeports mécaniques ou refusent carrément de donner des visas. Certains refusent d’afficher la note circulaire dans leurs chancelleries. D’où l’affluence des demandeurs de visas d’entrée à l’aéroport International de Conakry-Gbessia, à chaque atterrissage d’avion.
De Paris, à Berlin, en passant par Bruxelles, partout ça sent la magouille
Selon nos compatriotes vivant en France et certains voyageurs, l’ambassade guinéenne ne parle pas de cette plateforme sur son site Internet. Elle se serait contentée de placarder au mur le communiqué invitant les voyageurs à faire usage de visa électronique. Comment un communiqué affiché sur un petit tableau dans un recoin de la chancellerie peut-il amplement informer tous ceux qui veulent se rendre en Guinée ? D’autres soutiennent que le lien https://fr.ambaguinee.org/du visa renvoi sur une page vide. En Allemagne, Espagne, Italie, Belgique…Partout où se trouve l’Ambassade guinéenne en Occident et même Amérique, c’est la magouille.
Quant à l’Ambassade de la Guinée au Canada, elle oriente les guinéens sur les titres de voyages et continue à vendre des visas à des prix supérieurs à ceux de la plate forme, apprend-t-on.
e-Visa en question
Depuis janvier 2020 donc, la Guinée propose, à ses futurs visiteurs, un visa électronique (e-Visa) accessible sur l’adresse : paf.gov.gn/visa. Sur ce portail gouvernemental, les requérants voyageant dans un but touristique, familial, professionnel ou encore en transit doivent remplir un léger questionnaire concernant leurs informations personnelles et sur le séjour puis insérer en ligne les copies du passeport, de la photo d’identité et de documents additionnels selon le but du séjour (réservation hôtelière, certificat d’hébergement, billet d’avion,…) enfin régler en ligne les frais de visa électronique, s’élevant à 81.89 USD, environ 74,00€(taxe bancaire incluse) pour un visa d’entrée valable jusqu’à 90 jours. Le délai de délivrance de ce e-Visa est estimé à 72h et, une fois imprimé, le visa sera à présenter à l’aéroport de Conakry puis une collecte des données biométriques (photo et empreintes digitales) sera effectuée avant impression du visa par les autorités de l’immigration du pays.
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En utilisant Action-Visas, les voyageurs sécurisent leur départ, ils gagnent du temps, n’ont pas à enregistrer leur dossier consulaire en ligne sur le site ministériel et ils n’ont plus à se déplacer au consulat, en risquant un refus de dossier. En deux minutes, ils peuvent obtenir leur devis «en ligne » complet et sans surprise, puis, s’ils le souhaitent, passer commande.
Les délais sont exprimés en jours ouvrés à compter du lendemain de la réception d’un dossier complet et selon les jours d’ouverture de l’ambassade.
Tarifs de base TTC Visas
Délai normal en jours ouvrés, hors port aller retour lorsque nécessaire
Au Palais des Nations où siègent les nouvelles autorités du pays, on nous apprend que les dispositions et des décisions seront prises contre les représentations diplomatiques qui refusent de mettre en pratique la plate-forme électronique. Et selon certaines indiscrétions, tous les ambassadeurs, les consuls et autres travailleurs des ambassades à l’étranger sont désormais sur la sellette. Ils seront rappelés au pays et remplacés.
Dans le souci de recouper cette information capitale, nous avons plusieurs fois tenté auprès des représentations diplomatiques accréditées à l’étranger, impossible de joindre un interlocuteur. C’est un silence absolu que l’on constate aujourd’hui du côté des diplomates accrédités dans les pays étrangers. Pour les voyageurs qui atterrissent à l’aéroport de Conakry-Gbessia, le visa d’entrée se prend sur-le-champ à l’arrivée. N’est-il pas risqué de donner un visa à l’arrivée, à un étranger qui débarque pour la première fois sur le territoire ? Des dispositions sont-elles prises dans nos aéroports pour faire un contrôle sérieux ? Ce sont là entre autres des questions qui attendent des réponses de la part des autorités compétentes.
Autres points qui méritent d’être mentionnés dans cette enquête relative à cette épineuse question de visas, est le fonctionnement partisan de nos ambassades. Un héritage empoisonné du régime déchu qui n’avait déployé que des militants au sein de ces chancelleries. Un personnel diplomatique qui ne s’adonne qu’à l’affairisme au sein de ces ambassades. Le moment est venu de mettre fin à cette chienlit.
Pour finir, le CNRD devait se pencher aussi sur la nature du fameux contrat de gestion de ces visas. Un marché de gré à gré attribué à une société malaisienne qui percevrait plus de 80 % des sommes versées. Seule une infime partie tomberait dans les caisses de l’État. Un vrai scandale!