La crise de confiance entre le gouvernement et l’opposition guinéenne renait de ses cendres. Le compromis politique signé le 8 août dernier par Cellou Dalein Diallo de l’opposition, Amadou Damaro Camara de la mouvance et Bouréma Condé du gouvernement avait décrispé l’atmosphère, après la crise postélectorale.
Mais cet accord n’ayant pas été « respecté », l’opposition a décidé de durcir le ton. D’où la double opération de journée ‘’ville morte’’ pour ce lundi 15 et demain mardi 16 octobre à Conakry. Cette action vise à faire plier le gouvernement, affirme l’opposition républicaine. Mais les citoyens de Conakry ont-ils répondu à l’appel de l’opposition ? En tout cas, le marché Madina, le plus grand centre commercial du pays, montre deux visages ce lundi.
L’autoroute « Fidel Castro » et la route « Le Niger » laissent croire aux passants que tout va bien, car l’ambiance est la même que les jours précédents. Du carrefour Mafanco jusqu’au siège de la Sobragui, en passant par les centres Faloulaye et Fatako, ou encore par la route qui mène à Dixinn Terrasse, il y a de l’affluence dans la circulation. Des magasins et boutiques sont ouverts, des étalagistes revendent leurs articles, charretiers, piétons et taxis ou d’autres engins roulants densifient la circulation.
Pendant ce temps, de Boussoura, au niveau du siège de la SOTELGUI jusqu’au carrefour Constantin, c’est le « désert ». Tout est fermé. C’est le cas aussi sur la corniche Sud et à l’intérieur du grand marché.
Quelques commerçants sont assis devant leurs magasins. Ceux-ci n’approuvent pas la situation qui leur est imposée par le pouvoir et l’opposition. « La journée ville morte ne nous arrange pas. Ils (Pouvoir et opposition, ndlr) doivent s’entendre, sinon cela impacte négativement nos activités», affirmé Mamadou qui justifie la fermeture de son magasin par deux choses : «si on ouvre, qui va acheter ? Il n’y a personne. Ensuite, on n’ouvre pas de peur des violences. Sinon en cas de perte, à qui allons-nous en prendre? »
Pour donc protéger leurs biens, les commerçants restent assis devant leurs magasins jusqu’au soir, soutient Ousmane, à Madina Ecole.
Le matin, quelques jeunes avaient érigé des barricades au niveau de Bonfi (Matam) afin d’empêcher la circulation, donc de faire respecter le mot d’ordre de l’opposition, mais la police les a vite dispersés. Jusqu’à 11h des bris de glace et de pierres étaient visibles sur la chaussée.